A quelques heures du show parisien dans un Bataclan sold out, RockYourLife! a eu le privilège de rencontrer Kirk Windstein, guitariste et figure charismatique du groupe DOWN.
Bonjour Kirk, comment vas-tu ? Heureux d’être de nouveau à Paris ?
Kirk Windstein (guitare) : Totalement ! Le concert de Crowbar (ndlr: en août dernier) était énorme. Je me souviens, quelques années auparavant, pendant les années 90, jouant à Paris avec 12 personnes devant nous. (rires) Le chemin fut long entre temps, avec Crowbar et bien entendu DOWN, c’est toujours un immense plaisir de jouer ici, de plus le concert affiche complet depuis un moment.
Comment se passe la tournée jusqu’à présent ?
K : Très bien, tous les shows sont sold out. Le concert spécial Halloween à Dortmund, en passant par celui à Luxembourg, ce soir également; une grande majorité de la tournée en fait.
Vous avez tout juste commercialisé de nouveaux morceaux, avec “DOWN – DOWN IV Part I – The Purple EP“, quel est ton sentiment vis-à-vis de celui-ci ?
K : Et bien je suis très heureux. Nous sommes retournés à nos racines musicales. Généralement, on passe notre temps à jammer; pour le précédent album, on a utilisé trois studios différents, supra chic, dépensant plein d’argent. En y pensant, c’était beaucoup trop. Nous venons de la Nouvelle Orléans, on aime sortir, boire quelques bières et jouer toute la journée. C’est chez nous, tout le monde se sentait parfaitement bien, nous étions chez Phil. La vibe en fut meilleure, c’était nous ! Hollywood et ses studios, ce n’est clairement pas pour nous; cinq types originaire de la Nouvelle Orléans, qui adorent jouer et boire des bières !
Il y aura trois autres EP et chacun d’eux renvoi à un élément précis du son de DOWN. Quel est celui définissant ce premier EP ?
K : Tout le monde anticipe le fait qu’un élément caractérise chacun des EP. Nous ne savons pas où nous mènera le prochain, nous n’en avons aucune idée. Comme le dit Phil “Pouvons nous faire un truc à la Pink Floyd ?, sans doute pas. On va dans le studio, on joue et ce qui en ressort en ressort tout simplement. Nous n’avons pas de plan précis pour le prochain EP. Nous nous réunissons pour composer et c’est tout.
Durant les sessions d’enregistrement, comment cela se passait-il ? C’était du type “bon allez, on jamme” ou chacun arrivait avec des idées précises ?
K : En effet, nous avons repris la méthode de nos débuts. Si quelqu’un a une idée, on se pose, on travaille dessus, chacun y jette quelques modifications et on arrangeait le tout : tada ! Cela vient, heureusement, naturellement.
Qui a composé la plupart des morceaux ? Pepper et Phil ou chacun pris part au processus ?
K : Pepper et Phil en ont fait bien plus que moi, Jimmy et Pat. Mais parallèlement, sur “Misfortune Teller”, le titre fut composé par Phil et moi-même. Le riff provient de ma personne. Sur “The Curse Is A Lie”, une grande partie provient de mes riffs également. J’ai également émis certaines idées par-ci par-là. Nous ne sommes pas bornés, si quelqu’un a une bonne idée, on travaille dessus.
On a lu que la sortie de plusieurs EP était plus facile qu’un album, en raison de la crise dans l’industrie musicale, mais qui a eu l’idée ? Phil ou peut-être la maison de disques ?
