Queens Of The Stone Age – In Times New Roman…

Les six années qui séparent ce huitième album des Queens Of The Stone Age de son prédécesseur n’ont pas été un long fleuve tranquille pour le leader du groupe. Annoncé comme le résultat d’une créativité cathartique, ce nouveau disque sera-t-il à la hauteur des attentes ?

L’art d’exorciser ses démons

Les neuf minutes de “Straight Jacket Fitting” annonçaient une belle promesse. Queens Of The Stone Age offre un voyage introspectif épique. Une déferlante de riffs lourds et percutants accompagnés de cordes orchestrales. À travers des paroles et des lignes de chant touchantes, Josh Homme évoque ses propres batailles en comparant la chute de l’Empire Romain à l’Amérique contemporaine. Un titre puissant qui trouve une résolution acoustique dans ses dernières minutes. Un appel à se reconstruire et à laisser le passé derrière.

In Times New Roman… se veut plus personnel que les autres sorties du groupe. En prise avec ses démons, Josh Homme a autant fait la une des médias pour sa vie privée que pour ses collaborations artistiques. Cette nouvelle réalisation permet au chanteur de vider son sac et de partager son état mental actuel. Le résultat est le récit torturé et douloureux d’un parcours hors normes. Les récentes disparitions de Taylor Hawkins, Mark Lanegan et Anthony Bourdain laissent une empreinte indélébile. “Negative Space” se distingue par la mélancolie douce-amère qui s’en dégage, une atmosphère aux vibrations grunge qui saisit rapidement les tripes.

Une machine bien huilée

Tout n’est pas sombre dans cette huitième production. “Paper Machete” possède ce supplément de groove si caractéristique du quintette américain. Les lignes mélodiques sont aussi frétillantes qu’accrocheuses et apportent du baume au cœur. Les envolées vocales maîtrisées et le rouleau compresseur des riffs fonctionnent à merveille. Le riff enjoué de “What The Peephole Say”, l’humour noir bien présent et les ajouts vocaux rendent le titre très accessible. Malheureusement, cela ne suffit pas à en faire un morceau à la hauteur des attentes. En effet, lorsqu’un groupe atteint un tel niveau de qualité dans ses compositions, il est légitime d’en attendre un peu plus.

QOTSA se repose parfois un peu trop sur ses acquis. L’ensemble mériterait un ou deux titres aussi marquants que ses plus grands succès. Le premier single, “Emotion Sickness”, manque également d’un petit quelque chose pour en faire un titre intemporel. Le morceau qui semble relater la relation du chanteur avec son ex-femme bénéficie toutefois d’un refrain à la douceur entêtante. Josh Homme et ses comparses ne manquent pourtant ni de créativité ni de talent. D’ailleurs, “Sicily” apporte une touche orientale enivrante et les cordes de “Time & Place” offrent une originalité bienvenue. L’écoute de chaque chanson rappelle le talent individuel de chacun des cinq musiciens : la finesse de la batterie, la cadence des guitares, le rebond de la basse, et bien sûr la performance vocale toujours impressionnante de Josh Homme.

Josh Homme fait la paix avec son passé à travers un solide album aux paroles très personnelles.