Après plusieurs années d’absence, c’est dans la très belle salle du Trianon que les américains de Death Cab For Cutie avaient donné rendez-vous à leur public parisien en ce lundi de pentecôte. Une belle occasion d’entendre enfin en live les morceaux du dernier album en date du quatuor indie rock, “Codes And Keys“. Et à en juger par le monde présent ce soir là, personne ne voulait rater ça.
Mais d’abord, ce sont les français d’Apes & Horses qui s’emparent de la scène un peu avant 20h, plongeant l’audience dans une ambiance assez atmosphérique. Tout comme leurs ainés de Death Cab For Cutie, les quatre garçons originaires de la région parisienne délivrent un rock indé énergique et emprunt d’une certaine poésie, notamment grâce aux effets de synthé. La salle déjà bien remplie réserve un accueil au départ assez réservé au jeune groupe, avant de se laisser prendre au jeu et de lui manifester un vrai enthousiasme. La formation, qui a connu une ascension assez fulgurante depuis qu’elle a été choisie par le quartette anglais Wu Lyf pour l’accompagner en tournée en 2011, trouve sa force dans les voix complémentaires de ses deux chanteurs. Bien que les Apes & Horses s’avouent un peu intimidés par le prestige de jouer dans un tel lieu et en si bonne compagnie, n’ayant en plus appris la nouvelle que quelques jours plus tôt, leur performance, juste et posée, n’en laisse rien ressentir. Leur set prend fin vers 20h30 sous les applaudissements nourris d’un public conquis par l’intensité des morceaux du jeune quatuor.
Moins de vingt minutes plus tard, c’est déjà au tour de Death Cab For Cutie de faire son entrée. La salle, désormais bondée, jubile tandis que les quatre musiciens s’emparent de leurs instruments respectifs. Il est agréable de voir qu’un groupe comme DCFC rassemble un public très varié, des jeunes comme des moins jeunes, un certain nombre de couples, et pas mal d’étrangers ayant fait le déplacement exprès. Ce soir, les américains comptent bien compenser leur longue absence auprès du public parisien en lui offrant un set des plus complets, comprenant plusieurs morceaux issus de “Codes And Keys”, qu’il n’a jamais eu l’occasion de voir joués depuis la sortie de l’album un an plus tôt. Ce ne sont pas moins de dix-neuf titres que la formation emmenée par Ben Gibbard enchaînera ce soir, n’oubliant pas les indémodables comme le tube “Crooked Teeth” et la très émouvante ballade “I Will Follow You Into The Dark”, reprise à l’unisson par une audience clairement familière de l’univers du groupe. Le quatuor indie n’est pas du genre à mettre en scène sa prestation, et c’est donc une impression de grande spontanéité qui se dégage de sa performance, avec même un petit faux départ totalement assumé au début de “Codes And Keys”. Il est vrai que les transitions et les longues parties instrumentales, si elles prouvent l’excellence de ces musiciens, ont quand même un peu tendance à ramollir l’ambiance, mais Death Cab For Cutie ne fait pas l’erreur de tomber dans l’excès et conserve une bonne énergie tout du long. Ben Gibbard n’est pas un grand bavard, mais il prend quand même le temps de mettre à l’aise tout le monde et avoue qu’il ne comprend pas pourquoi la formation a mis autant de temps à revenir dans l’Hexagone. En fait, la vision du frontman passant du piano à la guitare en alternance avec Chris Walla, prenant même place à une deuxième batterie sur l’explosif “We Looked Like Giants”, suffit amplement à assurer le spectacle. Et bien que la salle soit pleine, la foule ne manquant pas d’exprimer sa satisfaction, l’ambiance est finalement assez intimiste, voire même familiale, on a l’impression d’être là en privilégiés. Le triomphe que leur réserve le public parisien incitera les quatre compères à revenir sur scène pour un rappel de trois chansons, terminant en beauté sur le fameux “Transatlanticism” à 22h50.
Un retour particulièrement attendu et réussi pour Death Cab For Cutie, qui prouve que ces quatre américains là ont encore la cote par chez nous. Belle découverte aussi que Apes & Horses, bien partis pour tirer leur épingle du jeu parmi la scène française, pour commencer. Amateurs d’indie rock, c’était la soirée à ne pas rater cette année. On espère que vous étiez là.
Setlist :
A Lack Of Color
I Will Possess Your Heart
Crooked Teeth
Why You’d Want To Live Here
Doors Unlocked And Open
Long Division
Grapevine Fires
Codes And Keys
Summer Skin
I Will Follow You Into the Dark
You Are A Tourist
Underneath The Sycamore
The New Year
Soul Meets Body
We Looked Like Giants
Marching Bands Of Manhattan
—
Portable Television
Tiny Vessels
Transatlanticism