Chroniques

Beach House – 7

Il y a tout juste un an, la parution de la compilation “B-Sides And Rarities” pouvait laisser songeur quant à l’avenir du duo de Baltimore. Après avoir sorti deux albums en 2015 suivis d’une tournée qui s’est étalée jusqu’en 2017, tout indiquait qu’il était temps pour le groupe de prendre une bonne et longue pause bien méritée. Mais comme si l’inactivité était la pire des choses, Alex Scally et Victoria Legrand n’ont finalement pas cessé de travailler et le résultat est déjà là sous la forme d’un septième disque annonciateur d’une ère nouvelle pour Beach House, treize ans après sa formation.

Désireux de préserver la spontanéité des compositions, les deux musiciens ont enregistré chacun des onze morceaux par sessions de quelques jours avec l’aide de l’ex-membre de Spacemen 3 et producteur Peter Kember. Sans trancher radicalement avec ce qu’on connaît déjà et à l’image de l’excellent enchaînement de “Dark Spring” avec “Pay No Mind” qui ouvre “7”, ils explorent de nouveaux territoires soniques plus axés sur l’atmosphère et l’énergie que sur la mélodie, là où les précédents albums les accordaient d’une manière parfaitement équilibrée.

Un autre aspect significatif de cette attention portée sur le dynamisme des morceaux est la participation du batteur de tournée du groupe James Barone. Très souvent mis en avant, les enregistrements de batterie donnent à l’instrument une place qu’il avait jusque là timidement occupé en boostant la musique aux bons moments, comme dans le final de “Lemon Glow” ou encore “Dive” avec cette deuxième partie presque euphorique pour du Beach House.

En changeant leur méthode de production, les Américains ont aussi dépassé le cadre strict de l’iconique triptyque claviers/guitare/boîte à rythme si caractéristique de leur identité. “7” regorge de sonorités nouvelles ou rarement mises en avant. La guitare acoustique fait sa réapparition dans “Lose Your Smile”, ballade agréablement cotonneuse qui ne va pas sans rappeler Air, quand certains titres sont dénués de guitare (“Black Car”) ou de claviers (“Pay No Mind”). D’autres parviennent à concilier tradition et expérimentation, comme “L’Inconnue” qui rassemble les sonorités familières de la formation dans une structure en sept parties, dont l’une où Legrand chante pour la première fois en français.

Mais le changement le plus audible concerne sans doute le jeu de Scally. De récentes compositions, “Sparks” en tête, le laissaient entendre : les mélodies cristallines qui soulignait si bien les parties vocales se sont transformées en guitares bourdonnantes et en murs de son plus ou moins épais, empruntant aussi bien au shoegaze de My Bloody Valentine qu’à un style étonnamment plus proche du heavy metal dans des morceaux comme “Drunk In LA” et dans le grand final de “Last Ride”.

Il y a dans ce septième effort le même sentiment revitalisant qui avait caractérisé le passage des débuts lo-fisants et vaporeux à l’explosion sonore de la période “Bloom” (2012). Avec un intitulé qui ne parle volontairement pas d’autre chose que de sa position dans la discographie des Américains, “7” remet les choses à plat et a permis à ses auteurs de titiller relativement leur zone de confort pour un résultat fructueux.

Informations

Label : Bella Union
Date de sortie : 11/05/2018
Site web : www.beachhousebaltimore.com

Notre sélection

  • Dark Spring
  • Drunk In LA
  • Girl Of The Year

Note RUL

4/5

Gabrielle de Saint Leger
Indie rock, folk, shoegaze, post tout, etc. -> https://www.last.fm/fr/user/stealthisystem