City And Colour – The Love Still Held Me Near

Un nouvel album de City And Colour est toujours un cadeau, un instant suspendu dans le temps, au sein duquel le bluegrass, la folk et les textes mélancoliques ont toute leur place. The Love Still Held Me Near ne sera pas une grande nouveauté dans la carrière de Dallas Green, ni dans celle de City And Colour, mais c’est un album solide et abouti.

De la douleur apparaît la lumière

Comme le bon vin, il semblerait que City And Colour (ou Dallas Green) se bonifie avec le temps. Chaque disque lui amène une nouvelle épaisseur et profondeur, tant au niveau vocal (toujours irréprochable) qu’au niveau musical ou écrit.

The Love Still Held Me Near peut être son plus brut émotionnellement à ce jour, explorant les thèmes de l’amour perdu (à la fois platonique et romantique), de la mortalité et des limites de la foi religieuse. Tous ces thèmes s’entrelacent et se déroulent dès le premier titre “Meant To Be”, ode tragique au meilleur ami du chanteur, disparu en 2019. Ce morceau est l’un des plus poignants de tout l’ensemble : le questionnement sur la vacuité de la vie, la colère suite au départ soudain de son ami, la remise en cause du concept même de vie. La réflexion de Dallas Green, qui a bercé toute l’écriture de cet album, est très émouvante. On ne peut que s’imaginer l’artiste subissant les différentes épreuves qu’il relate ici, et le fait de voir qu’il a réussi à transformer sa douleur en un objet d’art est très beau.

Un album remarquable mais…

Hélas, comme certains des autres sorties de City And Colour, celui-ci souffre de moments fades et de morceaux faisant du remplissage. Une grande partie du reste du disque reste sur la lancée des premiers titres : au niveau des paroles, il valse à travers les étapes du deuil alors que le narrateur est aux prises avec la perte de son ami et la fin imminente de son mariage de longue date. Là où dans les premiers morceaux cela nous semblait “rafraîchissant“, le fait que la majorité des compositions reprenne ces thèmes entraîne une certaine lassitude. Et c’est dommage, car Dallas Green est talentueux et arrive à nous émouvoir avec une simple mélodie de guitare.

The Love Still Held Me Near nous apparaît comme un album quelque peu déséquilibré mais garde une profonde sincérité dans son message. Dallas Green nous rappelle que la vie est parfois difficile et compliquée, mais que l’on doit toujours garder une petite lueur d’espoir. Même si ici cet espoir peut sembler vain ou caché derrière les textes particulièrement douloureux. En tout cas, il est impossible de douter que l’artiste y a mis son cœur à nu.