Suite à la sortie, en septembre dernier, de “The Spark”, cinquième album studio et successeur de “The Mindsweep” (2015), les Britanniques d’Enter Shikari sont en plein tour du monde. Une énième conquête du globe qui est passée par la capitale française samedi dernier, dans l’enceinte de l’Elysée Montmartre, salle que le groupe avait visité par deux fois en 2007. avec deux premières parties de grande envergure : Astroid Boys et Lower Than Atlantis.
Alors que la fosse n’est remplie qu’à une toute petite partie (il va s’en dire que le plancher était assez visible durant les deux premiers actes), c’est sans crainte qu’ASTROID BOYS, trio anglais de rap metal entre Rage Against The Machine et Limp Bizkit, ouvre le bal. Accompagnés par un batteur, un guitariste et un DJ sur scène, les musiciens offrent une performance convaincante, dynamique et sans langue de bois, à coup de beats saccadés et de riffs lourds issus du premier album “Broke”, disponible depuis septembre. Si la timidité sera de mise durant la quasi totalité du set du côté de la fosse, les gesticulations de tête finiront par laisser place à des corps qui bougent, qui se lâchent et qui s’expriment. Bien que le style ne soit pas forcément à 100% raccord avec la soirée, il serait mentir de dire que l’Elysée fût de marbre et insensible face à ces trente minutes de concert, au son maîtrisé à la perfection.
Changement de plateau et arrivée des murs d’amplis avec des vagues, symbolisant LOWER THAN ATLANTIS. Quelques mois après sa date en headline au Badaboum avec Young Guns, le quatuor anglais continue de parcourir les routes pour promouvoir “Safe In Sound“, avec un set au goût du jour, ouvert par un “Had Enough” très enjoué. Guitare rose voyante et sourire aux lèvres, le frontman Mike Duce ne manque pas d’énergie en sautillant partout, en réclamant cris et pits, quitte à en oublier de chanter correctement dans son micro. S’il fût agréable de redécouvrir en live des titres tels que “Emily”, “Work For It” ou le tube “English Kids In America”, il est vrai que le show orchestré par Lower Than Atlantis, en plus d’oublier complètement ses premiers disques, ne sera pas le plus mémorable, bien que convaincant sur certains points, notamment durant la clôture digne de ce nom “Here We Go”.
Avec dix minutes d’avance sur la montre, c’est sur une très longue introduction musicale guidée par des extraits de “The Spark” qu’ENTER SHIKARI finit par se montrer, sur une estrade habillée dans le style du nouvel album : on y retrouve la télévision de l’artwork du cinquième album, un porte manteau très drôlement placé ainsi qu’un écran géant placé dans le dos de Rob Rolfe (batterie), la scénographie se veut visuellement théâtrale. Une mise en scène qui se retrouve également sur les musiciens aux chemises classes et style BCBG. Mais le champion toute catégorie reste le frontman Rou Reynolds (chant), à l’accoutrement particulièrement singulier, tel un Brad Pitt en lendemain de soirée. Sans se faire attendre, le quatuor commence sa course folle avec un “The Sights” fédérateur, incitant les personnes présentes à se rapprocher de l’estrade. Déchaîné au plus haut point, le chanteur n’hésite pas à courir partout, à se déhancher et à manifester physiquement son excitation. Une posture qui n’affecte en rien son chant et qui est visuellement appuyé par un lightshow des plus imposants, entre stromboscopes et lumières, écran radar et réactivité des musiciens. Maître de son son, la formation est également maître dans l’art d’accaparer l’attention, tant le monde ne semble pas avoir avancé durant sa performance.
Sur le plan musical, Enter Shikari continue de nous surprendre de par son originalité, son éclectisme mais surtout son talent d’interprétation. Entre “Solidarity” qui donnera lieu aux premiers crowdsurfings à “The Last Garrison” sublimé par une belle image de soleil, en passant par l’anxiogène et électronique “Rabble Rouser” et l’impérissable medley “Sorry, You’re Not A Winner / Sssnakepit / …Meltdown / Antwerpen”, les Anglais survolent différents styles sans tact et avec brio, captant l’énergie de toute la pièce. Même les nouveaux morceaux, à la production significativement différente, s’intègrent parfaitement à l’équation, à l’instar de “Take My Country Back” ou la ballade “Airfield”, instant de repos de cette soirée. Au delà du concert, le show d’Enter Shikari est un spectacle à part entière où chacun a un rôle à jouer, guidé par des chefs d’orchestre ouvert à toute proposition. Il n’y a qu’à voir en live “Radiate”, “Anaesthetist” ou “Undercover Agents”, durant lesquels le public propulse à un tout autre niveau les interprétations. Un pouvoir de sublimation qui sera de sortie durant le court rappel “Redshift” et l’apogée “Live Outside”.
Toujours aussi hybride et impeccable, Enter Shikari nous aura, une nouvelle fois, convaincu qu’il mérite sa place dans le peloton des meilleurs groupes live. Quant à “The Spark”, cet album nécessite d’être autant vu qu’entendu, afin de déceler ses subtilités et ses forces.
Setlist :
The Spark
The Sights
Solidarity
Anything Can Happen In The Next Half Hour…
Take My Country Back
The Last Garrison
Radiate
Undercover Agents
Arguing with Thermometers
Rabble Rouser
Airfield
Adieu
Anaesthetist
Sorry, You’re Not A Winner / Sssnakepit / …Meltdown / Antwerpen
Zzzonked
—-
Redshift
Live Outside