Quelques jours après la sortie de son second album, “weird!”, nous avons eu l’occasion de discuter avec Dominic Harrison, alias YUNGBLUD. Il nous a parlé de sa carrière, de ses projets, du futur et de son amour pour sa génération !
Comment vas-tu ? Qu’est-ce que cela te fait que ton album soit enfin sorti ?
YUNGBLUD : Putain, je n’arrive pas à croire qu’il est enfin sorti ! Cela a été un véritable voyage rempli d’émotions dans lequel j’ai été pendant ce qui me semble être une éternité. Mais il est enfin sorti et les gens l’adorent et ils s’y identifient. Je fais que crier depuis, je suis là en mode “AAAAAAAAH” depuis cinq jours, les gens qui vivent avec moi en ont trop marre.
Etais-tu nerveux ? Excité ?
YUNGBLUD : Véritablement un mélange des deux. J’étais excité, effrayé. J’avais envie de créer un album pour les années les plus bizarres de nos vies, pour aider les gens et dire des putain de vérités. Je pense que c’est pour cela que je n’étais pas non plus aussi flippé que ce que j’aurais pu penser, parce que cet album, il est juste plein de vérité. C’est mon point de vue. Si les gens ne sont pas d’accord avec moi, parfait, mais cet album, c’est ce à quoi je crois et c’est ce que j’ai envie de dire. Il parle des gens que j’ai pu rencontrer partout dans le monde. J’ai voulu écrire de la musique pour un but bien précis et pas parce que je devais absolument sortir quelque chose.
Qu’est-ce que tes fans pensent de l’album ? Et les médias ?
YUNGBLUD : J’écoute les fans. Je ne fais pas vraiment attention aux médias parce qu’ils ont tendance à être méchants et certains sont même un peu vieux jeu. Il y a beaucoup de vieux magazines de rock qui ont des vieux mecs à barbe qui les gèrent et je n’aime pas trop cela. Ils sont souvent chez eux, à regarder du porno sur internet. La plupart du temps, ils ne comprennent pas l’enjeu et la connexion qu’il peut y avoir autour de la musique parce que ce n’est plus du tout comme avant. Maintenant, de nouvelles choses se passent et on adore cela. J’ai tellement d’espoir en ma génération. C’est pour cela que j’aime autant cet album. Parce que je me sens profondément connecté avec mon public, avec cette génération, j’ai vraiment la sensation que j’ai ma place quelque part. Quand tu réalises cela pour la première fois, c’est comme si tu respirais enfin. Tu es là, en mode : “putain de merde, je peux enfin respirer”.
As-tu ressenti une certaine pression de mieux faire que ton premier album “21st Century Liability” (2018) ?
YUNGBLUD : Le truc avec les labels et l’industrie de la musique, c’est qu’ils veulent que tu fasses un truc plus commercial et vendeur. Moi, j’étais là : “putain, c’est mort, je vais couper la tête du capitalisme et la mettre dans mon frigo”.
J’avais envie d’écrire un album plus varié, plus bruyant, sans filtre, avec des prises de position et surtout, un album qui soit au sujet de ma fanbase, de mes personnes à moi. J’y repense, et je me dis vraiment qu’il y a pas mal de sons qui sortent ces derniers temps mais qui ne disent rien du tout. Il y a des sons qui ont autant de charisme que de l’eau plate.
Moi, je visualisais vraiment David Bowie et Amy Winehouse dans la création de cet album parce qu’ils avaient des choses à dire. Des vérités. Bien sûr, tout le monde ne comprendra pas cet album parce que c’est le but. Si tu dois comprendre l’album, tu le comprendras. Je pense que beaucoup de gens ont tendance à prendre la voie de “faisons de la musique à laquelle tout le monde pourra s’identifier”. Et moi, je suis là, en mode : “non, ce n’est pas possible de faire quelque chose auquel tout le monde pourra s’identifier”. Moi, tout ce que je veux, c’est exister dans une culture qui tire les gens vers le haut, qui les pousse à être qui ils sont vraiment. Et oui, je m’habille peut-être un peu plus en mode punk, mais cet album est à la fois pop, rock, punk, électronique, swing. Il y a vraiment de tout.
Est-ce que tu as l’impression d’être sorti de ta zone de confort pour cet album ?
