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ANATHEMA @ Le Trianon (13/04/15)

Si la machine à voyager dans le temps n’est toujours pas de ce monde, Anathema nous permet aujourd’hui de remonter dans le passé, le temps d’une longue et belle soirée dans le magnifique cadre du Trianon. Le groupe a en effet choisi de parcourir l’ensemble de sa discographie sur quelques dates d’une tournée événement afin de célébrer ses vingt-cinq ans de carrière.

 

 

Trois heures de show et couvre-feu parisien ne font pas bon ménage. C’est pourquoi il est seulement 19h15 lorsque les Anglais montent sur les planches. Et le fait qu’il n’y ait pas de première partie peut rendre difficile l’immersion et fait que le concert semble démarrer de manière un peu abrupte. Concert qui suivra un concept intéressant : Anathema va jouer des morceaux de tous ses albums en commençant par le plus récent “Distant Satellites” (2014) pour terminer par le plus ancien “Serenades” (1993). Et quoi de plus logique pour entamer ce voyage discographique que de démarrer par le morceau qui porte le nom du groupe. Morceau touchant au demeurant et qui contient sans aucun doute l’une des plus belles prestations vocales de Vincent Cavanagh et l’un des plus beaux solos de l’histoire du combo. Ce dernier est l’oeuvre du guitariste Danny Cavanagh qui, après un deuxième titre extrait du dernier opus, nous délivrera un “Are You There?” en solo et non prévu pour ne pas stopper le set le temps de quelques problèmes techniques. Le show reprend son cours normal avec les deux parties de “Untouchable” issues de “Weather Systems” (2012). Toujours aussi efficaces, elles sont suivies de “A Simple Mistake” et son superbe final, extrait de “We’re Here Because We’re Here” qui a vu le grand retour gagnant du groupe en 2010. Viennent ensuite “A Natural Disaster” et “Closer” (“A Natural Disaster”, 2003), qui, bien qu’ils font toujours effet en live, surtout le deuxième, frustrent un peu dans le sens où cette tournée aurait été l’occasion de jouer d’autres morceaux de ce disque rarement joués. Puis il est déjà temps de refermer ce premier chapitre avec le rare “Pressure”, unique titre extrait du sous-estimé “A Fine Day To Exit” (2001), et l’émouvant “One Last Goodbye” (“Judgement”, 1999) qui n’était que peu souvent joué ces dernières années.

 

 

Bien que la date n’affiche pas complet, ce qui est dommage pour un tel groupe et un tel événement, l’ambiance est au beau fixe des deux côtés ce soir. Les musiciens remontent sur scène accompagnés de l’ancien bassiste Duncan Patterson pour entamer le deuxième chapitre de la soirée qui verra les Anglais jouer des morceaux des albums “Alternative 4” (1998), “Eternity” (1996) et “The Silent Enigma” (1995). Et en parlant d’ambiance, l’enchaînement “Shroud Of False” / “Fragile Dreams” / “Empty” donne un sérieux coup de fouet au concert et l’énergie dans la salle monte clairement d’un cran. Daniel Cardoso, qui passe aux claviers, et John Douglas, qui retourne à la batterie, apporte également un sacré changement. Ce dernier est en effet clairement meilleur derrière les fûts et donne aux morceaux la technique et la justesse qu’ils méritent. De plus, peut-être est-ce dû au fait que la bande a plus répété pour jouer ces anciens morceaux avec d’anciens membres, mais on note tout de suite que cette seconde partie semble plus maîtrisée. Les titres sont joués à la perfection, les jeux de lumière travaillés, et les musiciens semblent prendre un réel plaisir à repartir dans le passé. Et malgré la pudeur de Duncan Patterson qui restera en retrait tout le long des deux derniers sets, cela fait plaisir de le revoir à la basse le temps d’une soirée. Anathema a été, est, et sera toujours une famille et nul doute que cela rend cette formation encore plus humaine et touchante qu’elle ne l’est déjà. Après le plus sombre “Lost Control”, place aux quatre titres extraits de “Eternity” et notamment le triptyque éponyme qui fait du bien par où il passe. Quel plaisir de voir ou revoir ce genre de morceaux en live ! Même si Vincent Cavanagh n’a plus cette rage dans la voix qui est aujourd’hui bien plus travaillée, mais pas moins puissante. On remonte enfin aux racines metal des jeunes de Liverpool avec le lancinant et puissant “Sunset Of Age” et “A Dying Wish” qui fera sauter et chanter la foule.

