En ce début d’année, RockUrLife a pu s’entretenir avec Jack, bassiste et fondateur du groupe Flown afin de discuter du nouvel effort “Make Believe” pour un entretien placé sous le signe de l’absence de limites !
Bonjour, comment allez vous ?
Jack (basse) : Ca va très bien ! C’est ma première journée promo, alors il ne faudra pas être méchant avec moi. (rires)
Promis, on va essayer.
J : Très bien.
Pour commencer à parler de Flown, vous avez commencé en tant que duo, puis vous avez intégré d’autres membres qui ne sont pas seulement des musiciens de session. Pourquoi avoir eu cette nécessité, et comment cela s’est passé ?
J : En fait, au début où l’on bossait ensemble, on avait déjà des formations à côté où l’on patinait un petit peu et on a commencé à faire de la musique parce qu’on avait pas mal de points communs, en terme d’influence et trucs comme ça. Et puis tout est venu naturellement alors que l’on bloquait sur nos groupes respectifs et on s’est retrouvé avec un album sur les bras, sans se poser de limites ou d’objectifs, on a avancé facilement, donc c’est parti.
Ce qu’ils vous ont apporté, c’est donc une certaine fluidité dans le travail ?
J : Oui c’est ça. Puis c’est vrai que comme le groupe est très rock et que l’on a aussi envie de restituer du gros son en live, on avait besoin d’avoir un batteur. C’est vrai que l’on est multi-instrumentistes donc pour enregistrer ça va, mais pour le live c’est quand même mieux d’être au complet.
Est-ce que vous considérez que Flown a existé en tant que groupe à part entière réellement avant leur arrivée, ou est-ce que vous séparez les deux périodes ?
J : Ca dépend, parce que Flown on a fait quasiment les deux premiers albums à deux. Sur le deuxième album, les autres sont arrivés donc ils ont apporté un petit peu leur personnalités, mais c’est vraiment sur le troisième album que l’on a composé à quatre. Donc Flown, à la base c’est nous deux, et a changé du fait des deux autres sur le troisième album.
Vous avez fait une pause de trois ans. Pourquoi avoir eu ce besoin, et qu’est-ce que cela vous a apporté, qu’est-ce que ça a changé ?
J : On a fait une pause parce que c’est la vie qui amène certains changements. Il y en a qui se marient, qui font des enfants, d’autres qui déménagent, donc on a pris le temps. Et puis dans les trois ans, on a pris aussi beaucoup de temps pour composer le troisième album, parce que du coup à quatre, il fallait que l’on se croise tous, qu’on compose tous ensemble. Et c’était moins évident que lorsque l’on était deux et que l’on pouvait se croiser en semaine. Donc on a pris le temps aussi de faire le troisième album.
Musicalement, est-ce que cette pause vous a permis d’évoluer ? De prendre en maturité ?
J : Musicalement déjà on a digéré les deux premiers albums. On a voulu s’orienter un peu plus sur l’esprit du premier pour faire le troisième, donc essayer de retrouver une part un peu plus rock, un peu plus sombre. Et puis après les influences de chacun se mêlent à peu près naturellement, donc on a essayé de bosser de façon assez efficace quoi.
Qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur ce dernier album, justement ?
J : C’est un dernier album qui, au final, est assez varié. On a composé quasiment une quinzaine de titres, et on a fait une petite sélection à douze. C’est un album qui est quand même dans l’esprit, on a essayé de trouver un son général, global, qui a une cohérence. On enregistre tout chez nous dans le studio, ce qui est un confort parce que ça fait qu’on prend aussi notre temps. Et après il reprend pas mal les grandes lignes du premier album en allant plus loin. Et puis au final, on tombe un peu sur un espèce de concept, je pense que sur cet album c’est plutôt conscient, mais quand on regarde les textes à la fin de l’album, il y a pas mal de points communs entre les morceaux, sur ce qui est imaginaire, croyances, désillusions. D’où le titre d’ailleurs, “Make Believe” qui reprend tout cet univers là.
Parmi les quinze chansons que vous avez composé, y a-t-il une chance de voir les morceaux que vous n’avez pas gardé, sur les prochains disques par exemple ?
J : Oui je pense, parce que sur le deuxième album il y a des morceaux que nous n’avions pas utilisé sur le premier, et pareil pour ce dernier album, il y a des morceaux qui ont déjà trois ans. Donc je pense que l’on va réutiliser, remodeler, réarranger. Il n’y a pas de limites !