YUNGBLUD : Oui, franchement, complètement. C’était à des années lumières de ma zone de confort. Et c’est cela qui est cool. Quand tu écoutes “the freak show” et “teresa”, je joue avec toutes ces grosses harmonies et j’avais l’impression d’être accroché à un élastique et de courir de toutes mes forces tout le long du processus. Si tu regardes des images de moi en studio, je suis juste comme un dingue et tout le monde pense que je suis sous drogue alors que non. Je suis juste hyper actif, rempli de passion, d’espoir et d’excitation envers ma génération. Je veux que ma musique soit un lien direct entre mon cœur et celui de quelqu’un d’autre, en mode : “si tu es là et que tu n’es pas bien, ou que tu es content(e), ou que tu es triste, j’espère que tu sens que je suis là et que tu as le droit de ressentir tout ça.”
Tu as passé quelques semaines en Californie, où tu as d’ailleurs filmé le clip de “weird!”. As-tu enregistré tout l’album là-bas ?
YUNGBLUD : Oui, j’ai enregistré l’album à “Hollyweird” comme j’aime l’appeler. J’ai adoré enregistrer là-bas. C’était genre l’un des meilleurs moments de ma vie, entouré de mes amis, à être bourrés pendant six semaines. On avait pas de limites et c’était fun parce qu’on voulait juste être créatifs au maximum. Mais je ne me sens pas non plus trop à ma place à Los Angeles parce que je crois que je suis trop honnête et direct. Genre, si quelqu’un me demande : “Aimes-tu mon sweatshirt ?” et que ce n’est pas le cas, je lui dis direct. Et ce n’est pas très “L.A.” de faire cela. Ils ont tendance à être un peu faux-culs. Moi, j’aime le thé, les pintes de bière et le fish & chips.
Si tu devais choisir juste une seule chanson dans l’album, ce serait laquelle ?
YUNGBLUD : “mars”. À cause de l’histoire derrière la chanson (ndlr : la chanson est inspirée par une fan transgenre que Dom a rencontré en 2019 durant le Vans Warped Tour et qui lui a raconté que ses parents n’acceptaient pas sa transition. Mais avec le soutien de la communauté et de la fanbase de Dom, ses parents ont fini par l’accepter et la considérer comme leur fille). Cette histoire a changé ma vie. Cela m’a rendu fier de faire partie d’une communauté qui peut impacter la vie de quelqu’un de cette façon là.
Tu as co-produit certaines de tes vidéos les plus récentes. C’était comment ?
YUNGBLUD : J’ai vraiment adoré. Oli Sykes de Bring Me The Horizon m’a beaucoup appris, notamment quand on a filmé “Obey” parce que c’est lui qui produisait la vidéo. J’ai toujours voulu le faire mais je ne pouvais pas. Tu sais comment je suis, cela fait dix minutes qu’on discute et tu as vu comme mes pensées peuvent aller à mille à l’heure; j’ai du mal à les exprimer et à expliquer mes idées, à faire comprendre aux autres ce que j’ai en tête. C’est pour cela que je galère en studio. Je suis tout le temps en train de courir partout et parfois c’est too much pour les gens, j’ai trop d’idées tout le temps. Mais Oli a fait un storyboard du clip. Et je l’ai regardé faire, puis j’ai rencontré un storyboarder. Et j’étais en mode : “OK, donc si on fait un storyboard de toute la vidéo, alors je vais pouvoir donner vie à mes idées” et cela m’a putain d’inspiré. Depuis, j’adore cela. C’est plus simple. Je me cale avec le storyboarder, j’enregistre notre appel, je crie pendant une heure et c’est dans la boîte.
Tu as travaillé avec Machine Gun Kelly sur “acting like that”. Comment cela s’est passé ? C’est venu naturellement ?
YUNGBLUD : C’est toujours naturel. Kells [Machine Gun Kelly] est mon meilleur pote. Cette chanson, c’est vraiment une belle représentation de notre amitié. On est en studio, avec l’oncle Travis [Barker] et on y va à fond. On allume le micro et on voit ce que cela donne et où cela nous mène.
Comptez-vous faire un clip une fois que la pandémie sera finie ?
YUNGBLUD : On ne compte pas laisser la pandémie nous arrêter. On a déjà prévu de filmer un clip, qui devrait sortir très, très prochainement.
Est-ce qu’on doit s’attendre à plus de collaborations avec d’autres artistes dans le futur ?
YUNGBLUD : Le truc c’est que “weird!” n’est que le début. C’est la première partie. Il y a beaucoup beaucoup de choses qui arrivent et qui sont prévues.
