alt-J – The Dream

Le trio anglais indie rock alt-J vient de lever le voile sur son quatrième album The Dream, près de cinq ans après son dernier disque Relaxer (2017). Puisant dans ses racines tout en rafraîchissant son style, la bande ne s’est pas reposée sur ses lauriers.

Une sombre aventure

Alt-J fait l’effort remarquable de s’aventurer sur des terres inconnues. En témoigne l’hypnotisante introduction “Bane” avec son rythme lent et minimaliste. Il faut attendre le troisième titre “Hard Drive Gold” pour commencer à ressentir l’intensité qui a fait la force des Britanniques par le passé.

“The Dream” explore des thèmes sombres. Les mélodies se veulent lissées, comme pour nous permettre de porter notre attention sur les textes riches, présentés sous forme de récits. La rêverie de “U&ME” n’est que de courte durée. Alors que “The Actor” narre la mort de l’acteur John Belushi, “Losing My Mind” et son rythme martelé ainsi que “Get Better” et son intimité désarmante vous laisseront aussi bien stupéfaits qu’éprouvés.

La surprenante “Chicago” et ses sonorités électro ne se veut pas optimiste pour autant. “Walk A Mile”, empreinte de R&B, et l’a capella “Delta” tiennent l’auditeur en haleine. Il faut attendre la conclusion du projet pour percevoir une once d’espoir. A la guitare blues de “Powders”, le chanteur John Newman ajoute : “I’ll get better” (ndlr : Je vais aller mieux).

Presque un livre audio

En proposant des morceaux aux productions léchées et aux textes inspirés, alt-J fait preuve de maturité et réussit l’exploit de l’œuvre complète. Personne ne pourra contredire le fait que les trois garçons se révèlent être des conteurs d’histoire élégants dont l’album s’écoute attentivement, se dévore comme un livre. Effectivement, The Dream fait partie de ces disques qui grandit en vous à chaque nouvelle écoute.

Toutefois, dans un essai où beauté et obscurité se côtoient, trop de précision artistique tue-t-elle l’authenticité ? alt-J prend le risque de frustrer une partie de son public.