Chroniques

Filter – Crazy Eyes

Filter, groupe de rock indus de Cleveland, a connu bien des péripéties au cours de son existence. Un démarrage en fanfare avec un disque de platine pour le premier effort “Short Bus” (1994), de multiples changements de line up, un arrêt brutal en 2002 suite au départ en cure de désintox du leader, etc. Pourtant, dès 2008, la formation (enfin Richard Patrick et d’autres musiciens) est de nouveau active et sort plusieurs albums. Aujourd’hui, le septième effort, “Crazy Eyes”, est enfin dans les bacs.

Cet opus possède une particularité : ce dernier a été financé grâce au système de crowdfunding Pledge Music. Tout au long de sa création, les fans ont pu être tenu au courant de l’évolution de leur “investissement” et même donner leur avis, encourager Richard à suivre telle ou telle piste. Cette fois, on retrouve le frontman à tous les postes : auteur, compositeur, interprète, mais aussi producteur. Cet effort studio, c’est lui à 100%, soit no limit dans la créativité.

Le chanteur a eu toute la liberté voulue pour s’exprimer et écrire sur les sujets qui l’intéressent. Ici, point de chansons romantiques parlant d’amour et d’eau fraiche. “Crazy Eyes” se veut comme un reflet de la société d’aujourd’hui avec toute la folie qui l’entoure. Richard, a toutefois, essayé de ne pas trop parler politique. Profondément anti-Trump (il l’a traité de nazi), le vocaliste a gardé cela pour lui (et les interviews). Il préfère s’attarder sur des thèmes beaucoup plus importants à ses yeux comme le mariage gay (“Pride Flag”), des émeutes de Ferguson (“Nothing In My Hands”), la guerre en Irak (“Welcome To The Suck (Destiny Not Luck)” etc. Dans “Take Me To Heaven”, Richard écrit sur un sujet qui l’a touché en plein enregistrement : la mort de son père. Ce morceau est le plus lumineux et festif de l’ensemble. Vu l’état de notre monde, rejoindre le paradis semble pour lui la meilleure solution.

Musicalement, dès la première écoute, la différence avec les précédents essais est flagrante. “Crazy Eyes” marque le grand retour des machines (en tant que frère du T-100 c’est normal, non ?), pour le plus grand plaisir des fans de la première heure. Par ailleurs, “Kid Blue From The Short Bus, Drunk Bunk” leur est dédié. Le frontman a mis de côté les sons power rock de ses derniers temps pour revenir à ses premiers amours : l’indus bien heavy. On a là un mix de rythmes bien sombres, lourds, denses, ponctués de bons gros riffs de guitare et l’intense voix rocailleuse de sieur Patrick pour compléter le tout. Le chanteur a souhaité retrouver le son de ses dix-huit ans (Skinny Puppy, Ministry) en lui donnant un tournant très actuel, très moderne. Grâce à Filter, un nouveau style va enfin émerger : le “new industrial” !

“Crazy Eyes” est un album remarquable, étonnant de créativité. On verrait bien plusieurs morceaux sur des B.O. de films. “Suicide Squad” semble tout indiqué : sombre et plein de folie.

Informations

Label : Spinefarm Records
Date de sortie : 08/04/2016
Site web : www.officialfilter.com

Notre sélection

  • Mother E
  • Nothing In My Hands
  • Tremors

Note RUL

4/5

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