Dans le cadre de son “Drama Tour”, l’Esprit Du Clan a fait une petite escale à Magny-Le-Hongre, au File7 (77). On s’est donc posé au bar avec Ben et Bastos pour parler du nouvel album.
Comment s’est passé la réalisation du dernier album ?
Ben (guitare) : Sur cet album-ci, “Chapitre V: Drama”, on a changé la méthode de composition, à savoir qu’on l’a réalisé tous ensemble en répétition pendant 6/7 mois dans notre local. C’est la grosse différence avec les albums précédents, que l’on composait généralement chacun chez soi, sur ordinateur, en maquette. Là, on a fait le procédé inverse, on sélectionnait les riffs tous ensemble en répète, on validait les titres. La cohérence dans l’album, pour nous est plus établie parce qu’on a essayé de penser l’album dans l’ordre dans lequel il a été composé. Avant on faisait un paquet de titres, on en sélectionnait 10 ou 12 sur 40, et il n’y avait pas vraiment d’ordre dans l’album. Là ça a été quand même pensé comme un concept-album, et c’est ce qui fait la grosse différence avec avant. Au niveau du studio, on a enregistré à Meaux, au Eightball Society, qui est le studio de notre premier ingé-son, qui s’appelle Mickaël Dupont, on l’a fait en famille pendant 2 mois -prise de son, mix, master-. On voulait vraiment faire un truc qui nous représente de A à Z, et aller jusqu’au bout de notre truc ensemble. On avait déjà plus ou moins fait sur “Chapitre IV: L’Enfer C’est Le Nôtre”, mais on avait quand même fait masterisé ça à l’étranger, et là on est vraiment satisfaits du résultat.
Est-ce que pour vous “Drama” est à l’image de la société actuelle ?
Ben : En fait “Drama”, en latin, ça veut dire action, et c’est justement le côté méthaphorique du titre, parce que Drama, ça peut sonner comme un drame, mais c’est pas le cas du tout, c’est de l’action. L’Esprit Du Clan est un groupe qui fait de la musique engagée, mais surtout qui façonne la musique par rapport aux vies de chacun d’entre nous. Donc forcément, c’est ce que l’on vit, ce que l’on voit. On n’est pas dans le metal abstrait ou le metal qui parle de châteaux ou de dragons, on parle de la société, d’amour, de haine, d’amitié, de tout ce qui nous entoure. Donc ça reflète tout à fait la société, ou du moins celle qu’on s’imagine.
Est-ce une suite logique du “Chapitre IV: L’Enfer C’est Le Nôtre” ?
Ben : Je pense qu’il est assez différent.
Bastos (batterie) : C’est une suite par rapport au fait que c’est un nouveau chapitre. Après, chaque chapitre est une pièce à part entière et musicalement, il n’y aurait que le zéro et le un qui se suivent et ont un lien. Mais à partir du second finalement, c’est à chaque fois différent. Les guitares n’ont plus rien à voir avec le début, ça s’est vraiment enrichi, c’est à la fois plus dark et plus mélodique. C’est le metal au sens large, et c’est vrai que c’est une parenthèse, mais de mon point de vue, niveau batterie, c’est vachement interessant, parce que tu n’as pas besoin d’avoir 50 groupes. A travers tous les chapitres qu’il y a pu avoir, tu peux t’exprimer un petit peu sous tous les angles. C’est à dire que ça peut être la bagarre, mélodique, death metal… Ce dernier album, je le trouve à part dans la discographie.
Ben : Je dirais qu’il est plus sombre que ce que l’on a fait avant. On s’est vraiment retrouvés à faire quelque chose de très ouvert, de très positif et enthousiaste sur “Chapitre III: Corpus Delicti”, et sur “Chapitre IV: l’Enfer C’est Le Nôtre”, quelque chose de plus sombre et plus brut tout en gardant la maturité qu’on a acquise avec tous ces albums, et le dernier est encore différent, on est dans un profil plus sombre, plus tranchant, plus taillé pour le live. Il a été pensé live et impact. C’est un peu un ovni dans la discographie, et c’était un nouveau concept et on en avait besoin. Beaucoup de gens nous disent qu’ils préfèrent voir l’Esprit Du Clan et entendre notre son en live plutôt que d’écouter les disques à la maison.
Bastos : L’énergie se ressent moins sur CD finalement.
