Le nouvel album d’Opeth sera disponible dès le 25 aout. A cette occasion, RockUrLife a rencontré Fredrik Akesson, guitariste du groupe !
Hello Fredrik comment vas-tu ?
Fredrik Akesson (guitare) : Bien, je viens tout juste de déjeuner ici à Paris, tout en dégustant un bon verre de vin français.
La sortie de l’album fut repoussée, n’est-ce pas frustrant ? Comment te sens-tu à quelques mois de la sortie de l’album ?
F : Un peu en effet. A vrai dire cela concerne l’artwork. Nous allons nous produire lors de quelques festivals cet été et il aurait été sympa d’en jouer quelques titres or la sortie étant décalée, ce ne sera malheureusement pas le cas.
“Pale Communion” est l’onzième album du groupe, le troisième te concernant. Tout d’abord, quelle est l’idée derrière cet étrange titre ?
F : Mikael est à l’origine de toutes les paroles de l’album. L’essentiel des paroles est dans un registre plutôt triste et s’inspire de la vie personnelle de Mikael. Tout cela s’englobe donc dans ce “pâle communion”. De plus c’est un titre qui sonne bien et le titre se devait de bien sonner ! (rires)
Suite à “Heritage“, quel était ton état d’esprit ? Et celui de Mikael ?
F : Nous avons mélangé beaucoup d’éléments déjà présents sur “Heritage” qui sont plutôt différents de ce que les précédents albums présentent. Nous apprécions toujours les précédentes réalisations et leurs styles. A vrai dire ce n’était pas vraiment prévu ou réfléchit, la seule chose sur laquelle nous avons discuté fut l’approche à avoir vis-à-vis du son. Comparé au style très années 70 de “Heritage”, nous voulions un rendu fin 70/début 80 ici avec notamment une batterie plus présente. Nous avons d’ailleurs évoqué “Holy Diver” de Dio bien que le résultat final ne soit pas du tout dans cet esprit (rires). Côté musique, je pense que c’était simplement l’inspiration et les idées du moment.
Peux-ton dire que c’est “Heritage partie 2” ?
F : En quelque sorte oui. Peu nombreux sont les albums chez Opeth qui peuvent ainsi s’associer comme peut-être “Ghost Reveries” et “Watershed” bien qu’ils soient différents, de même avec “Heritage” et “Pale Communion”. Avec ce nouvel album, certaines parties sont plus lourdes qu’avec “Heritage”. Certes il n’y a pas de growl côté chant, d’où cette association possible. L’album reste tout de même bien différent : il est plus mélodique et “Move Above, Sun Below” fait penser à d’anciens titres au point de vue de sa structure avec ses multiples parties et ses différents riffs.
Vous avez enregistré l’opus aux Rockfield Studios. En quoi ce fut différent des expériences précédentes ?
F : Comparé à “Heritage” que nous avons enregistré à Stockholm, où nous vivons tous mis à part Martin Méndes qui vit maintenant à Barcelone, nous étions bien plus concentrés cette fois-ci. A vrai dire le Rockfield est un studio-résidence donc nous vivions sur place ce qui nous a permis d’être plus concentré, en pouvant être distrait par quoique ce soit. En gros c’est une ferme et il y a des moutons, des vaches et des chevaux et il fallait marcher vingt bonnes minutes pour atteindre le village le plus proche; ce que nous avons fait plusieurs fois afin d’y boire quelques bières bien évidemment. Ainsi nous avons enregistré tous les titres en treize jours. L’environnement fut source d’inspiration en raison de l’histoire du Rockfield qui a vu défilé des groupes tels que Rush et Black Sabbath.
Cette vibe/inspiration vous a-t-elle influencé durant l’enregistrement ?
F : Indirectement peut-être mais nous avons bel et bien tenté quelques expériences sonores. Ces tests, à l’aide d’une pédale écho, n’étaient pas prévus et l’effet psychédélique de celle-ci fut très fun. Nous avons également utilisé un grand piano en tapant sur ses cordes à l’aide de baguette de batterie. Nous les avons toutes frappées puis avons tout inversé sur un des titres. Bien évidemment ces expériences sont intéressantes lorsqu’elles se révèlent être concluantes et satisfaisantes.
La musique présente à nouveau des sonorités vintage mais également orientales. A l’aide de tout ce matériel moderne n’est-ce pas un peu étrange de vouloir sonner “ancien” ?
F : En effet, à vrai dire nous avons même pensé à enregistrer l’album sur bande, à l’ancienne, mais c’était au final exécuté de manière plus moderne avec ProTools. Il n’empêche que nous avons tout de même utilisé les vieux micros du studio qui n’ont pas été changé depuis et qui présentent, sans doute, des particularités sonores. Cependant l’une des choses à laquelle nous tenions était de ne pas trop éditer nos prises, un procédé très commun dans le metal. Nous voulions les prises faites avec le son qu’elles avaient exactement lors de l’enregistrement. De nos jours, beaucoup d’albums sont corrigés et cela les rend stérile et banal parfois. La plupart de nos albums préférés contiennent de petites erreurs qui rendent ceux-ci humain et dégagent d’ailleurs un certain charme.
