Brent Smith et Zach Myers, chanteur et guitariste de Shinedown, sortent deux volumes de reprises acoustiques et de chansons originales. Smith & Myers partagent leurs opinions sur la société et leurs choix musicaux éclectiques.
Pour l’enregistrement de la session acoustique, vous avez demandé aux fans de publier des demandes pour les chansons qu’ils aimeraient que vous repreniez. Comment avez-vous sélectionné les chansons de ces nouveaux disques ?
Zach Myers (guitare) : Nous avions quelques idées sur ce que les fans voulaient que nous reprenions et puis est venue l’idée de chansons originales. Nous avons commencé à écrire un morceau par jour. Nous sommes tous venus avec une feuille vierge et avons terminé chaque journée avec un morceau. C’est le travail le plus créatif que j’ai réalisé en si peu de temps. Nous voulions plaire aux fans en choisissant certaines des chansons qu’ils avaient demandées. Mais nous voulions aussi créer nos propres morceaux et nous voulions choisir des chansons que nous avons toujours voulu reprendre. Nous n’avons jamais vraiment voulu juste reprendre des chansons. Nous voulions en faire notre propre truc et je pense que c’est ce que nous avons fait. En termes de choix de titres, je pense que l’appariement en les deux volumes fonctionne bien.
Sur “Volume 1“, il y a la bien connue “Rockin’ In A Free World”. Cette chanson particulière prend une ambiance différente avec ce contexte. Comment vous sentiez-vous lorsque vous l’avez couvert ?
Brent Smith (chant) : C’était le but de le faire en premier lieu. Zach aime l’idée de ne pas reprendre une chanson mais de la réimaginer, ce qui est une bonne façon de présenter les choses. Si vous voulez reprendre un titre en faisant une copie conforme, cela peut vite tomber à plat. Nous voulons prendre des chansons que nous pourrions vraiment faire tourner dans notre tête pour les présenter au public d’une manière différente. “Rockin’ In A Free World” est un parfait exemple. À mon avis, le deuxième couplet de cette chanson est la plus forte déclaration, non seulement dans la musique rock n’roll, mais dans toute la musique grand public. La chanson conserve une énergie punk rock classique depuis trente-et-un ans. Quand on réduit le morceau à un piano et à une voix, on réalise l’impact de ces mots et l’impact de l’histoire. C’était notre objectif. Présenter le morceau pour que l’auditeur découvre toute la profondeur des paroles et leurs significations.
C’est intéressant que vous ayez choisi de réinventer des morceaux comme “Better Now” de Post Malone ou “Bad Guy” de Bilie Eilish. Ils sont tous les deux des artistes à la croisée des genres et les chansons sont très récentes. C’était assez inattendu d’entendre vos versions !
Brent : J’adore Post Malone pour diverses raisons. Ce n’est pas un rappeur; il évolue dans différents styles de musique. Il joue pas mal d’instruments et a une voix impressionnante. Même chose avec Billie Eilish. Je la connaissais un peu depuis 2013. J’ai dit à Zach que je voulais reprendre les deux chansons et il m’a dit : “OK, mais comment cela va marcher ?”. Il a dû me faire confiance, ce qu’il a fait, et je pense que ce qui en est ressorti est une toute nouvelle façon de présenter les chansons. “Better Now” est vraiment l’une de mes chansons préférées de 2019 et 2020.
Avec “Better Now”, vous avez trouvé une façon très groovy et entraînante de le chanter. C’est comme si vous aviez ajouté une note estivale.
Brent : Merci. Je t’en suis reconnaissant. Le fait est que nous avons choisi de très très bonnes chansons. Il est facile de bien les faire sonner car ils sont déjà excellents.
Vous avez choisi différents styles de chansons à reprendre, comme “Rebel Yell” de Billy Idol ou “Don‘t Look Back In Anger” d’Oasis. Mais vous vous êtes également lancés dans des compositions originales. Avec “Bad At Love”, vous nous offrez une chanson qui semble très personnelle et quelque chose que vous n’auriez jamais fait avec Shinedown. Qu’est-ce que cela fait de s’aventurer sur des territoires inexplorés ?
Zach : Au niveau des paroles, je ne pense pas que nous y serions allés avec Shinedown. C’est une chanson sur Brent et le fait qu’il est très doué pour tant de choses, mais pas pour les relations. Je le connais depuis dix-sept ans; il a eu deux relations pendant cette période et il n’a jamais été infidèle. Je pense juste que parfois les relations se terminent parce que quelqu’un a trompé l’autre et parfois c’est juste que les gens ne sont pas doués. Dans cette chanson, ce que nous essayons de dire, c’est que ce n’est pas grave si vous n’êtes pas doué pour les relations. Parfois, il est normal de ne pas avoir de partenaire, parfois les gens ne veulent tout simplement pas être en couple. C’est une façon amusante et romantique de chanter ce thème et cela a fini par être l’une de mes chansons originales préférées.
Brent : J’ai une relation très forte avec les femmes que j’ai vraiment aimées et que j’aime encore à ce jour. Je suis toujours ami avec elles et je suis très chanceux. L’une d’elles est la mère de mon fils unique. J’ai toujours dit que je suis né avec un cœur de gitan, ce qui signifie que je peux être dans une mauvaise passe de temps en temps, mais je prends toujours soin de ma famille. Les chansons comme “Bad At Love” sont très personnelles. Elle est couplée à une autre chanson intitulée “Sensible Minds”. Les morceaux expriment un sentiment de solitude que je n’aurais jamais utilisé avec Shinedown. Le projet nous permet, à moi et à Zach, d’écrire des chansons ensemble et d’interpréter le monde de différentes manières.
