Après son passage dans la capitale la veille, l’affiche la plus brutale du premier trimestre 2014 avait élue domicile en cette journée pluvieuse au Ferrailleur, avec en prime la présence de Belenos en lieu et place de Kause 4 Konflikt.
Arrivés de bonne heure à la salle, nous décidons d’entrer dans l’antre, afin de découvrir le groupe nantais VCID. Mais la consternation sera de taille, et nos craintes confirmées. La production, pour d’obscures raisons qu’il est inutile de détailler ici, ne souhaite pas nous laisser rentrer malgré l’accréditation délivrée par Belphegor. Une fois nos péripéties terminées, nous voilà enfin dans l’antre de la bête. WAR INSIDE, groupe nantais que nous avons l’habitude de voir, a déjà pris ses marques et nous n’avons malheureusement pas pu assister à la prestation de VCID. Malgré un style différentiable par rapport aux reste de l’affiche par son côté plus death et percutant, le quintette s’en sort à merveille, et le public d’abord sur la réserve leur témoigne un bon accueil. Il faut dire qu’ils sont ici chez eux, et ont le soutien qui va avec. Pour les avoir vus à plusieurs reprises, et dans des conditions très différentes (du Hellfest à la fête de la musique locale), nous pouvons affirmer que ce soir ils ont la grande forme. Plus hargneux que jamais, et malgré un jeu de scène légèrement en décalage avec leur black/death, la formation a l’intelligence de proposer ses titres dans leur version la plus explosive. Les nantais font preuve d’une maîtrise nouvelle et d’une progression qui laisse envisager un avenir radieux. Contents d’eux, ils nous confiront que ce fut l’un de leurs meilleures prestations, bien supérieure à celle de Paris la veille. Avis que nous partageons allègrement et qui nous fait dire qu’il faudra compter sur eux dans les années à venir.
A peine le temps d’échanger un peu avec les amis, de commander une pinte bien fraîche que BELENOS, solennel, entre en scène. Les bretons nous avaient fait bonne impression en mai 2012 lors de leur passage au Divan Du Monde en compagnie de Seth et Glorior Belli, mais également lors du dernier Motocultor. Nous attendions donc beaucoup de cette prestation d’autant plus que le groupe, actuellement en plein enregistrement d’un nouvel album, se fait rare sur scène. Mené par Loïc Cellier, le quatuor peine quelque peu sur les premiers titres. On a la sensation qu’il a du mal à prendre ses marques, et demande à plusieurs reprises de faire des corrections techniques au niveau sonore. Difficile dans ces conditions d’être happé par leurs morceaux, pourtant, oh combien envoûtants et intéressants. Pourtant tout est là : les ambiances celtiques, les tenues “barbares”, la mise en scène païenne, mais voilà il nous faudra attendre pratiquement la moitié du set pour qu’enfin nous rejoignons la cérémonie. Cependant Belenos reste très convaincant et “alléchant” pour tout amateur de black aux touches celtiques et pagan. Si Loïc Cellier, aussi véloce guitariste qu’excellent vocaliste, nous abreuve toujours des vieux brûlots à notre demande, un long chemin le sépare aujourd’hui de ses débuts black metal dépressif. Aujourd’hui il incarne avec plus de force et de conviction ses compositions les plus récentes. “L’Ombre du Chaos”, “Morfondu”, “Fureur Celtique”, “Le Déluge” et bien d’autres se succèdent, déployant toute la vivacité du répertoire exceptionnel du combo. Un très bon moment, qui a réussi sur la fin à réchauffer un public au départ assez réservé.
Changement d’ambiance avec BELPHEGOR, groupe de death/black venant d’Autriche dont la réputation n’est plus à faire. Fidèle à lui-même Helmuth apparaît le visage ensanglanté, et met instantanément le public au diapason en leur faisant scander “hail” sur les premières notes de “Bleeding Salvation”. Dès les premiers titres, la violence est au rendez-vous, sur scène bien entendu, mais surtout dans la fosse. Difficile de se rappeler depuis quand nous n’avons pas assisté à un tel déchaînement de cercles pit dans un concert de black metal… peut-être jamais ! Les slams s’enchaînent, et pris par surprise nous voilà les pieds qui ne touchent plus le sol. Il n’y a aucun doute, certains y trouvent un bon exutoire en se déchaînant sur l’agressivité musicale et la puissance sonore, d’autres appréciant le show comme une excellente cérémonie d’exorcisme. Le set des autrichiens est on ne peut plus carré, et leurs tournées à répétition leur a permis d’acquérir de solides bases sur la manière de gouverner un public. Au vue de l’euphorie qui règne dans la salle, en parfaite symbiose avec son auditoire, le groupe exulte. Piochant dans toute sa discographie, mais plus particulièrement dans son dernier album “Blood Magick Necromance”, le groupe aligne intelligemment compos brutales et plus lourdes, avec en point d’orgue un magistral “Bondage Goat Zombie” que tout le monde attendait avec impatience. Une rapide sortie de scène sous les hurlements, et Belphegor assène son coup de grâce avec un “Necrodaemon Terrorsathan” dantesque. Treize morceaux qui passeront à vitesse grand V, mais qui nous mettrons littéralement sur les rotules. Difficile d’en demander plus, nos vertèbres s’en souviendront encore dans la semaine à venir et dans nos mémoires à jamais ce concert restera le meilleur de Belphegor.
(Je tiens à remercier la team Nuclear Blast : Florian Milz et Valérie Reux pour son incroyable travail et sa ténacité à travers les années, ainsi qu’Helmuth pour avoir lutter pour ses droits et pour son gentil message. Merci également à tous les potos (Foiré d’Blanc, Alex, Vince, Tom, Léo, Azra) de m’avoir fait passer un super moment).