Mardi 23 octobre, le Bataclan était “the place to be” pour tous les amateurs de metalcore en cette fin d’année : les floridiens emmenés par Matt Heafy font leur retour moins d’un an après leur Olympia aux côtés d’In Flames, Ghost, Rise To Remain et Insense. Cette fois-ci, la soirée se déroule dans la salle du Boulevard Voltaire en compagnie de As I Lay Dying, Caliban et Upon A Burning Body.
18h25, alors que le Bataclan n’est que remplie de son tiers, bien qu’affichant sold out, le premier groupe, UPON A BURNING BODY fait irruption sous les acclamations. Premier constat : ça tabasse ! Alors que le chanteur en costard demande au pit de bouger, pogos et moshs démarrent déjà dans la fosse sous la double pédale de ce deathcore plutôt dévastateur. Entre deux chansons, les texans font la promo de leur dernier album “Red. White. Green” paru le 4 octobre avant le single “Sin City”. Habité par les chansons, le frontman Danny Leal, en uniforme tout comme ses camarades, ne cessera d’haranguer la foule en mimant des décapitations tel un All Black en furie et chauffant la salle qui ne tardera pas à lancer le premier circle pit de la soirée ! Bref, les gang vocals comme au début de “Texas Blood Money” se font entendre, une bonne ambiance durant vingt-cinq minutes de set énergique et ce n’est que le début !
Un quart d’heure plus tard, les allemands de CALIBAN, visiblement attendus par de nombreux fans, font leur entrée sur une intro avant “Dein R3.ich”, extrait du dernier effort studio “I Am Nemesis” qui sera mis à l’honneur avec pas moins de quatre titres sur les sept titres interprétés (“We Are The Many”, “Davy Jones”, “Memorial”) sans oublier les incontournables “I Will Never Let You Down”, “24 Years” et “Forsaken Horizon” issus des précédents albums. Le groupe qui n’était pas revenu dans la capitale depuis mai dernier, est content d’être là. Le public aussi, au vu de la foule massée devant la scène. Après un “We Are The Many” dont le refrain sera repris à l’unisson le point levé (“You’ve got fucking kiding me !?”), un wall of death, demandé par le chanteur à la crête Andy Dörner, s’exécute, divisant ainsi la fosse en deux ! S’ensuit two steps et autres mosh ! Pouvant autant être mélodique que brutal, le son de Caliban est dominé par l’alternance chant clair/chant hurlé avec les moshparts qui vont avec ! Regain d’activité dès “Memorial” et la dernière chanson, “Forsaken Horizon”. Déchainée tout le long de la demi-heure de set, la fosse, qui n’a désormais peur de rien, est prête à accueillir le groupe suivant.
20h12, les lumières s’éteignent à nouveau. L’intro tonne tandis que Jordan Mancino (batterie) s’installe sur son kit surélevé au centre de la scène du Bataclan suivi des autres musiciens. D’emblée, le quintette californien metalcore AS I LAY DYING démarre avec “Condemned”, l’un des deux seuls titres avec “Anodyne Sea” tiré de l’avant dernière galette, “The Powerless Rise” (2011). D’emblée : force est de remarquer que le frontman Tim Lambesis, connu pour son charisme et sa puissante voix, impressionne de part sa carrure. En effet, grâce à l’un de ses sponsors, le chanteur qui était déjà grand, a pris du muscle tel l’incroyable Hulk en version tatoué ! Cette métamorphose physique semble avoir un effet sur son chant toujours maitrisé, étant plus grave qu’auparavant. Serait-ce l’effet testostérone ? Quoi qu’il en soit, rien à signaler niveau performance. Le set fera la part belle aux anciens morceaux tels que “94 Hours”, “Through Struggle” ou encore “Paralysed” au détriment du sixième disque, “Awakened” sorti il y a quelques semaines, qui sera défendu par seulement deux titres (“Cauterize” et le single “A Greater Foundation”). Dans la fosse, c’est la guerre, il y a du mouvement dans tous les recoins ! Dès les premières notes de “Nothing Left”, la foule entre en transe au rythme fou de la double pédale de Jordan, ça blaste ! Après avoir introduit le nouvel album, Tim Lambesis demande un circle pit sur “Cauterize”. C’est le chaos total, les survivants de cette apocalypse continuent de plus belle avec un wall of death (décidément !) sur l’un des titres les plus appréciés des fans, “Confined”. Avant la dernière chanson “The Sound Of Truth”, le frontman confie à l’audience que c’est son concert préféré de toute la tournée tellement AILD a eu un excellent accueil. Il faut dire que le groupe n’était pas repassé par Paris depuis le 9 novembre 2010 au Trabendo, soit deux ans d’attente pour les fans. Suite à quasiment une heure de show, les américains serrent quelques mains avant de disparaitre.
