Après deux AccorHotels Arena triomphants ces derniers mois, on ne s’attendait pas à recroiser Imagine Dragons de sitôt. Et pourtant, le “Evolve World Tour” de la bande de Dan Reynolds a repris la direction de Paris, preuve de l’amour du groupe pour la France. À l’occasion d’un set acoustique organisé par SoMusic, le quatuor de Las Vegas a débranché ses guitares pour offrir à une poignée de chanceux un moment en toute intimité.
Même endroit, même groupe, même partenaire, quatre ans après avoir déjà mené Imagine Dragons sur les planches du Trianon, SoMusic réitère l’expérience. Si le quatuor venait seulement d’exploser à l’époque, sa notoriété n’a fait que monter en flèche depuis la sortie de “Evolve” pour atteindre un niveau stratosphérique, à tel point qu’il ne tourne désormais presque plus qu’en arène. Alors forcément, quand les Américains reviennent dans une salle de mille personnes, c’est l’évènement. Parmi les heureux privilégiés qui ont réussi à gagner des places, l’excitation est palpable. À 19h tapantes, alors que dehors, les températures ne descendent pas, à l’intérieur de la salle, les mains arborant des bracelets fluorescents distribués à l’entrée s’élèvent déjà. Ultra ponctuels, les quatre membres d’Imagine Dragons et leur musicien additionnel s’installent en ligne sur scène. Au vu des guitares acoustiques, du violoncelle et de la contrebasse installés devant nous, on comprend vite que le set de ce soir ne sera pas électrique. Tapant directement dans la corde sensible, c’est avec le sublime dernier single “Next To Me” que la formation ouvre. Loin du frontman fougueux et explosif qui mène lD avec poigne sur des scènes gigantesques, Dan Reynolds se montre moins démonstratif, sans pour autant perdre en charisme. Tout vêtu de blanc, le chanteur conte son texte avec conviction et émotion, un sourire éclatant sur le visage face aux multiples acclamations du public.
Ce soir, les mots d’ordre seront intimité et simplicité, mais surtout complicité. Complicité entre un groupe et son fidèle public, qui chante à gorge déployée sur tous les morceaux. D’autant plus, qu’après d’efficaces versions dépouillées de “Whatever It Takes” et “Believer”, le leader, un verre de liquide à base de miel à la main, glisse ne pas être très en forme ce soir. Mais pas question d’annuler, c’est avec l’aide vocale de l’assemblée que la formation enchaîne avec “Shots”, seule rescapée du second album sur la setlist. Avant d’interpréter la culte “It’s Time”, le frontman reprend la parole pour rendre hommage au DJ Avicii, décédé la veille, avec qui il avait notamment fait un featuring, “Heart Upon My Sleeve”. “Tout ce qu’il voulait faire, c’était créer de la musique qui rend les gens heureux. On se rejoignait vraiment sur ce point”, développe Dan Reynolds. Rendre les gens heureux via sa musique, Imagine Dragons y parvient parfaitement ce soir. Généreuse, sympathique et souriante, la bande transpire la sincérité et communique beaucoup. Quand le chanteur se répand une nouvelle fois en excuses sur l’état de sa voix (de notre côté, on ne trouve rien à redire sur sa performance vocale, toujours irréprochable), le bassiste Ben Mckee, particulièrement bavard ce soir, le complimente avec humour sur sa voix et son physique. Et difficile de ne pas s’amuser du contraste entre les lunettes funky que porte Daniel Platzman et son air révérencieux quand il empoigne un violon de derrière sa batterie sur “Bleeding Out”. La chanson, portée par le violon du batteur, la contrebasse du bassiste et le violoncelle du guitariste Wayne Sermon, est particulièrement mise en valeur jouée dans cette configuration. L’occasion également de saluer leurs talents de multi-instrumentistes.
Toujours désarçonnant d’honnêteté et de sensibilité, Dan Reynolds semble particulièrement touché par le chant de l’audience et par les signes de remerciement que certains brandissent. Il descend même prendre dans ses bras une fan du premier rang. Sur un ton plus léger, les Américains offrent une reprise ensoleillée du tube planétaire de Ben E. King, “Stand By Me”, avant de se fendre de l’incontournable single “Thunder”. Un concert d’Imagine Dragons ne serait pas complet sans un discours touchant du vocaliste qui, après avoir récupéré un drapeau tricolore dans l’auditoire, évoque la paix, l’unité et l’amour, et liste les choses qu’il aime en France, la nourriture en tête, sans surprise. “Radioactive” vient finalement clôturer cinquante minutes d’un set qui prouve qu’Imagine Dragons a beau être devenu une machine de guerre capable de mener des shows monumentaux dans les plus grandes salles du monde, la bande assure tout autant dans le plus simple appareil.
Setlist :
Next To Me
Whatever It Takes
Believer
Shots
It’s Time
Bleeding Out
Stand By Me
Thunder
Radioactive