Ben : En tout cas, c’est le live qui me procure le plus d’émotions, c’est pas d’enregistrer un album, même si j’adore ça, j’adore le studio, le travail récurrent, mais c’est pas ce qui me donne le plus de frissons. Et surtout le partage avec les gens, c’est là où je me prends des décharges d’adrénaline ! (rires)
Comment ce dernier opus a été perçu par le public ?
Ben : On est super contents, parce qu’on a fait énormément de dates sur l’album précédent, on n’avait jamais joué autant avec l’Esprit Du Clan en si peu de temps. En deux ans, on a du faire plus de 120 dates, on a aussi joué dans des pays qu’on avait jamais fait. Pendant ces deux ans, on a vraiment développé le côté live, et on a fidélisé des gens qui ne nous connaissaient pas nécéssairement. Et du coup, sur le dernier, on est en train de récolter les fruits de ce que l’on a semé un ou deux ans auparavant. On est clairement en train de ressentir qu’il y a une récompense au niveau de la fréquentation en général, après, il y a des fois où c’est pas l’affluence attendue. En moyenne, 90/95% du temps, on est super surpris par les gens, par ce qu’ils nous donnent, par le fait de connaître les paroles… Donc, oui, cet album est bien reçu. C’est un peu comme si ça nous dépassait, c’est un truc que tu ne réalises pas tout de suite. Peut être qu’on réalisera ce qu’on fait là dans un an ou deux, sur une nouvelle étape du groupe. L’année dernière, on est allé en Islande, on n’aurait jamais cru dans notre vie aller jouer là-bas, c’était inédit, et on y retourne cette année, on a été au Canada une première fois, et petit à petit on y va chaque année. On aimerait bien aller au Japon, tourner plus en Angleterre, au États-Unis, en Amérique du sud, un peu partout en fait ! (rires) Il y a des priorités et des facilités pour certains pays, on sait qu’on a plus de chances, dans un avenir, d’aller au Japon qu’en Amérique du Sud où on n’a aucun contacts, ou aux États-Unis où c’est pareil.
Votre meilleure date sur le “Drama Tour” jusqu’à présent ?
Bastos : On va parler un moment ! (rires)
Ben : C’est pas nécessairement une date où il y avait beaucoup de monde, mais c’était à Meaux justement, dans le studio dans lequel on a enregistré, qui fait justement salle de concert. On a fait un petit concert là, comme une relese party, et l’ambiance était terrible, vachement underground, il y a une rampe de skate dans le truc, donc c’est un concept sympa ! C’est ce concert que je retiens, parce qu’il y avait un côté un peu fou ! Il y avait d’autres concerts comme le Betiz Fest aussi qui était énorme, mais c’était carrément une autre configuration, c’est un festival, tu as 2 000 personnes, une grande scène. Ce sont des ressentis complètement différents. Très honnêtement, les dates qui nous ont déçu, pour plutôt prendre le problème à l’envers, on peut les compter sur les doigts d’une main. Il y a vraiment eu trois ou quatre dates qui ont vraiment été décevantes pour nous, après le reste était plaisant à chaque fois. On était à Cannes la semaine dernière, on n’avait jamais joué là-bas, c’était un truc de malade, on a eu un accueil de dingue, on a joué dans un cinéma, c’était vraiment marrant !
Qu’est-ce que ça vous fait d’être abonné au Pub ADK (ndlr : salle du 77 où on est sûr de voir l’Esprit Du Clan une fois par an) ?
Ben (qui imite le patron de l’ADK) : Salut ! C’est Antoine, tu vas bien ? (rires) L’ADK c’est une histoire d’amour entre nous depuis des années.
Bastos : On aime cet endroit, y’a une ambiance familiale, un accueil excellent, donc merci Antoine, c’est mortel à chaque fois ! Ça fait partie des endroits “coup de coeur”, c’est à côté de la maison, on joue un peu chez soi quelque part. C’est un prolongement des villes à côté de chez soi, tu vois des gens que tu connais, des potes, la famille. Ça a beaucoup de charme.
Ben : C’est les mecs de Pontault Combault ils sont comme ça ! (rires) Très bon endroit chaleureux, un petit chalêt comme ça (rires), et il y a les fidèles qui viennent tout le temps. On apprécie beaucoup Antoine qui est super cool, qu’on commence à bien connaître maintenant. La petite date annuelle au Pub ADK, c’est génial, il y a toujours un peu de monde, les gens sont chauds !
Quels groupes français vous ont agréablement surpris récemment ?