Dernière interruption durant laquelle la scénographie est installée avec notamment les épées en forme du “T” de TRIVIUM. La fosse est pleine à craquer et les premiers rangs compressés à la barrière. 21h15, l’instrumentale “Capsizing The Sea”, ouvrant également le cinquième et dernier album “In Waves” (2011), lance les hostilités. Elle sera suivie de la chanson éponyme débutant avec le fameux cri de guerre du samouraï Matthew Kiichi Heafy sous l’exultation générale de l’armée de fans ! Après “Like Light To Flies” et “Rain”, le chanteur, muni de sa Flying V, demande tel un James Hetfield au début d’un concert de Metallica, modèle pour Trivium, combien de fois le public a déjà vu le groupe en live. Ce soir, le charismatique frontman défie les français d’être le meilleur public de l’actuelle tournée. Pour cela, il faudra battre les foules anglaises et belges. L’audience ne se fait pas prier et dès “Into The Mouth Of Hell We March”, la salle devient carrément un champ de bataille rythmé sous les screams de Matt, Corey Beaulieu (guitare/chant) et Paolo Gregoletto (basse/chant) qui ne cesseront de se déplacer sur scène durant tout le set ! Le show, véritable best of, plaira à la fois autant aux anciens qu’aux nouveaux fans. Tout le long, les refrains de tous les morceaux seront repris le point levé, à plein poumon. Le public est tellement réceptif que ça en étonne Matt. Des solos de guitare à gogo, des circle pits et même des walls of death, des pogos, des slams de partout, le Bataclan en voit de toutes les couleurs ! Plus tard, Matt Heafy avouera que c’est le meilleur public que Trivium n’aie jamais eu en France et se remémore le tout premier concert avec seulement 45 personnes dans le public. Fini le discours, “vous ne devriez pas être fatigués, car nous avons beaucoup de chansons”, déclare le frontman avant de terminer comme à son habitude sur un mot toujours bienveillant envers l’audience : “ne bousculez pas les filles des premiers rangs, mais protégez les !”. “Paris, tu kiffes ?” demande Matt dans la langue de Molière avant d’annoncer que les parisiens sont désormais ex-aequo avec Londres. Arrive “Watch The World Burns” du dernier album, qui fait taper les mains en rythme et le refrain est comme toujours repris en choeur. L’intensité du show ne faiblit pas d’un poil, au contraire, on assiste même à une montée en puissance notamment sur les anciens tubes tels que “A Gunshot To The Head Of Trepidation, “Dying In Your Arms” ou encore “Pull Harder On The Stings Of Your Martyr” qui a révélé le groupe grâce à “Ascendancy” (2005), très plébiscités par la foule. 22h13, “Ca va Paris ? Il fait chaud”, déclare Matt avant “Ember To Inferno” du premier effort studio éponyme sorti en 2003, en featuring avec Corey, assurant le chant principal. Suite à ce titre, le chanteur, toujours au top de sa forme, avoue que le concert de ce soir est bel et bien le meilleur des sept précédents shows de la tournée européenne. “Holy shit! Vous êtes inarrêtables !” dixit le leader du groupe. En effet, le Bataclan donne tout. Sur l’avant dernière chanson du set, “Torn Between Scylla And Charybdis”, jamais jouée en France, les headbangs continuent et enfin, Matt Heafy demande une dernière faveur sur “Throes Of Perdition” où il faut tout exploser et montrer une fois pour toute que les français sont les meilleurs. Enième wall of death, les “die !” du pont sont repris par l’assemblée, qui se défoulera une dernière fois pendant que Trivium remercie encore une fois Paris. 22h45, l’outro “Leaving This World Behind” sonne la fin de la bataille. Victorieux, Matt, Corey, Paolo et Nick se réunissent une dernière fois au centre de la scène avant de saluer la foule et partir.
Avec un public déjà acquis à sa cause (le concert affichant complet), Trivium réussit sans difficulté à convaincre avec son metalcore fédérateur et une incroyable énergie communicative. Il faut dire qu’en ayant des premières parties aussi efficaces que variées telles que Upon A Burning Body, Caliban et As I Lay Dying, la soirée ne pouvait aller que crescendo !
Setlist :
Capsizing The Sea
In Waves
Like Light To The Flies
Rain
Into The Mouth Of Hell We March
Down From The Sky
Entrance Of The Conflagration
Black
The Deceived
Watch The World Burn
A Gunshot To The Head Of Trepidation
Ember To Inferno
Built To Fall
Dying In Your Arms
Pull Harder On The Strings Of Your Martyr
Torn Between Scylla And Charybdis
Throes Of Perdition
Leaving The World Behind
Crédit photos : Virginie Schmidt