THE PRESTIGE – Track By Track “Amer”

EXCLUSIF : A quelques jours de sa sortie, le second album studio des Parisiens est désormais en écoute. Quoi de mieux que de le découvrir en compagnie des commentaires du chanteur, Alex Diaz.

AMER
“Amer” est la chanson d’ouverture de l’album, mais elle a été écrite en dernier, lors de notre session d’enregistrement. Ce sample hypnotique est le centre d’un jam en live sur lequel la voix d’Alex hurle les premières phrases de l’album pour planter l’ambiance de l’album : “We are born as rotten fruit of some dead crooked tree. […] I am bitter, I am old”.

BÊTE NOIRE
“Bête Noire” est une chanson que nous jouons depuis quelques temps en live avec des éléments essentiels du groupe : des riffs violents, frénétiques ou lourds sur lesquelles se posent des mélodies atmosphériques. La Bête Noire, c’est cette partie de nous même que nous cherchons à cacher ou que nous apprenons à cacher par notre éducation ou les lois qui sont établies. Et parfois, pour quelques secondes nous aimerions pouvoir la laisser s’exprimer. Nous avons choisi de la représenter en vidéo avec le réalisateur Adrien Benoliel par ce chiant errant, observateur, dans les rues de Paris, ville qui est la toile de fond de ce nouvel album.

LÉGER DE MAIN
C’est également une chanson que nous jouons depuis plusieurs concerts, car elle s’inspire directement de ce que l’on peut ressentir en tournée. Je gère les dates du groupe, et parfois je vais amener le groupe à jouer à l’autre bout d’un pays avec 600 km de route pour jouer devant 10 personnes et dormir sur un sol froid. Et à ce moment là je doute de ce que l’on fait, de la galère dans laquelle j’amène certaines des personnes auxquelles je tiens le plus. Mais malgré cela, dans ces soirs, je me dis que je continuerai toujours à jouer, pour ces 10 personnes qui sont venues : “until we rot in a bed of roses, until we rot in a bed of love”.

ENFANTS TERRIBLES
Nous n’avions jamais écrit de morceau avec cette rythmique punk, façon D-Beat, et c’est chose faîte avec “Enfants Terribles”. Cette chanson parle de l’importance que l’on donne à des objets, du matérialisme dans nos relations, et de ce que l’on pourrait faire pour les personnes que l’on aime. Nous avons invité plusieurs amis à venir chanter ce refrain “This is the beauty of our loss, running in and out of gold. This is no harbour.” lors de notre session à Laval. On retrouve donc des membres de As We Draw, Calvaiire, Birds In Row, Puzzle derrière le micro. Appelons-les la Satanic Bascule Laval All-Star Choir.

VOIR DIRE
“Voir Dire” est la première chanson que nous avons écrit après “Black Mouths“. On y retrouve la frénésie que certains appréciaient sur ce premier album. Certains titres en français de l’album ont un double sens, comme celui-ci, le Voir Dire étant, lors des procès dans les pays anglo-saxons, une remise en question des témoins, comme le fait cette chanson vis à vis des mythes fondateurs des nations et des valeurs de notre société.

NÉGLIGÉE
“Négligée” est l’adjectif qui me semblait parfaitement accompagner la ville de Paris, car en anglais cela veut également dire un “déshabillé”. Les premières minutes de cette chanson commencent par un couplet en français ce qui est un grand changement pour nous. Avec une progression post-rock et des guitares plus épiques nous avons tenté quelque chose de différent qui peut rappeler des groupes comme Mastodon ou Baroness. L’anecdote derrière ce titre c’est que j’ai enregistré la partie en français dans la nuit, pendant que les gars et Amaury Sauvé, le producteur de l’album, étaient partis faire la fête. A leur retour – alcoolisés – je leur ai fait écouter la seule prise que j’avais fait et on a décidé de la garder. A partir de là, j’ai commencé à assumer de chanter en français pour la sensibilité que cela ajoute.

INGÉNUE
A l’origine c’est l’intro de “Enfants Terribles”, mais pour le vinyl nous avons du séparer ces pistes pour faire de “Ingénue” l’ouverture de la face B, pour faire glisser l’album vers des titres plus personnels et mélancoliques.

MARQUEE
Tous les soirs, j’écrivais les textes pour les morceaux que nous avons enregistré dans la journée. Je travaille toujours comme cela car cela me permet d’écrire les paroles presque instantanément, mais au bout d’une semaine d’écriture j’ai perdu l’envie d’écrire alors j’ai écrit sur cette peur de la page blanche, de ne plus être sûr de ce que l’ont écrit, de se voir quitter par cette muse nocturne.

APACHES
Les Apaches étaient un gang parisien qui sévissait dans Paris au début du XXème siècle, du côté de Belleville. Ils étaient maquillés avec des yeux de biches, dansaient une sorte de java très rythmée et étaient un peu les bad boy de l’époque tout en faisait rêver les jeunes femmes – comme Casque d’Or dans le film de Jacques Beker. Cette chanson a un côté stoner, à la rythmique primale efficace en live. Chaque titre de cet album est le résultat de jam ensemble et celui-ci a commencé sur une rythmique très simple, parfois ça fait du bien de pas se prendre la tête !

PETITE MORT
Je crois qu’en vieillissant tu assumes bien mieux de parler de sujet sans te cacher derrière l’humour ou la pudeur. Ce titre parle de sexe. De la beauté d’un corps féminin sous la lumière du matin. C’est simple, c’est érotique mais c’est assumé.

CRI DE COEUR
J’ai perdu mon grand-père il y a deux ans et cela a été un vrai choc pour moi, car c’est le premier proche que je perds. Il m’a appris à jouer de la guitare et en l’espace de quelques mois je l’ai vu changer, se diriger lentement vers la mort. A la fin je doutais de ces pensées : est-ce qu’il nous reconnaissait ? Est-ce qu’il voyait encore le visage de ma grand-mère ? Avait-il des flashs ou était-il tout le temps absent ? C’est une chanson très personnelle qui parle de ses derniers jours. Et je crois que lorsqu’on chante sur la mort ou évoque d’une certaine manière la nôtre. La fin du morceau est a capella, c’est une seule prise piano-voix, je suis à bout de souffle, c’était la meilleure manière de terminer cet album.

Sortie de “Amer”, disponible en précommande ici, le 20 avril 2015.