Peu de temps avant le concert de Papa Roach à l’Olympia, l’équipe de RockUrLife a pu s’entretenir avec son guitariste, Jerry Horton, pour un entretien tout en détente et jovialité.
Commençons par parler de “Crooked Teeth“. Sur ce nouvel album, vous semblez prolonger votre évolution musicale tout en réincorporant des sonorités de vos précédents opus, particulièrement “Infest” (2000). D’où vous est venu ce désir de réexplorer ces éléments ?
Jerry Horton (guitare) : Le processus d’enregistrement de cet album a été très différent du précédent. Cette fois, nous nous sommes assis et avons échangé quelques idées que l’on avait tous individuellement. Ma vision tournait autour d’un retour aux sources en terme de composition, revenir à la manière de travailler que l’on avait avant de collaborer avec des producteurs. On a foncé, sans penser à faire un hit radio, ni se contraindre à une seule et même formule. Aussi, on voulait faire quelque chose de très différent en termes de sonorités pour cet album. On se disait qu’on aimerait miser sur une production plutôt pop au niveau des tonalités et instruments mis à contribution, tout en gardant l’énergie et l’innocence des titres de “Infest” en terme de composition.
En fait, au départ, on ne savait pas avec qui l’on souhaitait travailler. Alors, on a commencé à travailler avec une poignée de producteurs différents sur différentes chansons, pour comprendre quelle direction prendre avec ce disque. “Born For Greatness” a été le premier titre sur lequel on a travaillé, avec Jason Evigan [Madonna, Demi Lovato, Maroon 5]. L’idée était de travailler avec quelqu’un qui est dans le milieu pop, pour qu’il puisse nous pousser dans cette direction. Mais parce que l’on fait de la musique depuis longtemps, on sait à quoi Papa Roach doit ressembler musicalement. On ne voulait pas pousser cette intention pop beaucoup trop loin, sans quoi nous perdrions notre identité. On a alors collaboré avec d’autres producteurs pour la production du reste de l’album : Colin Brittain [Stick To Your Guns, One OK Rock] et RAS [All Time Low, Machine Gun Kelly, Avicii]. Ils ont tous les deux eu le même avis : il fallait que Jacoby rappe à nouveau et retrouve cette intensité. Sans même se concerter, on avait tous une vision similaire concernant la composition.
Il y a quelque chose de très brut, honnête, vrai dans le travail de Papa Roach. Pour “Crooked Teeth”, le thème général semble tourner autour de la notion de vulnérabilité, d’imperfections, qu’il est important d’accepter et apprécier; idées très présentes dans l’identité du groupe depuis maintenant un bon moment. Etait-ce une intention commune, une décision prise volontairement en tant que groupe ?
Jerry : Au commencement de Papa Roach, ce n’était définitivement pas le mot d’ordre. Avant “Infest”, les paroles ne ressemblaient en rien avec ce que l’on a fait par la suite. Ce n’était pas avant que Jacoby décide d’écrire au sujet de beaucoup de choses dont il faisait l’expérience dans sa vie que l’on a pris une autre route pour l’écriture de paroles. On était devenus des adultes, vivant seuls, faisant l’expérience de plusieurs choses. Il a commencé à écrire à ce sujet, et à son sujet à lui. Et puis, d’autres choses se passaient autour de lui. “Last Resort” n’est pas à propos de Jacoby, mais d’un de ses amis par exemple. Il a ressenti le besoin de mettre ça sur papier. C’est lorsque l’on a rencontré nos fans, et qu’ils nous disaient qu’ils s’identifiaient aux chansons et qu’elles les aidaient dans des moments difficiles, que l’on a réalisé l’impact que pouvaient avoir les paroles de Jacoby sur les autres. Le fait qu’il écrive au sujet de ses démons de manière publique et assumée a connecté les gens à notre musique d’une façon beaucoup plus profonde qu’un quelconque titre pop ne pourrait le faire en disant “faisons la fête !”. On a réalisé que l’on devait être authentique, essayer de remonter le moral des gens.
[Jacoby s’introduit discrètement dans la pièce avant de repartir]
Hey ! On parlait justement de toi.
Jacoby Shaddix (chant) : Coucou ! (rires)
Pour parler de toi en tant qu’individu, que fais-tu en dehors de la musique qui contribue à ta musicalité ?
Jerry : J’écoute de la musique tout le temps. Je sélectionne des choses qui me plaisent et que je veux essayer, mais je pense que c’est tout.
Es-tu intéressé par d’autres pratiques artistiques ?
Jerry : Je suis photographe depuis longtemps, ça reste un hobby. Mais je ne pense pas que ça influence vraiment ma musique.
Ca pourrait, la musique et l’image étant intimement liés.
Jerry : C’est vrai, et j’ai réalisé des photos pour notre dernier album d’ailleurs, mais j’ai le sentiment que jusqu’à maintenant, je n’ai pas encore regardé une image et dit “je veux écrire un riff dessus !” (rires)
Tu pourrais incorporer des éléments de ton travail photographique dans un clip vidéo un jour.
Jerry : C’est vrai !
Pour creuser un peu plus le sujet de la photographie, y-a t-il des sujets de prédilection que tu aimes photographier ?
Jerry : Non, c’est juste ce que je vois. Parfois quand on a un day off, je sors pour prendre des photos. Habituellement, ce sont des paysages ou de l’architecture, parfois des personnes. J’ai tendance à percevoir des motifs partout et c’est là dessus que je me concentre. J’aime aussi le macro, se rapprocher au plus près d’un objet et le présenter de manière à ce que les gens le perçoivent d’une autre façon.
Puisque l’on parle d’image, comment décrirais-tu l’identité visuelle de Papa Roach ?
Jerry : L’élément le plus fort que l’on ait est le cafard renversé. On essaie de changer nos visuels pour chaque album, alors je ne pense pas qu’il y ait une identité visuelle spécifique qui subsiste. Néanmoins, on a récemment eu le désir de retourner à notre ancienne esthétique, un peu plus punk rock et percutante.
Un sujet un peu différent maintenant. Le milieu musical semble de plus en plus sensible aux causes sociales, aux inégalités de genres notamment, en essayant par exemple de rendre les concerts plus safe pour tout le monde. On a d’ailleurs vu récemment des exemples de frontmen stoppant le show car ils furent témoins de scènes problématiques dans la foule. Est-ce important pour toi et pour le groupe? As-tu constaté une amélioration au sein de votre scène ?
Jerry : Pour les inégalités de genres, je vois de plus en plus de groupes féminins, ce qui est super. Aux concerts, nous ne tolérons pas les comportements inappropriés, surtout si on les voit. On veut que tout le monde soit en mesure de s’amuser, sans devoir se soucier d’être en danger de quoique ce soit. On a déjà arrêté des concerts auparavant pour s’occuper d’incidents de ce type.
Dernière question : notre site s’appelle “RockUrLife”. Alors, qu’est-ce qui rock ta life ?
Jerry : Le public ! Plus spécifiquement sur cette tournée, qui a été géniale. Les gens sautent, chantent en choeur, font des moshpits… et ce soir, c’est Paris qui rock ma life ! (rires)
Bonne phrase de conclusion. Merci à toi !
Jerry : Merci, à ce soir !
Site web : paparoach.com