Sur le premier volume, vous avez pris un parti assez politique, surtout avec le premier single “Not Mad Enough”. Pourriez-vous expliquer pourquoi la mort de George Floyd vous a autant touché, comme cela a été le cas pour beaucoup d’autres groupes ?
Brent : C’est une chanson sur le bien et le mal. À bien des égards, j’aurais aimé que la chanson n’ait pas été écrite parce que j’aurais aimé que George Floyd soit toujours en vie et qu’il soit avec sa famille. La nuit où j’ai regardé les news et les événements se dérouler est la nuit où les paroles me sont parvenues. Presque dans un flow continu. Quand j’ai présenté l’idée à Zach et au producteur, je leur ai demandé si nous devions le faire et ils ont convenu que nous devrions le faire. Il y a un sentiment écrasant autour de cette chanson. Lorsque vous lisez les mots “pas assez en colère”, vous pouvez avoir une idée de ce dont il s’agit. Les gens pensent que cela sera agressif, que les paroles contiennent beaucoup de venin. Ce n’est pas le sujet de la chanson. La chanson cherche à vous faire comprendre que si vous continuez à vous crier dessus, vous n’irez nulle part. Tout comme moi, quand les gens se mettent à me crier dessus, j’arrête de les écouter.
La réalité de la chanson est qu’il faut se calmer et réaliser qu’il y a des choses qui ne vont pas en ce moment. Nous ne sommes pas aveugles à cela. Nous avons besoin que des personnes ayant des points de vue différents puissent exprimer leurs points de vue pour construire un compromis constructif. Ensuite, nous pourrons créer ensemble des actions qui sauveront réellement notre avenir. Vous devez être fondamentalement disposé à faire des compromis les uns avec les autres pour avancer.
Comment expliquez-vous l’impact de George Floyd sur la société américaine ? Pourquoi cet événement particulier déploie des réactions aussi vives ?
Brent : Il faut comprendre qu’en Amérique, il y a l’histoire américaine qui est enseignée à l’école et qui est fondamentalement dépassée. J’ai grandi à la fin des années 70. Mon père était le seul enseignant blanc dans un quartier majoritairement afro-américain. Il m’a encouragé à ne pas m’arrêter à la couleur des personnes en grandissant. Mon père s’est concentré sur mon apprentissage de la personne, de l’être humain. La couleur d’une peau ne devrait pas faire de différence. Ce qui compte c’est qui vous êtes à l’intérieur. Beaucoup de gens ont du mal avec cela. Beaucoup de gens veulent croire que nous sommes au-dessus de la lutte contre les inégalités, mais nous ne le sommes pas. La jeune génération essaie de comprendre pourquoi nous reculons alors que nous devons avancer.
George Floyd est l’un des cas parmi tant d’autres. Impossible de le mettre sous le tapis. Il faut en discuter pour avancer. Avec cela, vous mettez tout le monde dans une pandémie. Vous mettez tout le monde dans une situation incertaine et tout à coup vous commencez à bien comprendre là où l’hostilité commence à se développer. En Amérique, tout tourne autour des États-Unis et les gens ont le pouvoir. Lorsque les gens sont capables de s’unifier et de se respecter les uns les autres, c’est là que l’on constate un réel changement. C’est à ce moment que les gens commencent à se guérir et à devenir plus forts. Cela n’arrivera pas du jour au lendemain.
Pensez-vous qu’un vrai changement est possible ? Avec les prochaines élections.
Brent : Est-ce que je crois que nous pouvons être meilleurs ? Que nous pouvons nous élever ensemble ? Absolument. Je crois dans les gens. Je crois en l’unité et je crois que nous avancerons. Chaque jour où les gens se respectent et s’écoutent est un jour où nous devenons plus forts.
Avec “The Weight Of It All”, vous abordez un autre sujet sombre avec l’immigration. Pourriez-vous partager quelques réflexions sur la chanson ?
Zach : Ce n’est pas une chanson politique, c’est aussi sur le bien et le mal. Les enfants enlevés à leur famille, c’est quelque chose qui ne devrait pas arriver. Il existe d’autres moyens de contourner cela. Nous avons choisi d’en parler parce que nous ne voyons pas d’autres le faire. Je pense que nous avons trouvé une manière élégante de le dire sans pointer du doigt. Nous diffusons l’information et les gens peuvent en tirer ce qu’ils veulent. Tout est sorti de manière très organique.
Brent : La question qui se pose dans cette chanson est : “Est-ce le mieux que nous puissions faire ?”. Je me regarde comme un homme dans le miroir. Cette chanson parle d’immigration, et dans le refrain, je chante : “Construis un pont, construis un mur, construis-les en grand, construis-les en petits, c’est tout le monde et personne du tout. Hors de vue, hors de l’esprit, jouant à Dieu tout le temps, enfoui sous le poids de tout cela”. C’est beaucoup à déballer quand on parle d’immigration. Fuir un pays à cause de la guerre ou parce que vous ne voulez pas voir votre enfant mort avant l’âge de dix ans. Comment pouvons-nous changer cela ? Encore une fois, vous ne pouvez pas vous crier dessus, vous devez trouver un moyen d’atteindre un équilibre.
Enfin, avec la dernière question, j’aimerais savoir ce qui rock votre life?
Zach : Mes enfants rock ma life. Surtout à deux heures du matin quand ils me réveillent ! Mes enfants bien sûr et le fait d’être dans un groupe.
Brent : Mon fils de douze ans qui, au cours des six derniers mois, a développé ce que nous appelons une opinion avec attitude. Il rock toujours ma life mais il la secoue aussi et la rend plus difficile, me fait hyperventiler. (rires) Être capable de me réveiller tous les jours rock ma life.
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