Avec qui rêves-tu de bosser ?
YUNGBLUD : Mort ou vivant ? Mort, je dirais David Bowie. Sinon Travis Scott. Ce serait un truc de fou.
On peut dire que 2020 a été une année vraiment étrange mais cela a surtout été TON année. Tu as remporté l’award pour le “Best Push Artist” aux MTV EMA, tu es en chemin pour que ton album soit numéro 1 en Angleterre. Qu’est-ce que cela te fait ? Comment gères-tu ta notoriété grandissante ?
YUNGBLUD : Franchement, j’y pense pas vraiment. Moi, je me soucie vraiment que de mes fans. Je pense que je fais vraiment tout pour être numéro 1, pas pour un bout de métal ou pour faire un joli post Instagram, mais plutôt pour ce que cela symbolise pour ma communauté. Pour la musique rock en général. Être numéro 1 pendant Noël en Angleterre, c’est juste dingue, surtout pour un artiste rock. Je veux juste que les gens nous voient et réalisent qu’on existe. Même dans les charts.
Tu as dit à de nombreuses reprises que cet album a été écrit pour et par tes fans, que leurs histoires t’ont inspirées. N’est-ce pas trop lourd de porter ces histoires qui sont parfois très compliquées ? Te reconnais-tu dans certaines d’entre elles ? Comment le gères-tu ?
YUNGBLUD : C’est exactement le concept derrière cet album. C’est entendre ces histoires et réaliser à quel point elles ont pu me redéfinir à tous les niveaux. Genre, que ce soit au niveau de mes émotions ou de ma sexualité. Je me dis : “je me sens comme cela, c’est comme cela que ma sexualité est censée être, toi aussi tu es comme cela ?”. C’est cela que YUNGBLUD signifie.
Tu es très proche de tes fans. Tu les considères comme ta famille. N’est-ce pas trop compliqué de garder ta vie privée privée ? Arrives-tu à mettre des limites pour te protéger ?
YUNGBLUD : C’est dur parce que j’ai vraiment une relation de codépendance avec eux. J’admets que c’est dur de mettre des limites à tout cela mais c’est une conversation que l’on se garde pour plus tard. Je les aime, je les aime énormément, donc je suis heureux. On est comme une famille. Et parfois, les familles se chamaillent.
Tu as toujours été hyper impliqué dans les sujets politiques et sociaux. Par exemple, tu t’es énormément exprimé durant le mouvement Black Lives Matter, mais ce n’est pas forcément le cas d’autres artistes. Qu’en penses-tu ? Considères-tu que les artistes ont une responsabilité à ce sujet vis à vis de leur public ?
YUNGBLUD : C’est simple. Pour moi, si tu ne parles pas des choses importantes, tu n’es pas un artiste. Tu es un chanteur. Va t’amuser dans un bar karaoké.
Tu es passé à la télévision française dans “Taratata” l’année dernière, tu as enchaîné deux concerts sold out au Trabendo. La France, c’est un peu comme ta deuxième maison ! Que penses-tu de tes fans français ? As-tu hâte de revenir ?
YUNGBLUD : J’ai adoré “Taratata” ! J’aime la France. Je vous aime, j’aime votre culture, elle m’attire vraiment. Je pense que je veux venir vivre à Paris un jour. J’adore le fait que vous en ayez rien à foutre. Et franchement, j’étais super nerveux parce que je voulais faire partie de votre culture et m’intégrer, et je sais que vous ne laissez pas beaucoup de gens avoir ce privilège-là. Alors j’étais hyper stressé pour l’émission mais quand j’ai vu que tout le monde semblait m’apprécier, c’était genre trop cool. Je suis obsédé par mes fans français, ils sont hyper bruyants, ils se foutent de tout, ils sont fiers et j’aime tellement être avec eux.
Tu as dit que ton concert à Paris était presque complet.
YUNGBLUD : L’Olympia est quasi sold out et c’est dans un an.
Penses-tu ajouter une seconde date comme tu as pu le faire avec le Trabendo ?
YUNGBLUD : Mystère, mystère. Tu verras ! (clin d’œil)
Dernière question mais pas des moindres : on s’appelle “RockUrLife”, qu’est-ce qui rock ta life, Dom ?
YUNGBLUD : Le rock n’roll, mes fans et la Stella Artois.
Site web : yungbludofficial.com