K : Nous en avons simplement discuté. DOWN est connu pour prendre beaucoup de temps pour sortir un album, car nous avons beaucoup d’autres projets. Lors de la sortie de “Over The Under”, nous avons visité plus de quarante pays. Aux Etats-Unis, les gens ne savent pas que nous étions en Australie, ils ne savent pas que nous sommes en Europe là, idem pour l’Amérique du Sud, le Japon etc. Dorénavant, on travaille à notre rythme, réduisant la cadence. Tout le monde adore être sur scène, comme le dit Phil, si nous pouvions nous transporter chaque soir dans un lieu différent, jouant et rentrant illico à la maison, je serais sur scène tous les jours, le restant de ma vie ! Car j’adore jouer pour les fans. J’adore mon boulot, et les 22 heures restantes de la journée, ca craint ! Il y aura toujours quelqu’un pour dire “et si nous allions visiter ceci, il parait que…” ; cela fait 33 fois que je viens en Europe et au Royaume-Uni, je n’ai pas besoin de tout visiter à nouveau. Je suis déjà venu à Paris, la ville est sublime. Si nous avons un jour de repos, alors nous irons prendre l’air, aller au restaurant et passer du temps dans un bar, autour de quelques bières. Mais lorsque ce n’est pas le cas et que la météo est mauvaise… De plus je me suis défoncé l’épaule hier soir, totalement amoché; on vieillit… (rires)
Penses-tu qu’à l’avenir, d’autres groupes useront de ce procédé ? Au lieu d’attendre trois ou quatre ans pour sortir un nouvel album.
K : Je pense en effet que c’est une bonne idée, je pense que ca sera le cas oui. Cela dépend également des groupes, la majorité des groupes n’ont qu’un seul projet. Mais pour nous, qui avons plusieurs projets en même temps, c’est parfait, même si évidemment DOWN reste notre priorité numéro un.
Est-ce également une stratégie pour garder l’attention des fans autour du groupe et de son actu ?
K : Oui, c’est bien plus simple pour nous de se concentrer sur six titres en lieu et place de douze ou quinze. Dès qu’on a six excellents titres, il n’y a plus besoin de se dire “mon Dieu, on doit encore en trouver six ou sept autres”. Pour un groupe tel que le notre, cela est une véritable opportunité. Nous n’avons besoin que de quelques semaines, on les enregistre et c’est fini. Tout le monde est occupé, Phil a son projet solo, j’ai Crowbar et Kingdom Of Sorrow, Pat joue dans Crowbar avec moi, Pepper joue avec des musiciens à la Nouvelle Orléans, Jimmy a Eyehategod; DOWN est notre priorité et le concept des EP marche parfaitement dans ce cadre là.
“The Curse Is A Lie” sonne pas mal comme Black Sabbath, avec toute cette rythmique mais aussi la couleur mauve utilisée. Y-a-t-il eu une particulière envie de faire de la musique oldschool ?
K : C’est exactement ce qu’on fait. L’essence même de DOWN est de faire de la musique oldschool. Nous ne sommes pas vraiment fans de la nouvelle vague dans le metal. J’ai grandi avec Black Sabbath, Led Zeppelin, KISS, Deep Purple etc.; c’est ce dont j’ai envie.
Quand tu dis, la nouvelle vague, tu penses à la scène metalcore ?
K : Principalement oui. Nous sommes fan de Ghost, In Solitude ainsi que des nouveaux groupes scandinaves. Nous avons partagé l’affiche avec Orange Goblin, ils sont géniaux. Autrement, en général, tous ces groupes metalcore, j’appelle cela “mall rock” (ndlr: le terme mall correspond aux centres commerciaux, aux Etats-Unis), comme toutes ces petites boutiques où ils vendent des T-shirts flashy et tendance, avec des coupes de cheveux de merde. Si tu as 17 ans, alors ok, pas de soucis, mais j’ai 47 ans, c’est clairement pas ma came; donne moi du Deep Purple, les trois premiers albums de KISS, Thin Lizzy, Motorhead, Judas Priest, Iron Maiden; le vieux Maiden. Je suis un grand fan, j’ai le Killers tatoué sur ma jambe (ndlr tout en nous le montrant). J’adore la période avec Paul Di’Anno. J’aime Bruce également, mais je préfère le oldschool, c’est ce que j’aime ! Le nouvel album d’Accept démonte tout aussi, un de mes groupes préférés, Saxon (ndlr : montrant un autre tatouage); je suis une veste à patch vivante, j’ai aussi un Zeppelin etc. (rires) Pour en revenir au metalcore, ce n’est pas que les groupes sont mauvais, mais quand tu vois les groupes comme Accept et Saxon, réalisant de très bons albums de nos jours et que tu les vois live, il n’y a pas photo. Avec DOWN, on se défonce chaque soir sur scène et à la fin, tout le monde est crevé, dégoulinant de sueur. Honnêtement, on leur fout une grosse claque de ce coté là; alors qu’on est un groupe de vieux.