En parlant de limites, sur l’enregistrement de cet album, avez-vous rencontré des difficultés ? Des choses qui ont changé dans le processus de création, à part le fait que ce soit une composition à quatre ?
J : On va dire qu’il n’y a pas vraiment eu de difficultés parce qu’on a vraiment tous les outils pour faire un bon enregistrement. Après, on a un guitariste qui habite à Bordeaux donc c’est pas hyper facile de se voir, mais aujourd’hui avec Internet, on fait un peu ce qu’on veut, assez facilement, donc on envoie les morceaux, il compose ses parties, on enregistre, donc le fait que lui soit un peu à l’écart nous oblige à être efficaces dans le boulot, qu’on ne le fasse pas venir pour rien ou juste pour boire deux bières ! Donc on se voit moins, mais on est plus efficaces.
Ce côté dématérialisé introduit la question suivante, puisque vous avez mentionné le fait que “Make Believe” était un concept album, et aborde des thèmes appartenant plutôt à la métaphysique.
J : A vrai dire, quand je compose les textes, je pars déjà de tout ce que j’ai en stock en moi, je lâche tout ça. J’essaie de trouver ça autant que possible de façon. Sans prétention bien sûr, mais de façon plutôt poétique. Et imagée. Et au bout d’un moment, arrivé à six ou sept titres, je n’ai plus grand chose à raconter, donc j’essaie de trouver des inspirations sur des films ou des séries et notamment le sixième titre, “Ghost” est inspiré du film “L’Orphelinat” de Del Toro, qui est très sombre, dans lequel il y a aussi tout cet imaginaire, avec des enfants disparus qui reviennent sous forme de fantômes, de choses comme ça, donc effectivement oui, on tombe un peu dans la métaphysique.
Mis à part “L’Orphelinat”, quels sont les autres films, lectures ou musiques qui vous ont influencé, justement ?
J : Donc “L’Orphelinat” pour “Ghost”, “Grace” c’est une série qui s’appelle “The Leftovers” qui n’est pas tant connue que ça et qui est particulière. A la base, c’est un jour donné, il y a 2% de la population mondiale qui disparaît, et donc la série traite de la vie des gens suite à ça, avec tout le vide qui est laissé dans la vie de chacun, notamment au niveau des croyances, on se dit “ils ont disparus, est-ce qu’ils sont morts ? Est-ce que Dieu a un plan ?” des choses comme ça. Donc ouais, j’aime bien traiter de ces sujets un peu mystérieux.
Pour vous est-ce important que la musique ait toujours une certaine charger spirituelle ? Est-ce que vous pensez que ça devrait toujours être ainsi ?
J : Spirituelle ça c’est un peu moi, ce qui m’intéresse, ce qui m’anime. Une charge émotionnelle par contre, ça c’est sûr ! On transmet des émotions, sinon ça ne sert à rien, et à ce moment là il vaut mieux se taire et juste faire de la musique. Mais spirituelle ouais, parce que c’est un chemin qui moi m’est personnel, après on ne le partage pas forcément tous, mais on se retrouve pas mal dans cet univers un peu mystérieux où tout reste à découvrir.
Si vous ne partagez pas tout, comment ça se passe alors ? Vous font-il confiance ?
J : Ouais, ils n’ont pas trop le choix ! (rires) Non mais on aime bien des films en commun, des albums en commun. On a toute une culture en commun, donc on s’y retrouve pas mal. On écoute des groupes qui sont plutôt branchés là-dessus, même sans le déclarer officiellement.
Par exemple ?
J : Tool ! Ils sont très barrés occulte, et des choses comme ça. Même Muse, ils sont très dans l’occulte aussi, donc voilà.
Pour en revenir à la part spirituelle donc, pensez-vous que l’Art soit une forme de dépassement de la matière, pour offrir quelque chose de pur et vrai ?
J : J’ai tendance à penser que l’Art est l’expression de ton âme, donc tu ne peux pas faire autrement que d’exprimer ce que tu es, en te posant le moins de limites possibles, et plus on va vers ce que ton âme peut exprimer, plus tu es dans le vrai. Après, on peut faire semblant, on peut aussi se tromper, aller à l’encontre de soi. Par exemple, il y a des artistes qui ne me parlent pas, parce qu’ils ne sont pas sincères dans leur démarche.