De quelle(s) manière(s) as-tu vécu l’évolution d’Opeth depuis ton arrivée et l’album “Watershed” ?
F : Hmm… bonne question. Tout d’abord j’ai appris tout le répertoire du groupe puis j’ai dû m’habituer au jeu de Mikael car son approche est réellement différente lorsqu’il attaque une phase d’écriture et de composition. Ajouté à cela il y a eu les nombreuses tournées. Me voici au sein d’Opeth depuis plus de sept ans maintenant et je m’y sens très à l’aise bien que j’ai beaucoup travaillé pour saisir de nombreux morceaux et les riffs correspondants. Suite à “Watershed”, Mikael senti qu’il avait mené le metal extrême à un certain niveau et que le groupe se devait de faire autre chose afin de se régénérer. Je me souviens de lui m’ayant dit “le groupe n’existerait sans doute plus” si nous n’avions pas fait “Heritage”. Bien que venant tous d’un milieu metal, j’aime jouer à partir du moment où la musique est qualitative. C’est simplement quelque chose qui est arrivé de la sorte et ne savons d’ailleurs pas à quoi ressemblera le prochain album. Peut-être allons-nous faire un album de grindcore ? Seul l’avenir nous le dira.
Les fans seront à nouveau déçus de l’absence de “growl”. Penses-tu qu’Opeth a changé musicalement ?
F : Je ne pense pas car nos approches se concentrent autour des mêmes points que précédemment. Bien évidemment la dynamique qu’instaurent le growl et le chant clair fut un point très important chez Opeth. Il y a tout de même neuf autres albums présentant cette caractéristique. En live, les deux éléments sont présents. La première partie de notre tournée mondiale pour “Heritage” n’en présentait en effet aucune et beaucoup furent déstabilisés, mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. D’un point de vue de l’enregistrement, je pense que le groupe avait besoin de tester de nouvelles choses, de nouvelles expériences, ou du moins Mikael, car il ne voulait pas qu’Opeth se répète. Chaque album se doit d’être unique. Je pense qu’il en était de même à l’époque où il n’y avait que du growl, les albums restaient très différents les uns des autres.
Comment définirais-tu la musique du groupe à ce jour en 2014 ?
F : C’est une bonne question. De manière générale je dis toujours : de l’Opeth musique mais c’est trop arrogant. (rires) C’est assez difficile d’y coller une étiquette mais je dirais que c’est du hard rock progressif, quelque chose dans ce style-là.
Si tu devais choisir trois titres pour définir globalement l’album, lesquels choisirais-tu ? A moins d’en choisir un unique ?
F : Bonne question. Chaque morceau est unique. “Cusp Of Eternity” et “Moon Above, Sun Below” sont probablement les plus heavy de l’album et ce dernier me rappelle d’anciens titres d’Opeth. “Moon Above, Sun Below” est sans doute l’une de mes préférées mais… A vrai dire l’album débute de manière lourde puis vient quelque chose difficile à décrire avant de conclure de manière très… Le titre qui est probablement le plus original ou différent est “River”. Il démarre presque de manière country, à la manière de Crosby et se termine de manière plus metal. C’est question difficile car chaque titre dégage d’uniques sonorités comparées aux autres morceaux. Néanmoins avec “River” et “Voice Of Treason” où le son est plus cinématique tel un James Bond, nous avons atteint de nouvelles contrées musicales.
Quid de la pochette de l’album ? Quelle en sera l’esprit ?
F : L’illustration va se baser sur trois toiles différentes représentant trois phases de la vie : la naissance-l’entre deux-là mort.
Qu’as-tu écouté récemment ? Quels sont les groupes qui ont retenu ton attention dernièrement ?
F : Récemment j’écoutais beaucoup à “Ride The Lightning” de Metallica (rires) mais également un groupe suédois qui se nomme Plankton, une formation instrumentale qui adopte un son très années 70; j’ai également écouté et apprécié le dernier album de Grand Magus.
Prévoyez-vous de jouer “Pale Communion” dans son intégralité à l’avenir ?
F : Peut-être pas d’emblée mais peut-être qu’à l’avenir… L’album est bien trop neuf pour entreprendre un tel projet. Il n’empêche que nous allons bien évidemment jouer quelques titres de celui-ci et nous avons hâte !
Dernière question : nous sommes “RockUrLife” donc qu’est-ce qui rock ta life Fredrik ?
F : Cela fait maintenant neuf mois que je suis devenu père et elle est à fond lorsque je lui joue un peu de guitare, c’est donc ce qui rock ma life en ce moment.
Site web : opeth.com