La Maroquinerie accueille ce soir nos amis Québecois Alex Nevsky et Pascale Picard. Malgré un premier album certifié disque de platine en 2007, la jeune Québecoise n’est pas venue dans nos contrées depuis six longues années, ceci s’expliquant notamment par le fait que son deuxième album ne soit jamais sorti en France. Ce soir, il est l’heure pour Pascale Picard de rattraper le temps perdu en nous présentant “All Things Pass”, son troisième album.
ALEX NEVSKY – ou la classe incarnée – investit seul la scène avec une guitare acoustique. Très à l’aise, le Québecois entame son set par la sublime “Himalaya Mon Amour”, tirée de son album du même titre, sorti le 25 septembre dernier. La voix suave et à la fois puissante du jeune homme conquit une Maroquinerie timide et à moitié pleine. Mais Alex Nevsky, lui, n’est pas timide et enchaine les blagues pour détendre l’atmosphère. Il n’hésite pas à interagir avec la foule et c’est dans une ambiance conviviale que le jeune homme alterne entre guitare et claviers, entre une pop folk salée et sucrée (“Les Coloriés”) et surtout, entre poésie et humour. Car nous avons tendance à oublier que nos voisins les Québecois partagent notre belle langue française et Alex Nevsky nous montre ce soir qu’il sait peindre des émotions avec des textes magnifiques (“J’aurai Des Mains”). Le jeune homme rend ensuite un hommage au chanteur Leonard Cohen avec “Suzanne”, qui semble finir de séduire la foule. Moins électronique que sur album, le chanteur livre une prestation touchante car plus en acoustique (“Koh Tao”). Alex Nevsky salue ensuite son amie Pascale Picard et quitte modestement, en gentleman, une salle qui n’aura cessé d’être sous son charme pendant les trente petites minutes de musique qu’il nous aura offert.
Vingt minutes passent et Alex Nevsky a semé une certaine mélancolie dans une Maroquinerie qui ne se remplit guère plus. Pourtant, à 21h tapante, PASCALE PICARD et son band sont acclamés par leur “famille”. Passer de l’Olympia à La Maroquinerie ne pose pas de problème ici, au contraire, il s’agit même d’un avantage pour ce genre de concert où la proximité avec le public semble importante. Le bal débute sur “Haunted States”, extrait du nouvel album de la Québecoise “All Things Pass“. Et c’est ensuite un marathon à travers les trois albums pop folk de la chanteuse qui s’ouvre à nous : “Smilin’!!” / “When At The End Of The Road” sur le premier opus “My, Myself & Us” (2007) et “The Right Rhyme” / “Hell Is The Other People” sur le deuxième, “A Letter To No One” uniquement sorti au Canada en 2011. L’énergie et l’ultra positivisme de Pascale Picard et son groupe ont de quoi réjouir une audience qui avait attendu ce concert ! À ce titre, la chanteuse, qui comme son compère Alex Nevsky, alterne entre guitare et claviers, tient à s’excuser de cette longue attente et se dit heureuse de savoir qu’elle a encore un public en France. Souple, la voix de Pascale Picard est comme un ascenseur dont elle seule maîtrise les montées et les descentes. Rayonnante et dynamique, les regards sont centrés sur la belle Québecoise mais il serait fâcheux d’oublier le talent musical des musiciens qui l’accompagne, notamment un guitariste qui donne des accents plus rock aux compositions. La fête se poursuit avec des morceaux issus du troisième essai : du tube énergique et fuyard “Runaway” à la belle complainte “Blame It On Me”, Pascale Picard montre qu’elle sait verser dans toutes les émotions et cela, toujours dans une joie et une bonne humeur que l’on peut qualifier de “musicalement transmissible”. La jeune femme n’hésite pas à rigoler et dialoguer longuement avec l’assemblée, partageant des anecdotes personnelles qui donnent un peu plus de croustillant au concert. Mais un show de Pascale Picard ne vient jamais sans son lot de surprises et le jam de reprises est très bien accueilli par une foule émerveillée et souriante. Se succèdent ainsi “La Vie En Rose” d’Edith Piaf, une magnifique version du “Chandelier” de Sia (quelle prouesse vocale !) et enfin “What’s Up” des 4 Non Blondes où Pascale Picard invite l’auditoire à chanter en chœur avec elle. L’ascension vers l’Himalaya se poursuit avec le tube “Gate 22”, qui a révélé l’artiste à la face du monde. Toujours du premier album, la chanteuse interprète “Annoying” avant de quitter la scène, tout sourire. Après un court rappel, la Joie et ses acolytes reviennent sur scène pour interpréter le final du dernier effort studio, “Without You”, une belle conclusion à une histoire de rupture dont les paroles ne nous échappent pas. Puis les musiciens quittent la salle pour laisser Pascale Picard seule qui finit en beauté sur “Unconscious Liars”, une ballade où elle met de nouveau la souplesse de sa voix à rude épreuve. Toute seule ou accompagnée, la jeune Québecoise brille. C’est donc un carton plein pour le Québec ce soir avec deux magnifiques prestations !
En France, il nous manquait un mot, un nom ou tout simplement un terme générique pour décrire cette palette d’émotions positives que l’on ressent après un concert, lorsque le sourire, ébauché en première partie, n’a cessé de s’agrandir jusqu’à la dernière note de la tête d’affiche. On se sent Pascale Picard et on espère que ce n’est pas la dernière fois. La chanteuse a d’ailleurs promis à son public qu’elle n’attendrait pas six longues années avant de se reproduire dans la capitale : chose promise, chose due, rendez-vous le 2 décembre au Petit Bain de Paris !
Setlist :
Haunted States
A While
Smilin’!!
The Right Rhyme
Runaway
When At The End Of The Road
Blame It On Me
Hell Is The Other People
Thinking Of It
Paper Planes
Jam
Gate 22
Annoying
—-
Without You
Unconscious Liars