Ben : Pleymo, AqME. (rires)
Bastos : Je vais citer un groupe que j’aime beaucoup, que j’ai pu voir en live quelques fois, après, ce sont des potes, mais je pense être objectif, c’est Underfesh, c’est du power metal, il y a les copains d’As They Burn où ça joue bien, les mecs de Xtrunk que j’ai bien aimé !
Ben : J’aime bien Trepalium aussi ! C’est pas récent, mais j’aime bien ce qu’ils font. Musicalement, on n’aime pas tant de groupe que ça en France, ou du moins, on n’en écoute pas énormément.
Bastos : Il y a Fractal Gates aussi, c’est death mélo, et c’est dommage, on ne les voit pas assez sur scène.
Ben : Il y a de très bons groupes, mais vu qu’il n’y a presque pas de médiatisation du métal en France, c’est difficile d’en découvrir. Musicalement, y’a ceux qu’on a cité, et surement d’autres qu’on oublie. On marche vachement à l’humain aussi, on s’entend vachement avec des mecs à qui on n’aime pas nécéssairement leur musique, et pour eux c’est pareil, mais humainement, on s’entend super bien, et je crois que c’est ça le plus important.
Qu’est-ce que vous attendez du Hellfest ?
Bastos : On attend, je pense, de se faire découvrir par un public qui ne nous connaît pas encore. On attend beaucoup que ce soit le pass droit pour ce genre de rendez-vous justement, où tu touches beaucoup de gens, des gens que tu n’aurais pas forcement le temps ou la capacité de voir entre guillemets, indépendamment, et là c’est un gros rassemblement où il y a tout le monde. Tu as par exemple un mec du sud de l’Espagne que tu ne peux pas aller voir, car si tu n’as pas le contact, tu ne peux pas aller jouer là bas, c’est vrai que quand tu fais des dates en Espagne/Portugal on fait 5/6 dates et on ne peut pas aller partout, et là, ce sont les gens qui viennent à toi, c’est pas l’inverse. On représente aussi notre pays.
Ben : Tu rameutes larges, ça devient un festival européen, voir international, on est super contents de le faire parce que ça faisait des années qu’on avait envie d’y jouer.
Bastos : C’est un fantasme qui va se réaliser finalement, après, on a quand même le recul, et le plaisir ne sera pas nécessairement proportionnel à l’affluence, et ça on le sait bien.
Ben : On joue à 10h30 du matin, en ouverture sur la Mainstage, donc on est super contents de jouer sur la Mainstage, d’être au Hellfest, etc… Mais le fait de jouer à 10h30, devant un parvis qui peut contenir 15 000 personnes, et ça sera surement devant 500 ou 1 000 au début, et sûrement finir devant 2 ou 3 000 personnes. On aurait limite préféré de jouer un petit peu plus tard vers midi/14h sur une tente que là en ouverture.
Bastos : C’est une forme de reconnaissance aussi !
Ben : Quoi qu’il arrive, il faut le faire, ça rapporte énormément de choses, de contacts, c’est un grand événement, c’est un peu un rassemblement d’une communauté qui aime la même musique, qui ont les mêmes passions, et c’est important d’y être. On ne va pas se plaindre ! (rires) Mainstage au Hellfest ! (rires)
Des petites news à annoncer ?
Bastos : On termine la tournée en fin d’année. En terme de dates, il n’y aura pas de surprises, on annoncera les dates de toute façon au fur et à mesure sur notre MySpace et notre Facebook officiel. S’il y a surprise, ça se saura en temps voulu.
Ben : On est bookés jusqu’à fin décembre. On fait le maximum de dates, après on s’arrête, on fait une pause. On va vraiment faire autre chose pendant un an, c’est à dire de se laisser respirer un peu, et ça va nous permettre de nous retrouver pour revenir avec quelque chose de frais, de nouveau, de différent, on aime vraiment le changement à chaque étape de notre vie, à chaque album, on n’est jamais dans la routine, on se donne des défis d’enregistrements, de méthodes de compositions… On n’a jamais vraiment arrêté, quand on tournait, on composait, et après on sortait un nouvel album, donc on va se laisser, créer le manque pour enfin se retrouver et de faire un truc qui nous fasse bander à mort (rires).
Un petit mot pour la fin ?
Ben : Merci à RockYourLife!, j’ai pas encore assez bu pour faire une blague. (rires) Continuez comme ça : perséverance, résistance, gentillesse…
Bastos : A tous les petits groupes : ne lâchez rien, la roue tourne, ne vous en faîtes pas, mais il faut bosser !
Crédit photos : Pierre Gregori
Site web : lespritduclan.com