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FALL OUT BOY @ Zénith (23/10/23)

Revenant fouler les terres françaises après un Hella Mega Tour en 2022, une petite année plus tard et revoilà Fall Out Boy. Cette fois-ci, point d’affiche partagée avec les pointures du punk rock, mais un show de près de vingt-sept titres, comme un best of des vingt-deux ans de carrière du groupe de Chicago. Entre feux d’artifice, confettis et tête de chien géante, récit d’une soirée pas ordinaire dans le cadre du Zénith De Paris.

nothing,nowhere.

Difficile pour nous de donner un avis concis sur NOTHING,NOWHERE. étant arrivés en retard. La faute au retour des mesures Vigipirate plus sévères et à un public arrivé en dernière minute. Notre avis sera donc tronqué de quelques morceaux.

Et c’est avec “fake friend” que nous rejoignons notre place et profitons du set de l’artiste mélangeant le rock et le rap. L’album VOID ETERNAL est mis en avant ce soir, et le mix de metalcore, punk et rap est dévastateur. L’auditoire réagit peu, et on peut compter sur les doigts de la main les quelques circle pits qui s’ouvrent et se referment aussi vite.

Cela n’empêche pas nothing,nowhere. de se donner entièrement à son audience et à son show. Avec beaucoup de conviction et de dynamisme, l’artiste occupe l’espace et se donne entièrement au public qui le lui rend… plutôt bien. Le chanteur tire le meilleur de son répertoire hip hop rock.

Une configuration plus petite donnerait à nothing,nowhere. la possibilité d’exprimer toute l’étendue de son aisance scénique.

PVRIS

Un peu plus de sept mois après son concert à l’Alhambra, c’est avec grand plaisir que nous retrouvons PVRIS et sa frontwoman Lynn Gunn en grande forme. Malheureusement, c’est devant une assemblée qui semble difficile à convaincre que le groupe va se démener pendant presque quarante minutes.

Tout comme le concert de février, la lumière met peu en avant les artistes sur les premiers titres. Le tir sera vite corrigé et nous pourrons profiter de plus de luminosité sur Gunn et ses deux musiciens, surélevés sur leurs plateformes.

Cette fois-ci les morceaux de EVERGREEN sont accueillis avec plus de bienveillance par le public, même si l’accueil reste frais. Pourtant, Lynn Gunn est bavarde et active sur scène : elle reste peu en place et se démène dans tous les sens. Sept titres sont interprétés ce soir, dont le culte “GODDESS”, précédé de peu par “My House” réchauffant un peu plus la fosse. Néanmoins, et malgré un set de treize titres équilibrés et rondement mené, on reste sur l’impression que le Zénith est plus en attente de Fall Out Boy que prêt à se laisser embarquer dans l’univers pop rock de PVRIS.

Fall Out Boy

C’est au son de la reprise “We Didn’t Start The Fire” que la salle se chauffe doucement. Puis les lumières s’éteignent, les cris retentissent, et c’est “The Pink Seashell” qui retentit dans la salle du Zénith. Sous les premiers accords de “Love From The Other Side” se dévoilent la scène et FALL OUT BOY. Avec de lourds rideaux rouges en tant que backdrop et un étrange assemblage grotesque de branches d’arbres et d’une horloge sur la gauche de la scène, la scénographie semble mêler les différentes époques du groupe. Un écran circulaire surmonte la scène.

Les rideaux peuvent rappeler ceux entrebâillés de From Under The Cork Tree (2005); les étoiles et la Lune qui apparaîtront plus tard sont un rappel de Infinity On High (2007), et la lumière tamisée bleue durant le medley des titres de Take This To Your Grave (2003), le ton bleuté de la photo faisant figure de pochette d’album. Fall Out Boy regarde vers le futur (n’oublions pas l’immense tête de doberman rappelant la couverture de So Much (For) Stardust), sans omettre son passé. Un show nostalgique sans la mélancolie.

Dès le début, le quatuor nous rappelle son statut de “arena band” aux États-Unis : les feux d’artifice retentissent (et à plusieurs reprises pendant le concert), les flammes sont mordantes, et Pete Wentz a sorti sa plus belle basse lance-flammes pour “The Phoenix”. Le public ne s’y trompe pas et hurle à tout rompre dès les premiers accords de chacun des titres joués ce soir.

