Les anglais de Bastille connaissent depuis le début de l’année une ascension phénoménale avec leur premier album “Bad Blood”, se propulsant au sommet des charts britanniques à plusieurs reprises grâce à des tubes tels que “Pompeii” ou “Laura Palmer”. En France, la bande de Dan Smith a également commencé à creuser son trou, passant de La Flèche d’Or en avril dernier au Bataclan ce 26 novembre, faisant salle comble dans les deux cas. Nous avons eu la chance d’assister à ce dernier, histoire de constater le phénomène Bastille par nous-mêmes.
Si l’on pouvait encore douter du succès rencontré par le quatuor pop rock/synth pop dans l’Hexagone, un simple coup d’œil à la file patientant dans le froid devant la salle, s’étendant sur des centaines de mètres, suffit à nous confirmer que les lads n’ont apparemment eu aucun mal à remplir ce Bataclan. Une fois à l’intérieur, difficile de trouver un centimètre carré de libre, même dans le fond, alors que l’excitation gagne rapidement le public, assez jeune et, sans grande surprise, essentiellement féminin. Ce sont d’abord les cinq garçons du groupe TO KILL A KING qui s’emparent de la scène à partir de 20h, chargés de lancer la soirée pour leurs compatriotes. Avec leur folk rock tout en nuances, alternant passages a cappella ou acoustiques et vagues d’énergie plus électrique, les gaillards s’attirent sans difficulté la sympathie de la foule, ce qui les encourage à se mettre progressivement à l’aise, après des débuts un peu timides. Le jeu est maîtrisé et la voix du leader Ralph Pelleymounter fait clairement son petit effet sur ceux qui découvrent la formation, une partie de l’audience au moins la connaissant déjà visiblement bien, en témoigne le drapeau français orné de leur emblème jeté à un moment à leur intention. Toute en justesse, sans avoir besoin d’en faire des tonnes dans la démonstration, la bande réussit à établir un vrai lien avec le public, et surtout à créer une ambiance cosy des plus agréables pour démarrer la soirée. Pour son dernier morceau, après une performance d’une quarantaine de minutes, le groupe se lâche et monte dans les décibels, avec une énergie qui nous rappelle les très bons Mumford & Sons.
Il faudra patienter une petite demi-heure pour voir ensuite apparaître les quatre acolytes de BASTILLE, faisant leur entrée dans la plus grande simplicité, pour débuter directement sur le tube “Bad Blood”, immédiatement repris en chœur par le public tandis que Dan Smith commence à remuer frénétiquement. Il est assez impressionnant de voir le frontman passer aisément du synthé aux percussions disposés en milieu de scène pour lui, le tout sans cesser de chanter. Remarquons que ses complices Kyle Simmons (synthé) et William Farquarson (basse) sont également multi-instrumentistes, ce qui conduit à pas mal de déplacements et changements d’instruments. Tous contribuent aux chœurs, et notamment le batteur Woody, avec pour résultat des harmonies vocales de toute beauté qui ont d’ailleurs largement contribué au succès du groupe, comme sur les morceaux “Things We Lost In The Fire” ou “Overjoyed”, avec lesquels la formation enchaîne. L’audience semble connaître toutes les paroles et ne manque pas de s’enflammer lorsque Dan salue timidement son public en français. Il y a chez ce garçon une certaine pudeur, une retenue qui se remarque assez aisément dans son attitude scénique, et qu’il confesse d’ailleurs lui-même, encore que sa tendance à bondir sur place et à s’agiter en tous sens puisse nous faire penser le contraire. C’est en fait à travers des titres plus intimes tels que le très beau “Daniel In The Den” que l’on a l’impression de le voir réellement s’exprimer, intervenant ce soir juste après une reprise étonnante du tube de City High, “What Would You Do?”. Le groupe nous offre également deux nouvelles compositions : d’abord l’énergique “Blame”, futur carton assuré grâce à son refrain aux chœurs entêtants, puis le légèrement plus sombre “The Draw”, aux sonorités presque industrielles, tiré de la version enrichie de l’album “Bad Blood” (“All This Bad Blood”), qui vient tout juste de paraître. Mais ce sont bien évidemment les tubesques “Laura Palmer”, “Icarus” ou encore “Flaws” qui trouvent le plus grand écho auprès du public, toujours prêt à sauter et chanter sans que le leader n’ait besoin de l’y inciter. Sur “Flaws”, ce dernier se permet la petite folie d’aller chanter parmi la foule, ce qui nous le fera perdre de vue pendant quelques minutes, avant qu’il ne rejoigne finalement la scène pour conclure avec ses camarades.
Une fin de premier acte saluée par une belle salve d’applaudissements et acclamations, qui donnent lieu à un inévitable rappel, sans doute la meilleure partie de la soirée. En effet, après le tout doux “Get Home”, le quatuor britannique entame avec bonne humeur son remix “Of The Night” du tube de Corona, que nombre de fans espéraient apparemment entendre ce soir, et immédiatement l’ambiance prend une tournure de vraie fête, avec boule à facettes et lancers de confetti parmi les premiers rangs. Sur scène, on a l’impression que les quatre compagnons se lâchent enfin, eux qui s’étaient jusque-là montrés un peu trop concentrés pour nous donner le sentiment de vraiment s’amuser. Appelant les To Kill A King à la rejoindre pour les faire participer, la formation peut alors entamer son plus grand succès, le déjà classique “Pompeii”, offrant une dernière occasion au public de s’époumoner gaiement avant de rendre la scène vers 22h20.
Belle performance de la part de la nouvelle sensation anglaise ce soir, bien que l’on puisse regretter que la bande ne semble commencer à s’éclater avec son public que sur les derniers morceaux. Encore un peu de timidité donc, mais l’expérience aidant, il va sans dire que Bastille possède tout le potentiel pour conquérir un plus large public et viser encore plus grand pour son prochain passage dans la capitale prévu pour le 10 mars au Casino De Paris.
Setlist :
Bad Blood
Things We Lost In The Fire
Overjoyed
The Silence
What Would You Do?
Daniel In The Den
Weight Of Living, Pt. II
Blame
Laura Palmer
These Streets
The Draw
Icarus
Flaws
—-
Get Home
Of The Night
Pompeii