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YOUNG GUNS (27/10/16)

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Peu de temps avant que les Anglais de Young Guns ne fassent leur retour dans la capitale en première partie de Billy Talent, l’équipe de RockUrLife s’est entretenue avec John Taylor, guitariste de la formation, dans l’enceinte de la classieuse Elysée Montmartre.

Young Guns est de retour avec un nouvel album intitulé “Echoes“. Pourquoi avoir choisi ce titre ?

John Taylor (guitare) : Cela vient d’une conversation que l’on a eu avec le groupe au sujet de ce que pourrait être le thème principal de l’album, en se basant sur les paroles. Gus (ndlr : chanteur) s’est rendu compte qu’une grande partie de ses écrits tournait autour de ses expériences passées, et comment elles pouvaient impacter son futur. Il aime l’image d’échos reflétant tes souvenirs, clôturer des chapitres de ta vie pour en commencer d’autres.

Cet album a été écrit beaucoup plus rapidement que le précédent, “Ones And Zeros”. Comment expliquer cette spontanéité avec “Echoes” ?

John : A vrai dire, on arrivait à la fin du cycle de “Ones And Zeros”, et on avait le sentiment que tout était passé trop vite, que l’on en avait pas fait assez. Toute la couverture médiatique et le buzz autour de l’album s’était éteint, alors on s’est dit “recommençons à écrire et on verra ce qu’il se passera”. Et puis, on a eu cette opportunité de travailler avec le producteur David Bendeth. On a saisi l’occasion, rencontré David, échangé quelques appels sur Skype, et avant d’entrer en studio, on s’était fixé pour objectif d’écrire autant de chansons possibles afin de les amener au studio avec nous. C’était beaucoup de pression.

Etes-vous satisfaits du résultat final ?

John : Oui. Il y a toujours des choses que tu aurais voulu faire différemment, mais on est tous très contents de cet album. On a jamais été aussi rapides pour composer, et c’est un bon sentiment d’être super productif dans un court délai, car il nous faut généralement beaucoup de temps pour écrire.

Il semblerait que vous n’ayez pas ralenti la cadence depuis votre précédent album.

John : Oui, en effet. Certains d’entre nous ont besoin d’être en mouvement constant. Il y a tant d’endroits dans le monde que nous n’avons pas encore vu. On a probablement passé la majorité de notre temps en tournée aux Etats-Unis, et a contrario, très peu de temps autre part, comme en France. La dernière fois que nous avons joué une date à Paris, c’était il y a quatre ans. On ne voulait plus attendre. On souhaitait revenir et recommencer à tourner, pour ne pas laisser les gens nous oublier, ce qui était le cas pour être honnête.

Les paroles de ce disque semblent teintées par le deuil, l’amertume, la colère. En somme, des erreurs et des mauvaises décisions. Comment pourrais-tu expliquer que les émotions négatives puissent pousser à la création ?

John : Pour ma part, j’ai toujours été plus inspiré par la souffrance que par le bonheur. Je ne sais pas d’où cela vient. Je suis de base une personne en détresse constante. Je passe beaucoup de mon temps libre à m’en plaindre. Mais la souffrance a quelque chose de romantique. Ces sentiments sont difficiles à gérer, alors tu as besoin de trouver une forme de thérapie. Le bonheur, c’est juste ce truc où tu fais des choses que tu aimes, mais ça ne t’inspire pas à créer grand chose. Je crois que Gus et moi-même nous nous ressemblons beaucoup sur ce point là. On a passé deux années difficiles en termes de relations amoureuses, d’amis qui quittent le groupe, Young Guns qui ne marche pas aussi bien que nous l’aurions voulu, et j’en passe. Je suppose que l’on a utilisé cette déception pour nous motiver à devenir un meilleur groupe.

Quelle est ta chanson préférée sur l’album, et pourquoi ?

John : Je dirais que la chanson “Echoes” est notre préférée à tous. Je sais que Gus est très content des paroles, et c’est un morceau qui lui est personnel. Elle est aussi très amusante à jouer en live. Je pense qu’elle représente à elle-seule le coeur de l’album. J’aime aussi des titres comme “Mercury In Retrograde”, qui, je trouve, se différencie des autres. Fondamentalement, c’est une chanson pop. Gus et moi-même nous nous sommes enfermés au studio un soir. On a ouvert des bouteilles de bière et de vodka, fumé environ quarante cigarettes et nous sommes forcés à finir la chanson car c’était notre dernier jour en studio. J’aime le fait que “Mercury In Retrograde” soit une référence à l’espace ou même la température, et encore beaucoup d’autres métaphores.

 

 

Vous avez sorti quatre albums en six ans. Quelle est la recette pour rester si créatif ? La souffrance ?

John : Je dirais la souffrance en partie, oui. (rires) Honnêtement, on a tendance à ne pas beaucoup écrire sur la route. On aimerait pourtant, mais c’est difficilement réalisable. Alors, à chaque fois que l’on rentre de tournée, plutôt que de rester à ne rien faire et attendre l’arrivée des prochaines dates, on se retrouve, on répète, etc. On essaie de rassembler le plus de morceaux pour avoir de quoi nous stimuler une fois la tournée finie. On déteste l’ennui. Aussi, jouer la même musique pendant trois ans nous lasse. Alors, il faut continuer de créer, s’inspirer continuellement.

