Après un dernier Bercy mitigé, Placebo fait son retour dans l’arène récemment rénovée et sold out, cette fois-ci sans Steve Forrest à la batterie, mais avec un anniversaire à célébrer : celui des vingt ans de l’album éponyme, marquant le début d’un succès international pour le groupe. Retour sur une soirée hors-norme.
Il est 20h lorsque THE JOY FORMIDABLE vient assurer cette première partie de soirée. Devant une salle bien remplie, le trio originaire du Pays De Galles offrira au large public une musique mêlant allégresse à force de caractère avec une certaine aisance communicationnelle, le titre “The Greatest Light Is The Greatest Shade” figurant comme une introduction particulièrement attrayante à l’univers de la formation. Les trente minutes de set durant, l’audience se montrera plus ou moins sensible à l’univers de la formation, sans en être particulièrement enivrée; elle montrera néanmoins quelques signes physiques d’appréciation sur des chansons telles que “Maw Maw Song” ou “Y Garreg Ateb”, interprétée en gallois, et encouragera le combo de ses applaudissements.
20h50. Après vingt minutes d’entracte annoncée par une voix-off, l’assemblée de l’AccorHotels Arena, de retour à sa place, semble brûler d’impatience, mais ne se doute pas encore de la magnificence de ce qui lui est réservé. Il en aura un avant-goût dès l’extinction des lumières, lorsque “Who By Fire” de Leonard Cohen viendra ouvrir le bal, illustrée par des images du défunt artiste projetées sur les larges écrans surplombant la scène, -véritable hommage-, alors que le groupe se cache encore en coulisses. Deuxième secousse, cette fois-ci visuelle : une version early-cut exclusive du clip de “Every You, Every Me”, particulièrement mirifique et surtout jamais exploitée avant que PLACEBO n’atteigne les vingt ans d’âge.
Quelques minutes plus tard, sous des tonnerres d’applaudissements, la troupe monte enfin sur scène et entonne les premières notes de “Pure Morning”, aussi enchanteresse que l’intégralité de la setlist qui sera proposée ce soir. Comptant parmi elle des titres extraits de l’ensemble de la discographie de la bande, la soirée sera en effet placée sous le signe de l’affect, de la nostalgie, de la fidélité. Après avoir enchaîné quelques pistes, le groupe prend enfin le temps, se montre communicatif : “Bienvenue à notre fête d’anniversaire”, s’exclamera Brian Molko. La prestation est maîtrisée, généreuse. Plus qu’une simple présence, Placebo semble exister sur scène. De “Special Needs” à “36 Degrees” en passant par “Too Many Friends”, “Twenty Years”, “Space Monkey” ou encore “Protège-Moi” (interprétée en français), le spleen reconnaissable de la bande émeut la foule qui semble enivrée, aussi bien par les hits rarement joués que les singles les plus récents.
Très tôt, quelque chose de sublime émane de la scène. Un sentiment profondément cathartique, précieux, presque réconfortant, s’échappe de la sombre brume des paroles et touche le public en plein cœur. Le décor a lui aussi son importance : diffusant simultanément images de clips et captation live, il offrira une dimension bouleversante à “Without You I’m Nothing” lorsqu’il illuminera les écrans du visage de David Bowie.
Le show atteindra son paroxysme lorsque le frisson aura finalement raison de l’auditoire. S’il se montrait jusque-ici assez avare en gesticulations, il décidera, à la suite de “Lady Of The Flowers”, d’offrir aux Anglais une standing ovation de plus de cinq minutes, à partir de laquelle il osera enfin se décrocher de son siège et profitera pleinement de ses habilités physiques sur des pistes telles que “For What It’s Worth”, “Slave To The Wage”, “Special K” et “Song To Say Goodbye”, succédant à ce que Molko nommait la “section mélancolique” du set.
Mais vient malheureusement l’heure de la fin, et, après s’être éclipsé sur l’intemporelle “The Bitter End”, Placebo réinvestit la scène pour non pas un, mais bien deux rappels des plus tonitruants : d’abord “Teenage Angst”, “Nancy Boy”, et “Infra-Red”, puis “Running Up That Hill”, clôturant près de 2h15 de grâce.
Si l’appréhension était de mise quant à une possible déception, Placebo aura, a contrario, partagé, échangé, ému, triomphé. Grâce à sa setlist, son décor, sa performance et son investissement, la formation britannique aura réussi à installer un sentiment de proximité, de chaleur, venant à bout de la difficile, voire impossible tâche de rendre un Bercy convivial. Une fête dont on se souviendra longtemps, à la hauteur de l’évènement célébré. Rendez-vous au second round de la tournée française, en 2017.
Setlist :
Pure Morning
Loud Like Love
Jesus’ Son
Soulmates
Special Needs
Lazarus
Too Many Friends
Twenty Years
I Know
Devil In The Details
Space Monkey
Exit Wounds
Protège-Moi
Without You I’m Nothing
36 Degrees
Lady Of The Flowers
For What It’s Worth
Slave To The Wage
Special K
Song To Say Goodbye
The Bitter End
—-
Teenage Angst
Nancy Boy
Infra-Red
—-
Running Up That Hill