“Nous sommes la même couleur bro’.” Ce refrain engagé des parisiens a traversé plusieurs générations sans perdre de sa vigueur, à l’image de ses auteurs. Formation française révélée en 1994 et ayant connu de nombreux changements de line up, No One demeure un groupe de rock incontournable. En février, ils ont sorti leur cinquième album, “Drugstore”, avant d’enchaîner une tournée ponctuée par quelques dates en première partie des géantissimes Motörhead. Rien que ça. Nous avons parlé de cette actu avec Kemar, chanteur et figure de proue du groupe, juste avant les retrouvailles intimistes avec le public parisien du Nouveau Casino.
Comment ça va ?
Kemar (chant) : Très bien !
Vous avez assuré la première partie de la tournée de Motörhead. Comment ça s’est passé ?
K : Très bien aussi ! On était vraiment en confiance, avec ces gars-là. Pour nous, c’était un honneur de jouer avec eux. Quand on a commencé à écouter de la musique, parmi les Stooges, les Stones (ndlr : Rolling Stones), Black Sab’ (ndlr : Black Sabbath) et plein d’autres groupes, il y avait Motörhead. Quelque part, c’était un challenge parce qu’on n’était pas attendu en première partie de Motörhead. Finalement ça s’est super bien passé. Lemmy a demandé à ce qu’on joue dix minutes de plus après la première date. Ca s’est fini à coup de champagne à Paris, dans les loges du Zénith…
C’était donc une bonne expérience.
K : Oui ! On est habitué à jouer devant beaucoup de gens. Mais on était quand même sous pression.
Oui, le public était quand même venu voir Motörhead… Mais certains étaient venus pour No One…
K : Oui, bien évidemment, au premier rang il y avait des gens qui nous connaissaient, forcément… Ce que je veux dire, c’est que quand les sensations avant de monter sur scène ne sont pas les mêmes, ne pas monter pareil… c’est top.
Le 17 décembre, à Limay (78), vous faîtes un concert en partenariat avec le Secours Populaire. Quel est le principe de ce partenariat ?
K : C’est le festival “Le Père Noël Est Un Rockeur”. Le concert est gratuit, les gens viennent avec un jouet et ces jouets seront distribués à des gosses qui n’ont pas la chance d’avoir des jouets à Noël. C’est pas la première fois qu’on le fait, ce sont des gens qu’on connaît. Ils nous ont rappelé cette année, on a dit : “ok”. Nous, en revanche, nous sommes à l’initiative d’une autre idée. Nous avons décidé d’organiser un concert à la Cigale le 11 mars prochain avec Eiffel, les Fatals Picards, Deportivo, notre pote DJ Moule et sûrement un autre groupe à confirmer, pour inciter les jeunes à voter aux élections présidentielles. C’est un truc qui me tient à coeur parce qu’on se dit qu’à notre simple niveau, il faut qu’on arrive à faire bouger les choses, surtout avec le souvenir de 2002, quand certains d’entre nous étaient restés chez eux ou partis à la plage alors que c’était le moment de se bouger. On se mobilise afin d’éviter de sortir à 1 million dans la rue pour dire “plus jamais ça”.
Cette année votre album “Drugstore” est sorti, avec entre autres un titre qui s’appelle “Drugs”. Quel est votre rapport aux drogues ? Est-ce que c’est lié à l’expression “Sex, Drugs And Rock n’roll” ?
K : Non, les chansons éclosent dans des moments particuliers, et là en l’occurrence on était dans le studio, et c’était un peu enfumé… On était en train de travailler sur cet instru et à un moment donné y a un refrain qui arrive avec ce mot, et voilà ! Ca part comme ça. On est à peu près douze dans un studio de dix mètres carrés, tu vois, et donc il y a une espèce de truc spontané, comme ça, instinctif, qui part, voilà. Après, le rapport avec la drogue… c’est un rapport très réduit parce que si on veut continuer de faire ce qu’on fait je pense qu’y faudrait arrêter les drogues dures. On est encore limite pour les drogues douces, ça va. Les drogues dures, je crois que c’est pas bon. Voilà. Après chacun fait ce qu’il veut. Il y a rien de particulier dans le message de ce morceau. C’est plus une invitation à la teuf qu’autre chose. Finalement, la drogue, ça peut être la bonne vibe et le bon son qu’il y a sur scène.