“Witchripper” par exemple, est du DOWN typique, comme “N.O.D” sur le troisième album. Vous avez tourné un clip pour ce morceau là, et on doit dire qu’on n’a pas arrêté de rire du début à la fin.
K : Ah oui ? (rires) Phil dit “Si quelqu’un prend ce clip au sérieux, c’est qu’il est totalement con”. On s’est bien marré, c’était destiné à être stupide.
Qui a eu l’idée et est ce que Phil a apprécié avoir les cheveux longs pour le tournage ?
K : Ouais ! Phil et Pepper sont venus avec l’idée globale. Phil a retravaillé le tout. Durant l’intégralité du tournage, on n’arrêtait pas de se marrer et de se moquer les uns des autres. A chaque prise où nous devions jouer, c’était fou rire général.
En parlant de Phil, il va bientôt sortir son album solo; as-tu eu la chance de l’écouter ?
K : Oui, je l’ai écouté plusieurs fois déjà.
Quel est ton avis ? Est ce qu’il sonne comme du Pantera ou.. ?
K : C’est définitivement son truc. Je lui ai dis, je ne sais pas si tu connais Carnivore (ndlr : groupe de thrash américain, fondé par le regretté Peter Steele), mais j’ai trouvé que c’était son “Retaliation” (ndlr : second album du groupe Carnivore). C’est lourd mais différent, il ne crie pas. Personnellement, il utilise le même chant que sur “Mouth Of War” de Pantera. Tu peux à la fois comprendre ce qu’il dit, malgré la colère régnante, abordant de difficiles passages de sa vie. C’est très original, je n’avais jamais entendu quelque chose de ce style de toute ma vie.
Le dernier morceau “Misfortune Teller” est assez long, quasi dix minutes. La fin est plutôt intrigante avec ces 25 dernières secondes, dévoilant une partie d’une prochaine composition peut-être ? Des précisions ?
K : Nous avions déjà le riff de “Misfortune Teller” depuis les sessions de précédent album. Nous l’avons bâti à partir de celui-ci. Vu que c’est le dernier titre, la fin est à rallonge. Honnêtement je ne sais pas pourquoi, il n’y a pas de raison spécifique à cette fin.
2012 présente également la première participation de Patrick Bruders dans l’élaboration des nouvelles compositions. Il joue également dans Crowbar à tes cotés, peux-tu nous le présenter rapidement pour ceux qui ne le connaisse pas encore ?
K : Cela va faire bientôt huit ans qu’il joue dans Crowbar. Comme le disait Phil, Rex (ndlr : Rex Brown) avait toujours envie de jouer avec Vinny Appice (Heaven&Hell, Kill Devil Hill), qui est un monstre à la batterie et une personne très sympathique aussi, il est parti faire son propre truc. Nous n’avons auditionné personne à vrai dire, Pat semblait être la personne idéale et naturelle pour remplacer Rex; c’est un véritable bassiste, qui joue avec ses doigts. Il n’est pas guitariste comme ceux qui jouent d’abord de la guitare avant de prendre la basse; il s’est à peine faire deux accords. Il a travaillé ses lignes de basse à partir de nos riffs et voila le résultat. Quand tu écoutes “Open Coffins”, la ligne de basse sonne comme un riff à part entière, ce qui est excellent. C’est un chic type, un très bon ami, s’entendant avec tout le monde et il n’est pas prise de tête, loin de là.
En parlant des bassistes, Rex vous a rejoint sur scène pour jouer “Stone The Crow”, durant un show aux Etats-Unis. Etes-vous toujours en contact depuis son départ ?
K : Bien évidemment ! Peut-être pas autant qu’avant par contre, en revanche il n’y a aucun soucis entre nous, sinon il ne serait pas venu jouer avec nous. Nous lui souhaitons bonne chance et nous sommes heureux de voir qu’il fait ce dont il a envie. Comme avec DOWN, si tu n’apprécie pas pleinement ce que tu fais, ne le fait pas. Concernant Rex, il voulait simplement explorer de nouveaux horizons, donc nous nous sommes séparés. Tout se passe très bien avec Pat, Rex s’éclate avec Vinny et avec leur premier album “Kill Devil Hill”, voila tout.
