Deftones célèbre les vingt ans de “White Pony” avec la sortie de “Black Stallion”, qui présente des remixes des titres originaux par différents DJ. Une idée née dès la conception de “White Pony”, qui aura mis vingt ans à voir le jour. Une attente justifiée ?
Un nouveau regard sur certains morceaux
“White Pony” a marqué un tournant pour Deftones. L’album se démarque par sa capacité à créer des ambiances planantes et envoûtantes, auxquelles se percutent des passages d’une violence brute. Le groupe a fait appel à une variété de DJ et artistes pour réaliser de nouvelles versions, de nouvelles visions. Difficile pourtant de se laisser convaincre par des remixes avec un disque aussi réussi.
Le remix le plus remarquable, mais aussi le plus plus respectueux de la version d’origine, est sûrement “Teenager” par Robert Smith. Le leader de The Cure passe en studio pour offrir une version encore plus mélancolique. La voix et l’émotion à fleur de peau de Chino sont sublimées. La fausse naïveté de la ligne de piano ajoute une touche mélodique bienvenue. “Rx Queen” digresse dans du trap avec Salva. Les beats sont saccadés, la recherche de dissonance est perpétuelle pour un résultat inattendu. Phantogram ajoute une touche d’élégance et de noirceur sur “Street Carp”.
Des partis pris clivants
Indéniablement, “Passenger” est le titre le plus poignant de “White Pony”. Le mariage des voix de Chino et Maynard saisit l’auditeur aux trips. La musique, les ambiances, les paroles, tout vient s’imbriquer pour un résultat époustouflant. Dans “Black Stallion”, Mike Shinoda prend sa composition électro et vient caler le chant original pour en faire un nouveau morceau. Le nouveau titre ressemble plus à un mash up qu’à un remix, il plaira à certaines oreilles et viendra en déranger d’autres.
“Elite” apparaît comme un coup de poing d’une rare intensité sur “White Pony”. Chino lâche tout ce qu’il a dans une déferlante de rage. Le remix de Blanck Mass étouffe cette brutalité dans une version électro qui prend du plomb dans l’aile avec une surenchère d’effets. DJ Shadow, le DJ avec qui le groupe tenait absolument à travailler s’attaque au magique “Digital Bath”. Sa patte est reconnaissable, la beauté du refrain est conservée, les touches électro et les passages rêveurs amènent une autre vision, peut-être trop alambiquée.
Des remixes sans intérêt
Une entrée en matière décevante avec la version de Clams Casino de “Feiticeira”, qui transforme le titre en une bouillie à peine audible. Le producteur souhaite appuyer sur le côté malsain du morceau, qui parle de kidnapping. La main lourde sur tout en fait une expérience auditive désagréable.
Autre pépite de “White Pony”, “Change (In The House Of Flies)” est un morceau maîtrisé de bout en bout. Un savant équilibre de sensualité et de rêveries, relevé par un soupçon de déchaînement. Le remix ne semble retenir que quelques mots du refrain pour en faire un titre lounge, parfait pour ambiancer les bars branchés. Un triste appauvrissement d’une merveille.
Deftones se fait plaisir avec la sortie de “Black Stallion”, une série de remixes pas toujours inspirés et trop souvent dans la surenchère. Un album qui donne envie de réécouter l’original.
Informations
Label : Warner Music
Date de sortie : 11/12/2020
Site web : www.deftones.com
Notre sélection
- Teenager – Robert Smith Remix
- Passenger – Mike Shinoda Remix
- Rx Queen – Salva Remix
Note RUL
2,5/5