Après trois ans d’absence, Cradle Of Filth est de retour dans la capitale pour présenter son douzième album Existence Is Futile sorti l’année dernière. Les français Alcest et Naraka ont été choisis pour les accompagner tout au long de la tournée Dark Horses And Forces qui débute à l’Elysée Montmartre. Une affiche aussi variée qu’alléchante.
Du death bien musclé
NARAKA a la lourde tâche d’ouvrir le bal devant une salle encore bien vide. Qu’à cela ne tienne, les Parisiens redoublent d’énergie pour présenter leur premier album In Tenebris sorti en octobre 2021. Certains l’ont très vite remarqué mais le batteur studio Franky Costanza (ex-Dagoba) est remplacé par Quentin Regnault pour la tournée. Si au début le public réagit peu, il se réveille lorsque le chanteur Théodore Rondeau réclame l’ouverture d’un pit. Les mains se lèvent et les têtes bougent en rythme au son de ce death metal symphonique moderne qui flirte avec le thrash. Les singles “Cursed” et “Mother Of Shadows” sont les points culminants de ce set sans faute et plein de fouge, bien qu’un peu timide.
Alcest au pays des merveilles
Changement d’ambiance avec le shoegaze planant d’ALCEST. Le set commence par deux titres du dernier album Spiritual Instinct sorti en 2019 puis fait la part belle aux chansons plus anciennes. De quoi ravir les fans venus nombreux et parfois de très loin (Japon !) pour voir les pionniers du blackgaze comme le dira plus tard Dani Filth. Les voix et les guitares de Neige et Zero se répondent à merveille et plongent les spectateurs en transe.
Certains semblent se demander pourquoi Alcest ouvre pour un groupe comme Cradle Of Filth mais pour les autres, c’est un véritable moment de grâce. Les yeux se ferment pour mieux apprécier le moment, notamment sur “Délivrance”. Un titre qui porte mal son nom tant on aimerait que le set dure plus longtemps. Le groupe se retire discrètement dans un nuage de fumée pour revenir remercier son public avec la délicatesse et l’humilité qui le caractérisent.
Ambiance cuir et confettis
Après une courte demie heure salutaire pour nous remettre de nos émotions, l’intro “The Fate Of The World On Our Shoulders” retentit. Place à CRADLE OF FILTH pour son sixième Élysée Montmartre ! Fidèle à son image un peu kitsh, la formation, tout de cuir vêtue, est entourée de deux squelettes géants et n’hésite pas à user et abuser des jets de confettis et de “flammes“. Certes on est loin de Rammstein ou Behemoth mais couplé aux lumières vertes, jaunes et violettes, l’esthétique gothique des Anglais est respecté.
Les fans n’en sont pas à leur premier concert de Cradle Of Filth et pourtant l’ambiance peine à monter. Ce n’est pas faute d’essayer, Dani Filth demandant même “d’ouvrir un pit jusqu’à Marseille” pour introduire le single “Crawling King Chaos”. Il faudra attendre le titre suivant, le désormais classique “Nymphetamine (Fix)” pour que l’ambiance décolle. Le show peut enfin commencer !
Dani et les autres
La setlist est un savant mélange de morceaux tirés du dernier album Existence Is Futile (2021) et de chansons plus anciennes, souvent accueillies par des cris. Le frontman se démène et n’hésite pas à utiliser toute la scène, dont la configuration semble avoir été faite pour lui. Le reste du groupe n’est pas surélevé, si ce n’est le batteur qui est relégué en haut à gauche et la talentueuse claviériste Zoë Federoff à droite. Difficile de ne pas voir Cradle Of Filth comme le projet solo de Dani, d’ailleurs seul membre fondateur encore présent. En revanche, on ne peut qu’applaudir la justesse de son chant et de ses cris. Pas une seule fausse note de toute la soirée, ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé.
Après neuf titres, le groupe fait une courte pause pour nous offrir un rappel comptant pas moins de quatre chansons. La soirée se termine sur le classique “Her Ghost In The Fog”, qui n’a pas pris une ride depuis sa sortie en 2000 sur l’album Midian.
La promesse est tenue : les trois groupes ont livré des prestations impeccables, servies par un son et des lumières d’une qualité irréprochable. On regrette cependant le set un peu trop court d’Alcest et le manque de folie de Cradle Of Filth qui gagnerait à laisser plus de place à ses musiciens.