Quelques changements de line up plus tard, Merge fait son grand retour et franchit l’étape du deuxième album avec “Ineffable”. C’est à l’occasion de la sortie de cet album et de leur Release Party le 2 décembre prochain à La Flèche d’Or que nous avons rencontré le groupe dans son studio à Paris.
Pas trop stressés avec l’album et la Release Party qui arrivent dans une dizaine de jours ?
Tim (basse) : On est à la fois excités et stressés. Avec le nouveau line up, c’est notre première vraie date à Paris si l’on ne compte pas la date à La Maroquinerie avec Don Broco.
Ineffable signifie “qui ne peut être expliqué en raison de son intensité ou de sa nature”. Comment avez-vous abordé ce mot qui semble avoir bien plus d’importance que d’être le simple titre de l’album ?
Max (chant) : Au travers des paroles de l’album, il y a beaucoup de choses que je n’ai pas réussi à dire voire même à m’avouer parfois. Ce terme a vraiment été une façon de l’avouer ouvertement, de me le dire à moi-même et de savoir un peu plus qui j’étais et là où je voulais aller. Du coup, la musique nous a aussi permis de mettre des mots là-dessus.
Il y a eu pas mal de changements de line up entre le premier et le deuxième album. Ont-ils eu une influence sur l’écriture du deuxième album ? Sentez-vous une énergie nouvelle ?
Charles (guitare) : Forcément. Par exemple, l’arrivée d’un nouveau chanteur bouleverse un peu tout. On a enfin trouvé la cohésion que l’on cherchait depuis les débuts.
Julien (guitare) : Je pense aussi qu’on a moins de disparités en termes de goûts musicaux. On est plus facilement alignés sur un style un peu plus rock, parfois un peu pop, parfois électro. C’est vrai qu’on a délaissé le metal qui n’était pas forcément ce que tout le monde voulait. Mais tout s’est fait de façon naturelle. Le virage avait déjà été pris, même avec Anthony sur “Sacré Cœur” et il s’est vraiment confirmé avec l’arrivée de Max.
D’ailleurs Max, sens-tu un lien entre tes textes et ceux du précédent chanteur, Anthony ?
Max : Ce sont deux univers différents. Anthony parlait aussi beaucoup de lui, c’est le seul lien qu’on peut établir. Les thèmes et la façon d’écrire ne sont pas forcément les mêmes.
Vous avez récemment sorti un clip pour “Soaring” où il y a une histoire de danse mais il faut avouer que le sens global nous a un peu échappé. Y a-t-il une histoire derrière les images et les textes ?
Max : En fait, le clip va illustrer les paroles plus ou moins mot à mot. C’est vraiment un message général qui est de repousser ses limites, aller au bout des choses malgré les difficultés. “Crawling is not falling” par exemple : si tu rampes, tu peux quand même continuer à avancer, même si tu galères. Pour revenir au clip, c’est l’histoire d’une danseuse qui aime vivre sa passion et son père l’en empêche. Elle le fait quand même et parvient à convaincre son père qu’elle en est capable et qu’elle en a besoin. C’est un peu le message que l’on voulait donner par rapport à la musique : on a tous galéré à un moment donné, ce sont des barrières que l’on te met devant et il faut les franchir.
On a un peu ressenti l’album comme ça : beaucoup moins sombre et davantage sur deux tableaux que le premier.
Charles : Il y a eu cette volonté mais je pense que c’est même au-delà des textes. Dans la musique, les notes sont plus majeures et des mélodies plus joyeuses et optimistes. Evidemment, la disparition quasi-totale du scream s’inscrit également dans cette dynamique de changement.
Maintenant que vous avez changé de style, il apparaît difficile, si on le voulait, par exemple pour des concerts, de classer Merge dans une scène. Par le passé, vous étiez rattaché à la scène post hardcore, est-ce quelque chose d’important pour vous, cette possibilité d’appartenir à une scène de groupes qui évolue ensemble ?
Julien : C’est important d’appartenir à une scène et encore plus ici, à Paris, car elle n’est pas très grande. On connait vite tout le monde et il faut donc s’entre-aider. C’est vrai qu’on est rentré dans la scène via le post hardcore, via un style plus agressif et étrangement, sur ce style un peu rock alternatif, c’est encore plus compliqué. On n’oublie pas d’où on vient, nos amis sont encore dans cette scène post hardcore, metalcore mais après, c’est vrai, je n’ai pas l’impression qu’il y ait une scène pour nous. A nous d’arriver à séduire la scène rock qui est un peu nouvelle pour Merge. A l’étranger, cette scène existe déjà puisque l’on revient d’une tournée avec Don Broco et on a pu tester notre nouveau style qui pour le coup a bien été reçu. La sortie de “Ineffable” nous permettra justement de voir quels sont vraiment nos auditeurs et quels types de publics viendront à nos concerts. Certainement un auditoire qui apprécie une musique peut-être un peu plus accessible.