 

 

Déjà plus de deux heures de show se sont écoulées et à aucun moment l’ennui n’a été de la partie et on en vient même déjà à se dire que les trois heures seront finalement trop courtes. Faute de temps à cause des soucis techniques ayant vu Danny Cavanagh jouer “Are You There ?” lors du premier set et du strict couvre-feu, deux morceaux habituellement joués en version “Falling Deeper” (2011), opus qui revisitait d’anciens titres en version plus calme et moderne, passent malheureusement à la trappe. Mais voyons cela de manière positive en nous disant que cela empêchera de faire retomber l’énergie et la puissance du second set. Anathema entame donc ce troisième set accompagné de Darren White au chant avec l’EP “Pentecost III” (1995). L’ancien chanteur, peu connu du public, assure avec brio et en a clairement sous la pédale. Visiblement très heureux de prendre part à cette tournée et d’être dans cette belle salle du Trianon ce soir, il n’hésitera pas à prendre plusieurs fois la parole entre les titres et à remercier le groupe pour les beaux moments passés et présents. Encore une fois, cela s’avère réellement touchant de voir ces musiciens qui montaient une formation au début des années 90, alors qu’ils n’avaient même pas encore vingt ans, rejouer ensemble aujourd’hui. Enfin le combo entame la toute dernière étape de ce beau voyage avec leur tout premier opus “Serenades” (1993). Si l’on pouvait éventuellement appréhender la version live de ces anciens morceaux très bruts sur CD, toute crainte est dissipée dès les premières notes de “Under A Veil (Of Black Lace)”. Et malgré la relative longueur des morceaux, “Lovelorn Rhapsody” et “They (Will Alway) Die” étant également aux alentours de sept minutes, on en redemande clairement. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin, et c’est sur l’excellent rappel “Sleepless” que les musiciens nous laissent en nous délivrant une dernière prestation solide. C’est indubitablement émus et heureux que les Anglais quittent la scène et les fans la salle.

 

 

Les mots sont sans doute trop faibles pour décrire ce genre de soirée : belle, émouvante, puissante pouvant en être quelques qualificatifs. Les absents ont toujours tort a-t-on l’habitude de dire et cet adage était on ne peut plus vrai en ce 13 avril 2015. Les présents ont pris part ce soir à un événement historique dans la carrière de la formation. Une preuve de plus s’il en fallait une qu’Anathema est l’un des groupes les plus humains et passionnés qui existent aujourd’hui, et nul doute qu’il lui sera difficile de surpasser une tournée de ce calibre ! Et après tout, si trois heures de concert filent aussi vite et semblent n’avoir duré qu’une heure, si bien qu’on en aurait repris quelques heures supplémentaires, c’est forcément que la qualité était au rendez-vous, non ? 

 

Setlist :

—- Set 1 : 2014-1999 / Line up actuel —-
Anathema
Distant Satellites
Are You There?
Untouchable, Part 1
Untouchable, Part 2
A Simple Mistake
A Natural Disaster
Closer
Pressure

One Last Goodbye

—- Set 2 : 1998-1995 / avec Duncan Patterson —-
Shroud Of False
Fragile Dreams
Empty
Lost Control
Angelica
Eternity Part I
Eternity Part II
Eternity Part II
Sunset Of Age
A Dying Wish

—- Set 3 : 1995-1992 / avec Duncan Patterson & Darren White —-
Kingdom
Mine Is Yours To Drown In (Ours Is The New Tribe)
Under A Veil (Of Black Lace)
Lovelorn Rhapsody
They (Will Always) Die

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Sleepless