Toujours en lien avec les croyances, toute votre carrière est basée autour du mois de novembre. Y a-t-il une superstition derrière cela ?
J : Oui, en fait on a refait la bio il y a peu, et je me rends compte que finalement à chaque fois ça tombe au moins de novembre. Alors je ne sais pas, c’est souvent les sorties d’album qui tombent au moins de novembre. En général, comme on met en général un an pour sortir un album, on commence aussi en novembre de l’année d’avant. Au moment où vient l’hiver, peut-être qu’on a cette phase où l’on se recentre un peu, on créé, alors que l’été on est un peu plus éparpillé, je n’en sais rien.
Du hasard, donc.
J : Oui, j’ai trouvé ça, donc je me suis dit que c’était drôle et que j’allais le mettre en lumière “novembre, novembre, novembre”. Et puis on verra ce qui se passe en novembre prochain ! (rires)
A propos de ce qui se retrouve aussi chaque fois, vous avez une chanson, “Child In A Box” qui est en trois parties. Faut-il la comprendre comme une unité ?
J : Oui. “Child In A Box” en fait, c’est le nom du premier album sur lequel il y avait un thème qui était développé au début et à la fin de l’album. Donc sur ce dernier opus, on a voulu retrouver cet esprit-là, un peu atmosphérique, mystérieux, et au moment de composer les paroles, je me suis dit que c’était clairement une partie de cette œuvre là, qui peut-être, enfin j’espère, sera un jour jouée d’une traite. Donc c’est une évolution de ces deux morceaux qui se trouvaient sur le premier album et voilà. Peut-être que ce sera moins atmosphérique lorsque l’on refera une quatrième partie, que ce sera plus rentre-dedans, je ne sais pas. On a des idées, mais il faut retrouver les mêmes sonorités et les traiter différemment.
Avez-vous déjà une idée de comment évoluer sur les prochaines pistes ?
J : Franchement pas trop. Déjà, on ne se fixe pas d’objectif, on ne se fixe pas de limites, du coup on ne sait pas si avant un quatrième album on ne ferait pas quelque chose d’acoustique, de remix, une sorte de travail comme ça, revisiter des morceaux que l’on a fait. Donc on va vers l’inconnu.
Avez-vous comme projet de refaire un nouveau DVD live ?
J : Pour l’instant ce n’est pas prévu. On aimerait plutôt faire un deuxième clip ! Mais après, ça peut très bien être un autre DVD live, on ne sait jamais.
En parlant de votre clip, quelles ont été les inspirations ?
J : Pour tout dire, on a eu la chance de le faire avec deux amis qui nous connaissent bien, et connaissent notre univers. On l’a fait sur un titre qui est un peu passe-partout, et qui globalement reprend tout notre univers. Et donc Sam et Delphine qui l’ont réalisé sont aussi ceux qui ont fait la pochette de notre troisième album. Ils font du coup partie intégrante de notre image aujourd’hui. Et tout ce qu’ils nous ont proposé allait dans notre sens, donc on était ravis d’aller dans leur sens, donc on était content. Et au final, c’est un clip qui nous plaît énormément dans le travail de l’image, de la lumière. On leur avait laissé carte blanche, ils nous ont pondu le storyboard rapidement. Quelque part, on leur a vraiment laissé le bébé pour le clip, mais vu qu’ils nous connaissent bien, on est retombés sur nos pattes.
Vous faites tout en autoproduction. Est-ce une volonté ou souhaitez-vous vous faire produire à terme ?
J : Il faut dire que c’est un confort de tout produire, parce qu’on n’a pas de limite, on n’a pas quelqu’un pour nous dire “non là, vous vous barrez trop loin”. Non, c’est nous, tout simplement ! Après, je pense que quand il y a une production derrière, une maison de disques, il y a des gens qui ont des attentes et veulent nous orienter vers certains créneaux. Du coup, quelque part pour nous c’est une liberté d’être seul. Après, pourquoi pas faire un album à part qui serait produit, je ne dis pas non.
Pensez-vous que l’industrie musicale bride la créativité des artistes ?
