Mass Hysteria – Tenace – Part 1

A peine sorti de sa tournée du Gros 4, Mass Hysteria est déjà de retour avec un dixième album studio, un jalon important dans la vie d’un groupe. Cela se traduit ici par une ambition divisée en deux volets. Le groupe a visiblement été bien inspiré par les temps de pandémie récemment traversés. Il est temps de découvrir ce que réserve la sortie la plus attendue de la scène metal française !

Une production ultra léchée

L’ensemble s’ouvre avec “Tenace”. Une intro mystérieuse, des guitares bourdonnantes, un chant résigné pour un début de morceau plutôt alléchant. Les lignes de guitare deviennent rapidement hypnotiques. Elles forment des boucles de sons entêtantes et sinistres à la fois. Le gimmick vocal “tenace, on est tenace” appuie le propos de résilience, pour un titre résolument convaincant. “Mass Veritas” va chercher des sonorités presque hip hop dans son intro. Le morceau mid-tempo laisse ses instruments prendre de l’espace. Le travail précis sur les machines apporte ce qu’il faut sans jamais tomber dans l’excès. Un minimalisme maîtrisé qui témoigne du parcours du groupe dans ses choix de composition.

L’ADN de Mass Hysteria se trouve dans sa capacité à fusionner les genres et à y apposer des paroles de poésie urbaine, généralement en français. Au fil des disques, les musiciens se sont autorisés toutes les expérimentations pour explorer un registre toujours plus vaste. Mass Hysteria va encore plus loin sur Tenace – Part 1 en osant se frotter à un classique de la chanson française. “Où Sont Tous Mes Amants ?” de Fréhel prend de nouvelles couleurs avec la touche du groupe. Une proposition aussi inattendue que clivante qui ne devrait laisser personne indifférent. C’est cette capacité de surprendre, cette créativité sans limite qui permet au groupe de ne jamais lasser.

Un sentiment d’urgence qui prend aux tripes

Ambiance quasi religieuse pour l’intro de “Allégorie Dans La Brume” avant l’arrivée d’un riff bien incisif porté par une batterie explosive. La réussite du morceau réside dans sa capacité à construire un sentiment d’urgence de plus en plus prégnant au fil de la chanson. Sur le passage instrumental, l’ambiance devient jouissivement lugubre, le martèlement de la batterie et les guitares deviennent la traduction d’une artillerie lourde pour une partition militaire très réussie. L’urgence persiste avec “Le Triomphe Du Réel”. Les riffs sont aussi gros que rapides, la batterie est percutante et les chœurs rehaussent le refrain. Tout fonctionne. Là encore, c’est le passage instrumental qui fait basculer le morceau. Le tic-tac d’une horloge vient presser le pas avant de lâcher les chevaux. Le titre ne reste pas sur cette lancée, préférant trouver un rythme intermédiaire pour conclure.

Le lointain son des sirènes annonce sûrement la couleur pour le titre le plus marquant de cet album. “Encore Sous Pression” est en quelque sorte la quintessence de ce que Mass Hysteria peut proposer en 2023. L’alliance des sonorités électro avec des riffs entraînants et un texte haletant est remarquable. Les jeux d’effets sur la voix dans le refrain, le travail minutieux sur les ambiances du morceau et l’équilibre trouvé entre parties instrumentales et parties chantées, tout est maîtrisé de bout en bout. “De défaites en défaites, jusqu’à la victoire, ainsi s’écrit l’histoire“, déclame Mouss. L’avenir devrait certainement réserver une belle victoire aux vétérans du metal indus français.

Mass Hysteria réussit son pari avec Tenace – Part 1 et suscite l’envie de découvrir ces nouveaux titres sur scène.