Samedi 30 mars 2013, une froide journée s’abat sur Paris, le bassin de La Villette est baigné dans un brouillard glaçant, de maigres flocons tombent mollement du ciel et le givre pare les allées menant au Trabendo, salle mythique et voisine du Zenith où ce soir se produit Jenifer. Cependant, c’est tout autre chose qui s’offre à nous aujourd’hui. Nous sommes là pour le groupe qui prend une ampleur fulgurante dans le paysage rock mondial, les californiens qui enchaînent les tournées depuis maintenant deux ans, les Rival Sons. C’est prometteur pour ce soir, le concert affiche complet, des fans sont venus en repérage dès les premières heures de l’après-midi et la configuration de la salle offre des perspectives plus intimistes qu’au Nouveau Casino où ils se sont produits à l’automne dernier.
Le Trabendo se remplit vite et la frontstage est peuplé d’une foule compacte, le support band pour ce soir se nomme THE BALCONIES, un groupe canadien que les Rival Sons ont embarqué avec eux pour la tournée européenne suite à leur date de Toronto. Le groupe arrive sur scène débordant d’énergie, très lookés, et visiblement ravis d’être là. Le Canada est sans conteste un berceau de talents, The Balconies offre un show impeccable, mêlant rock puissant, riffs psychédéliques, groove dansant et rythmiques puissantes. La chanteuse Jacquie fait des prouesses vocales et fait penser à un savant mélange entre Joan Jett et Alison Mosshart. Les titres s’enchaînent et le public est réceptif, il y a une bonne énergie circulant entre la scène et la fosse, le son rock, teinté de pop parfois, fait danser les moins timides et le kick puissant donne une mesure métronomique qui fait hocher les têtes. Une belle surprise que sont The Balconies, une formation à suivre, un album à venir et pourquoi pas une tournée de notre côté de l’Atlantique.
Les RIVAL SONS arrivent sur scène sous un tonnerre d’applaudissements, Jay, Scott, Robin, Michael, tirés à quatre épingles comme toujours, saluent l’audience et rentrent directement dans le vif du sujet. L’envergure de la salle est parfaite, la foule est compacte et l’ambiance s’électrise. Le quatuor est en forme et donne le ton, “You Want To”, “Get What’s Coming” et “Wild Animal” chauffent une fosse déjà conquise. La section rythmique assurée par Robin et Michael est tout simplement implacable, un groove puissant, organique, syncopé mêlant diverses influences, résolument revival, mais d’une efficacité redoutable. Scott jongle entre les guitares (Gibson et Kauer) et transperce l’air ambiant de ses riffs fuzzés et autres envolées mélodiques. Jay assure son rôle de frontman et semble transporté dans un plan cosmique parallèle. Le setting de la scène donne la priorité au son plus qu’au show, le light show est fait de manière à ce que la section instrumentale des Rival Sons baigne dans une lumière tamisée bleutée et seul Jay est mis en lumière. Mêlant des morceaux tirés des différents opus des californiens, la setlist est riche et bien pensée. “Gypsy Heart” et “Torture” auraient pu être jouées au Whisky A Gogo dans le L.A. des années 70. Cette montée psychédélique et blues saturée amène sur un (court) moment de répit avec “Memphis Sun”. Jay interagit peu avec le public, un petit mot de temps en temps pour remercier. Mais les afficionados connaissent le personnage, ce n’est pas tellement son genre. Plutôt réservé, il s’offre par la musique. S’enchaînent quatre morceaux de “Head Down“, les très festifs “All The Way” et “Until The Sun Comes “, la ballade “Jordan” qui prend aux tripes, “Manifest Destiny Part 1” très psychédélique et lourd et “Keep On Swinging” dans la plus pure tradition classic rock. Le son est vraiment bon et les Rival Sons sont animés d’une énergie transcendantale, chacune de leurs apparitions est différente, mêlant un show bien réglé et une part d’improvisation instinctive. Cela saute aux yeux et aux oreilles de ceux suivant le combo depuis un moment et ayant fait au moins deux fois le déplacement pour une de leurs dates. Après “Pressure And Time”, Jay demande à ce que tout appareil photo, caméra, téléphone soientt mis de côté, il parle de communion et d’individualité, de l’amour que l’on doit avoir les uns envers les autres, un moment morissonesque d’aucun diront. Une intro acapella de “Sacred Tongue” (jouée pour la première fois en France) ravie un public maintenant complètement transporté dans ces vibes intemporelles, Jay dédicace “Face Of Light” à son fils. Le moment de communion dont parlait Jay arrive et nombre de personnes se prennent dans les bras, pleurent, se tiennent les uns contre les autres dans un silence monacal. Sortie de scène pour le quatuor, seul Michael reste derrière ses fûts, c’est donc lui qui va introduire le rappel. Un solo de batterie qui fait repartir le palpitant après la séquence émotion. Rejoint par Robin et ses lignes de basse funky/soul puis par Scott et Jay pour “Burn Down Los Angeles” et enfin “Soul” pour finir sur un blues/jazz qui nous transporte dans un club sombre et enfumé. Le groupe quitte la scène sous un tonnerre d’applaudissements et autres épanchements vocaux montrant à quel point le public français est conquis par ce groupe d’outre-Atlantique. Robin et Michael restent un temps pour serrer des mains, offrir les set lists, donner des baguettes et autres picks.
Comme à son habitude Rival Sons ressortira plus tard pour remercier les fans, signer des autographes et se plier aux traditionnelles photos souvenir. Très accessibles, ils font attention à rester proches des fans et sont reconnaissants de l’amour qui leur est porté. Des quatre concerts parisiens donnés à ce jour depuis novembre 2011, ce soir au Trabendo a été sans hésitation le meilleur qu’ils nous ait été donnés de voir.
Une soirée riche en émotion qui restera gravée dans la mémoire des fans de longue date et qui aura convaincu les curieux et nouveaux venus. Scott confie que les Rival Sons seront à l’affiche du Main Square Festival d’Arras cet été (qui était leur toute première date française), et possiblement plus. Gardons donc l’œil ouvert. C’est dans cette froide soirée de samedi que le public se disperse en se demandant s’ils sont bien en 2013. Tout âge, sexe, génération confondu, les Rival Sons font l’unanimité dans le milieu du rock, non sans être vierges de références, leur son s’affirmant de plus en plus. Un groupe qui adapte ses lives à chaque date, et sur qui il va falloir compter pendant un bon bout de temps.
Setlist :
You Want To
Get What’s Coming
Wild Animal
Gypsy Heart
Torture
Memphis Sun
All The Way
Until The Sun Comes
Jordan
Manifest Destiny, Part 1
Keep On Swinging
Pressure And Time
Face Of light intro Sacred Tongue
—-
Burn Down Los Angeles
Soul