J : Je ne sais pas, mais j’ai l’impression surtout qu’elle s’est coupée beaucoup trop de la musique, qu’il y a un peu trop de marketing, au dépend de la musique. Souvent, lorsque j’achète un album, il y a trois ou quatre titres, et le reste m’ennuie, et je sens bien que ça a été composé pour remplir le truc, et qu’après l’argent qui est mis sur cet album-là est plutôt là pour faire de belles photos, des passages à la télé. On va dire que ce n’est pas vraiment ma vision de la musique. A la limite, je produis l’album et après on le laisse au monde, on voit ce qu’il devient, et puis voilà. Je n’ai peut-être pas cette vision marketing là.
Malgré tout, est-ce qu’il y a des artistes qui vous ont heurté par leur authenticité, justement ?
J : Alors oui, mais j’ai envie de dire que c’est de moins en moins dans les artistes connus. Comme le dernier Muse par exemple. Je suis le groupe depuis longtemps, et j’ai l’impression qu’il y a trois ou quatre singles, et le reste est moins bon, à mes yeux en tous cas, par rapport à une certaine époque. De vraiment authentique sinon, j’adore Steven Wilson, ce qu’il fait depuis quelques années, et notamment son dernier album. Il y a vraiment une pâte, un truc, une mélancolie qui a l’air profonde. Pour moi, c’est vraiment l’album de 2015. Selon moi, c’est vraiment le top actuellement ! Après, c’est dans un style très à tirer les larmes, ce n’est pas forcément bon pour le moral, mais c’est un artiste que j’aime bien, vraiment. Dans les moins connus, même si on ne peut pas dire qu’il soit très connu (rires), j’ai découvert un gars il n’y a pas très longtemps, sur Internet, qui s’appelle James Young, c’est un gars qui compose tout seul, à la guitare, en guitare-chant, et finalement il s’est fait connaître en faisant des remix de guitare-chant un peu électro et je trouve qu’il y a une profondeur, c’est sombre, mais sans être trop noir. J’aime bien ce qu’il fait ! J’ai juste vu quelques titres sur Internet mais c’est sympa.
Finalement, vous êtes plutôt axé musique sombre.
J : Au final, ouais ! (rires) Après il y a quelques groupes plus joyeux, du genre Foals qui sortent pas mal en ce moment. Pour se lever le matin, c’est un peu plus facile avec ça ! (rires)
Quelles influences partagez-vous avec les autres membres du groupe ?
J : Avec Flo, on a une base vraiment très commune sur un début des années 90 un peu grunge, Soundgarden, Alice In Chains. Après on a été un peu plus neo metal avec Deftones, Rage Against The Machine, des groupes un peu plus énervés. Ensuite, on a eu une petite vague progressive, en étant fans de Dream Theater. Et globalement c’est un peu ça. Je sais que dernièrement, on écoute pas mal de trucs un peu plus atmosphériques. Je ne sais pas si ça se ressent un peu dans notre musique, mais on essaie de mêler pas mal de choses, de digérer ce que l’on écoute, pour ensuite ressortir tout ça. Sans calculs, mais voilà !
Quid des projets pour l’avenir ?
J : Cette année, on aimerait bien faire de belles dates, on devait faire un live fin novembre que l’on n’a pas pu tenir, que l’on va faire au mois d’avril. Faire quelques dates, parcourir un peu la France. On a des opportunités sur Bordeaux, sur Toulon, dans le Nord. Si possible faire une date à l’étranger, ce serait sympa ! Et puis en fond, on continue de composer, et puis peut-être commencer à enregistrer. Au mois de novembre, je ne sais pas ! (rires)
Pourquoi pas ! Pour terminer, notre question traditionnelle : notre webzine s’appelle “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rock votre life ?
J : Qu’est-ce qui rock ma life ? Après des fêtes qui ont été plus heavy que rock… (rires) Non, mais c’est les rencontres, c’est les amis, c’est sortir, vivre des choses, découvrir des lieux, découvrir des gens, c’est tout ce qui enrichit une vie. Les rencontres un peu partout, oui. Après je ne sais pas ce qui rock la life des autres dans le groupe. Il y a les enfants, qui sont très rock ! Enfin, ça c’est chez eux, je n’ai pas ce genre de rock n’roll chez moi, mais on ne sait jamais ! Mais c’est beaucoup de musique avant tout. Puis moi je bosse dans la musique aussi, donc c’est toujours rock H/24 parce que je suis commercial, et je travaille dans une boîte qui fabrique des guitares, donc je suis dans les magasins de musique toute la journée, avec les concerts le soir, c’est toujours très rock !
Site web : flownrock.com