Depuis son arrivée en Islande il y a de cela quelques années, l’Américain Ryan Karajiza a trouvé le moyen de façonner deux petits chefs-d’œuvre musicaux. Le premier album éponyme fait maison (précisément dans la cuisine de Karajiza, difficile de faire plus artisanal) mêlait de manière inattendue des sonorités acoustiques aux aspects les plus doux du post rock. Le second, sobrement nommé “0”, se présentait comme un voyage nettement plus électronique mais toujours aussi brillamment composé. Trois ans après, le musicien revient avec “Once In A Long, Long While…” qui ne fait que confirmer son originalité.
Habiter au sein des hautes latitudes de la planète n’est pas sans conséquences. Les thèmes de prédilection de Low Roar, que ce soit dans le texte ou dans la musique, restent la solitude, l’éloignement et la rupture, autant de choses que la tête pensante de la formation a vécues en 2016 au cours de nombreux voyages loin d’un foyer chaleureux. Le côté électronique plus assumé sur ce troisième album renvoie le groupe de Karajiza à ses compatriotes américains tournés vers l’expérimentation en toutes sonorités, notamment quand boîte à rythme et claviers sont utilisés pour créer des ambiances à la Tycho en plus sombre (“Give Me An Answer”). L’éponyme “Once In A Long, Long While…” pourrait être quant à lui présenté comme une version mélancolique de The Album Leaf. Certains morceaux ont cependant gardé le dépouillement d’anciennes compositions, comme “St. Eriksplan”, où une superbe envolée de cuivres vient à l’appui d’une simple guitare acoustique, ou encore “Without You” et “13” avec leurs parties instrumentales directement inspirées du “Valtari” de Sigur Rós.
Côté voix, véritable valeur ajoutée de la formation, Ryan Karajiza n’a rien perdu de la maîtrise son organe vocal, dont le timbre pur et apaisant apporte toujours autant à la qualité de son projet musical (“Waiting (10 Years)”, “Poznan”). La douce chanteuse Jófríður Ákadóttir de Samaris et de Pascal Pinon vient même prêter sa voix sur “Bones” dans un duo particulièrement touchant. On pourrait être bercé par Low Roar des heures, mais une écoute attentive ne cache pas que là où les musiciens peinent parfois à se démarquer reste la diversité dans les mélodies et les ambiances. Cela dit, s’il y a bien quelques longueurs, notamment dans la seconde partie du disque, elles instaurent plus une atmosphère propice au relâchement et à la rêverie mentale qu’autre chose.
Avec l’hiver qui approche, “Once In A Long, Long While…” sera un disque de choix pour voyager dans des contrées lointaines et désertes sans bouger du canapé, armé de grosses couvertures et d’une bonne boisson chaude. Même si la surprise n’est plus aussi forte qu’à l’écoute de ses premiers efforts, Low Roar n’a pas fini d’épuiser les promesses de temps suspendu qu’il nous réserve à chaque album.
Informations
Label : Nevado Records
Date de sortie : 20/10/2017
Site web : www.lowroarmusic.com
Notre sélection
- Give Me An Answer
- St. Eriksplan
- Waiting (10 Years)
Note RUL
3.5/5