Beaucoup de rumeurs font état d’une possible reformation de Pantera avec Zakk Wylde. Penses-tu que cela est possible ?
K : Jamais. De toute manière cela concerne Phil. Il a fait le Metal Masters là, avec les Anthrax, Kerry King (Slayer) etc., ils ont joué des morceaux de Pantera également. Je ne dis pas qu’un tel projet est impossible, que ce soit avec Zakk Wylde ou un autre. Personnellement, si cela devait se produire, il faudrait que ce soit un tribute à Pantera, car il n’y a pas de Pantera sans Dimebag Darell, Pantera sans lui, c’est impossible. Merde, (rires) je vis avec lui ! (en parlant de Phil). Il a en effet appelé Zakk, car pour je ne sais quelle raison, il parait qu’il y avait une tension entre eux. Zakk est sobre depuis trois ans maintenant, et Phil l’a appelé pour simplement lui parler; peut-être que Zakk jouera avec Phil lors du Metal Masters, je ne sais pas. D’ailleurs, la personne en charge de la sécurité du Metal Masters est le garde du corps de Zakk justement. Phil lui a demandé son numéro d’ailleurs. Histoire de mettre les choses au point, il n’y a aucun soucis entre eux ou qui que ce soit. Tout le monde évoque Pantera mais la seule personne avec qui les choses ne se passent pas très bien est Vinnie Paul. Vinnie pense ce qu’il veut, il en a le droit. Je n’ai aucun problème avec lui d’ailleurs, il ne m’a jamais rien fait.
A quoi pouvons-nous nous attendre pour ce soir ?
K : On va vous botter les fesses ! Nous allons jouer de nouveaux morceaux. C’est DOWN, ca va être du DOWN. Nous ne pouvons pas nous catégoriser, c’est juste DOWN.
Quand les fans disent que vous êtes sludge, doom, stoner; êtes-vous d’accord ?
K : Non, on fait du rock’n’roll avec un peu de metal, personnellement. C’est du heavy rock. Je ne pense pas que ce soit du metal, il y a des composantes du metal, mais c’est plutôt du rock basé sur du blues. Sludge, hmm, pour Crowbar, oui je suis d’accord, ou doom aussi. Il y a un peu de ça dans DOWN, mais la presse en a fait des tonnes sur les catégories, nous non. Les fans nous définissent ainsi, je peux le comprendre, je n’ai pas de soucis avec ça.
Chacune de vos prestations au Hellfest marque les festivaliers; les fans français sont dingues de DOWN. Sera-t-il possible de vous y voir l’année prochaine ?
K : J’espère bien oui ! Nous le voulons. Cette année était calme pour le groupe; j’étais en tournée avec Crowbar. De toute façon, cela était prévu dès le départ. “Finissons l’EP et commençons à établir les plans de l’été prochain dès maintenant”, ainsi nous sommes disponibles pour 2013.
Enfin, nous sommes “RockYourLife!”, donc tout simplement, qu’est ce qui rock ta life Kirk ?
K : Qu’est ce qui rock ma vie ? Le groupe, ma fille, ma copine. A la maison, je fais les courses, les taches ménagères, je suis quelqu’un de tout à fait normal. J’apprécie les moments tels que diner avec ma copine ou voir ma fille les week-ends, allant au parc, s’amusant; être un père tout simplement et un petit ami avec ma nouvelle copine, elle est si géniale ! Etre un mec comme un autre, c’est ce qui est cool. Quand je suis en tournée, je vais sur scène, je joue mais quand je suis de retour à la maison, je touche à peine à mes guitares. Je veux regarder le football américain, les infos etc. J’ai deux vies qui se complètent très bien je suppose; être une sorte de rock star ou peu importe comment tu appelles ça mais également être moi-même. Rien ne vaut plus que les moments passés avec ma fille et ceux passés avec ma petite amie. C’est génial, c’est ce que j’apprécie le plus.
Site web : down-nola.com