Tim : Après on peut déjà le voir aussi avec les premières chroniques de l’album : des gens qui étaient vachement orientés metalcore, ont eux aussi évolué en termes de goûts et ça leur a plu.
On sent que vos premiers amours s’éloignent sur un titre comme “Mirage”. Quels styles de musique et quels groupes ont par exemple pu avoir une influence sur ce genre de titres ?
Julien : Cette chanson est venue en toute dernière. On en avait marre de faire de la guitare et on a commencé à geeker sur de l’électro et on s’est dit que ça pouvait être pas mal, jusqu’à un stade où on s’est dit que c’était “bien” mais peut-être pas pour figurer sur l’album. Puis à un moment, on s’est vraiment mis à fond dessus, on a quelques potes qui sont venus nous donner des idées et finalement, même si c’est un alien, on en est super content.
Charles : C’est aussi une bonne manière de tester la réaction des gens en concert. Pour le moment, c’est un peu le morceau qui ressort à chaque fois quand on fait écouter l’album à nos amis.
Julien : Je pense que le morceau va surprendre mais j’espère que ce sera de manière positive ! (rires)
Kazu, comptes-tu continuer à impressionner tout le monde avec tes titres “In Details” ou vas-tu finir par créer un groupe de post rock ?
Kazu (batterie) : Oui ça m’a déjà traversé l’esprit mais pour l’instant ce ne serait pas le genre de projet dans lequel j’aurai envie de m’investir. Je compose vraiment quand j’en ai envie donc là je suis sur le “IV” et il sera sur le prochain album, c’est sûr. Mais non ce n’est pas vraiment un projet pour le moment.
Et le titre, c’est le nom d’un anime, c’est ça ?
Kazu : C’est juste du japonais que j’ai mis car j’avais du mal à trouver un titre en anglais ou en français. Cela signifie “les chemins que deux personnes prennent”, et ce n’est pas forcément le même chemin.
Charles : C’est un truc que tu ne peux pas vraiment traduire en français.
Kazu : C’est un peu ineffable en fait ! (rires)
Vous revenez d’une tournée avec Don Broco, comment ça s’est passé ? Une petite anecdote ou un souvenir marquant sur l’une des dates ?
Tim : On est parti en tournée en camping-car comme ça on pouvait vivre et voyager avec ce véhicule. A Amsterdam, le dernier soir, chacun est parti s’amuser et découvrir la ville. En fait le camping-car pouvait se fermer à clés sans les clés, il suffisait de mettre un loquet et de fermer la porte. Et Kaz est allé faire un tour et a oublié les clés à l’intérieur du camping-car, ce qui a fait qu’on était tous enfermé de l’extérieur. Du coup, on a dû trouver une petite entourloupe pour rentrer dans le camping-car : une fenêtre qui était mal fermée et qu’’n a réussi à ouvrir. On était vraiment content d’arriver au dernier jour sans problème avec ce système de verrouillage. En tout cas, ça aurait quand même été con de pas avoir cassé de vitre et d’avoir été obligé de le faire le dernier jour. (rires)
En parlant de tournée, vous avez déjà joué avec des grands comme The Used, Devil Sold His Soul, Architects ou encore Circa Survive. Quel groupe manque encore à ce (déjà) beau palmarès ?
Julien : Muse ! (rires)
Ah oui, il y a encore du chemin à faire alors !
Kazu : PVRIS !
Julien : Même si on fait plus le même style de musique, Underoath se reforme. (rires)
Une fois que l’album sera sorti, quel est le futur pour Merge ? Qu’envisagez-vous dans l’année à venir ?
Maxime : Jouer un maximum puis recommencer à composer très vite.
Quels sont les groupes français qui pour vous ont réellement le potentiel pour s’imposer sur la scène internationale ?
Tim : Nos potes de Paerish, qui jouent d’ailleurs avec nous lors de notre Release Party à La Flèche d’Or. C’est mon gros coup de cœur de l’année, ils reviennent d’une tournée européenne avec les Silversun Pickups et c’est vraiment super donc je mettrai bien un billet sur eux !
Comme vous le savez, notre média s’appelle “RockUrLife”, donc voilà les gars, qu’est-ce qui rock votre life ?
Julien : Faire de la musique entre nous !
Site web : facebook.com/thisismerge