Comment expliques-tu le titre de l’album, “Drugstore” ?
K : Je n’associe pas le drugstore à ces pharmacies à l’américaine. Moi je pense plutôt au terme français, ce lieu où tu peux tout trouver. Cet album incarne cette idée, parce qu’il possède une certaine diversité. Le lieu garde quand même sa propre identité, tout comme No One.
La drogue, c’est peut-être aussi lié à la notion de plaisir : le plaisir de réaliser cet album, de jouer sur scène…
K : Tu me branches beaucoup drogue, je trouve. Tu vas me proposer un truc ou…? Je comprends pas, là. (rires)
Je me suis connectée sur le clip interactif de “Drugs“, dont le principe est de vivre une soirée tout en faisant des choix qui influent sur l’évolution de cette soirée. D’ailleurs, j’ai du m’arrêter au moment où je recrache de la tequila sur un invité. Comment vous est venu cette idée ?
K : Ce sont de très bons potes à moi qui m’ont dit : “On va pas faire un clip normal pour “Drugs”, ça sert à rien d’organiser une teuf et de mettre le morceau dessus.” Au contraire, ils ont imaginé cette idée interactive où l’internaute est acteur du morceau. Je trouvais que le thème de la chanson se prêtait bien à ça. Je les ai suivis, je leur ai dit que ça me branchait. Comme on savait pertinemment que ce morceau ne passerait jamais à la télé, avec ce refrain “drugs and drugs and drugs”, il fallait au moins qu’on s’amuse sur le net.
Mais ce serait peut-être passé à la télé…
K : Non… Me dis pas que tu n’es pas au courant des normes… (rires) Non, on en a parlé à la télé.
Il y a quand même des morceaux assez provocateurs qui passent sur le câble, de jour.
K : Oui, mais justement : pas sur les chaînes françaises.
Tu as quelque chose à dire sur votre première partie, Black Feet Revolution ?
K : Ouais, c’est un très bon groupe qu’on a rencontré sur cette tournée, lors d’une date en banlieue (ndlr : Palaiseau, le 04/04/11). On a vraiment flashé. On les a déjà invités au Batofar pour une soirée un peu spéciale. On a décidé de les réinviter. On a envie qu’ils en profitent pour jouer devant beaucoup de monde parce qu’ils le méritent vraiment. C’est un super duo un peu “white stripes-ien” dans le principe et on aime beaucoup.
C’était quoi, cette soirée “spéciale” au Batofar ?
K : C’était “The Batofar Is Innocent”, en mai. Le principe, c’était d’inviter trois groupes et de jouer deux ou trois titres avec eux. On va probablement le refaire en mai 2012.
En parlant de musique, beaucoup de groupes qui existent depuis longtemps renouvellent leur son, se tournent vers des choses différentes, à l’instar de Korn avec le dubstep. Est-ce que No One prévoit de faire des choses différentes pour les années à venir ? Où en êtes-vous ?
K : La seule prétention qu’on aie est de faire ce qu’on sait faire, à savoir : du rock n’roll. Et même si de temps en temps on teste de nouveaux sons, la base de nos morceaux, c’est le rock n’roll. On fait quand même des petites expériences à droite à gauche. Ludo s’éclate, il fait un peu de hip hop, un peu de dub aussi… Chacun a ses petits projets persos pour s’exprimer différemment qu’avec No One. Mais nous restons une énergie rockn’roll.
Enfin, votre signature chez Naîve a t-elle changé quelque chose ?
K : Non.
Un dernier mot ?
K : Nous faisons les meilleurs concerts de l’histoire du groupe. Nous sommes super contents de jouer chez nous.
Site web : nooneisinnocent.net