Qu’est-ce que ton expérience dans Young Guns t’a appris en tant qu’individu et guitariste ?

John : J’ai appris que je ne suis pas une si bonne personne que ça. C’est difficile pour moi de rester près des gens. Etre dans un groupe souligne tes défauts en tant qu’individu, plus particulièrement lorsque tu traînes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 avec les mêmes personnes. Tu prends conscience de tes défauts très vite. Dans un sens, ça t’aide à t’améliorer et devenir quelqu’un de meilleur. En tant que guitariste, je dirais que je prends ça pour acquis. Je ne m’entraîne pas assez. Evidemment, on joue tous les soirs, mais malgré tout je ne prends pas le temps de m’asseoir pour m’exercer, à part depuis peu où j’essaie de prendre ça plus au sérieux. Je pense que les autres membres devraient faire de même, mais je suppose que c’est la dernière chose que tu souhaites faire après avoir joué sur scène tous les soirs. (rires)

Parlons d’ego maintenant. Si tout le monde en possède un, il peut néanmoins se révéler contraignant lorsqu’il est question de création collective. D’après ton expérience, quelle place occupe-t-il dans un groupe ?

John : Je suis certain que l’ego vient souvent poser problème, et ça arrive parfois au sein de Young Guns, mais on essaie toujours de respecter une certaine démocratie lorsque l’on compose. Même si un membre apporte la majorité des idées, tout le monde a son mot à dire. Si quelqu’un n’aime pas une section d’un morceau en particulier, on l’enlèvera pour en refaire une autre jusqu’à ce que tout le monde en soit satisfait. C’est comme ça que l’on travaille, ce qui peut s’avérer embêtant puisque par défaut, écrire une chanson qui convient à tous les membres peut prendre beaucoup de temps. Mais c’est impensable de sortir un album et le jouer sur scène pendant deux ans si certains ne l’aiment pas. Avec “Echoes” par exemple, on voulait tous faire un album purement rock. Néanmoins, on ne voulait pas retourner en arrière. On voulait être moderne tout en gardant nos influences.

En parlant de tournée, être musicien requiert parfois de payer le prix fort en termes de vie personnelle, de vie de famille. Est-ce qu’être musicien, c’est être égoïste ?

John : C’est un sujet qui me parle beaucoup en ce moment. Je pense que fondamentalement, tu es égoïste quand tu décides d’être musicien. En même temps, je pense que les gens qui ne font pas de musique ne peuvent pas comprendre. Si quelqu’un te demande d’arrêter la musique, c’est comme te demander de changer une partie de toi. Et je pense que nous en sommes tous incapables. J’y pense beaucoup. J’adorerais mener une vie plus normale, dans laquelle j’aurais de l’argent, une famille, un chien. Mais la musique est quelque chose de très intrinsèque, et tu ne peux pas la retirer de quelqu’un. Ton âme en serait très malheureuse. La musique devient une énorme partie de ta vie, et tu oublies comment faire quoique ce soit d’autre. C’est assez effrayant. L’idée d’avoir un travail normal me terrifie. Avoir une vie normale me terrifie. C’est aussi parce que le problème n’est pas que l’on ne veut pas arrêter, c’est que l’on ne pourrait sûrement pas. On est incapable de faire des choses strictement normales.

Parlons un peu plus de toi. Si on voulait avoir une meilleure idée de qui tu es, quelles livres, films, chansons nous recommanderais-tu ?

John : Je suppose que la musique est très importante pour moi. Je ne suis pas fermé d’esprit, j’aime tout; je peux aller du hip hop au metal, de la folk à la country, etc. C’est pareil pour le cinéma. Cependant, ce que je cherche dans les différents formes d’art, ce sont les métaphores que je pourrais mettre en lien avec ma vie. C’est ma manière à moi de consumer de l’art. Dans ce sens, ça fait encore de moi quelqu’un d’égoïste : j’essaie de trouver des choses qui me concernent dans tout. Je crois que ma plus grande obsession reste l’espace. Je trouve toujours un moyen de le rapprocher de ma vie. Ca a l’air assez obscur dit comme ça ? (rires) Il y a quelque chose de romantique dans toutes ces choses qui existent mais dont tu n’as pas connaissance.

Pourquoi l’espace en particulier ?

John : Je suppose que c’est une forme d’échappatoire à la réalité. Je me surprends souvent à m’éloigner de la réalité, parce qu’il y a tellement de choses auxquelles penser.

 

 

Pour conclure, notre site s’appelle “RockUrLife”. Alors, qu’est-ce qui rock ta life ?

John : Je dirais probablement être dans un groupe. Peu de gens sont en mesure de le faire. Ca nous permet de beaucoup voyager, ce que j’adore. Je vois de nouveaux endroits, je rencontre de nouvelles personnes. La musique est cathartique. Elle est pratique pour purger les choses qui te rendent malheureux. Je suis très content de pouvoir faire ça tous les jours.

On est bon. Merci, et à ce soir.

John : Super, merci !

 

 

Site web : weareyoungguns.com