“You are what you love, not who loves you”

Sans temps mort, les morceaux s’enchaînent : “Sugar, We’re Goin’ Down”, dont le début chanté par les fans est toujours aussi impressionnant; “Uma Thurman” et sa basse groovy à souhait, jusqu’à l’incontournable “A Little Less Sixteen Candles, A Little More “Touch Me””, qui met tout le monde d’accord. Seul petit couac technique vite corrigé : un son de basse trop prégnant.

Fall Out Boy est là pour se faire plaisir : c’est donc dans une scénographie restreinte, les uns plus proches des autres et avec une lumière bleue que le groupe enchaîne à la suite trois de ses plus anciens titres : “Dead On Arrival”, “Grand Theft Autumn/Where Is Your Boy” et le trop méconnu “Calm Before The Storm”. Tellement méconnu que peu de participation du public retentira durant ce titre. Mais aussi durant les anciens morceaux qui seront joués tout au long de la soirée. L’audience rajeunit, le type de fans a changé, et il semble que peu d’entre eux connaissent les plus anciennes chansons de FOB. Malgré tout, nul doute que les émotions ressenties à l’écoute de la musique et des textes alambiqués sont les mêmes pour toutes et tous.

Comme toujours, Pete Wentz est le plus loquace de la bande et ne manque pas de prendre plusieurs fois la parole pour remercier l’auditoire, ou nous inciter à continuer de faire de l’art, sous quelque forme que ce soit.

“Sometimes before it gets better, the darkness gets bigger” 

À peine le temps de retrouver nos esprits après ce morceau suspendu dans le temps (on aurait pu se croire dans un club de rock hardcore de Chicago dans les années 2000), que la bombe “This Ain’t A Scene, It’s An Arms Race” explose. Toujours aussi efficace et catchy, il est suivi par l’intro de Folie A Deux : “Disloyal Order Of Water Buffaloes”. Folie A Deux a une belle place dans la setlist de ce soir.

En parlant de cet album, quel plaisir d’entendre en live la méconnue “Headfirst Slide Into Cooperstown On A Bad Bet” ! On ne regrette finalement pas l’absence des morceaux de MANIA ce soir, puisqu’ils laissent leur place à des chansons moins connues mais tout aussi efficaces : “G.I.N.A.S.F.S.”, qui n’a jamais été joué, ou encore “Calm Before The Storm”, l’un des premiers titres de la formation que l’on prend un plaisir fou à voir exécuté sur scène, presque autant que le quartette lui-même ! L’enchaînement avec la quasi ballade “Fake Out” est impeccable et nous emmène doucement vers un joli moment de poésie.

Installé derrière son piano, Patrick Stump reprend son souffle avant de nous chanter les premiers couplets des trop peu joués “Golden” et “”What A Catch, Donnie”. Le temps semble suspendu, et contrairement au concert du Hella Mega Tour où la voix de Stump pouvait paraître fatiguée, il est aujourd’hui en pleine forme.

Quelques couplets du “Don’t Stop Believin'” de Journey réveillent la salle pour un très beau “Save Rock And Roll” toujours interprété au piano.

Soudain, alors que Stump lance la cover du “Crazy Train” d’Ozzy Osbourne, on commence à s’agiter derrière la console centrale. Une petite plateforme est installée, un micro posé, et les gens écartés du passage. Et c’est Pete Wentz qui déboule pour lancer depuis le public le début de “Dance, Dance” ! Nul doute que les fans les plus près ont pu jouir d’un spectacle inédit ! On note la tentative de proximité avec l’assemblée, alors que Fall Out Boy, décidément “bigger than life“, est loin désormais de ses racines de petit groupe.

“We’re the therapists pumping through your speakers delivering just what you need”

Qui dit “Dance, Dance” dit surtout fin du set proche. Revenu sur scène, Wentz nous explique que plutôt que de sortir et de revenir pour jouer un “encore“, le groupe préfère rester et jouer le maximum de morceaux. Excellente idée ! On entame donc la dernière ligne droite avec “Hold Me Like A Grudge”, “The Kids Aren’t Alright” (comme décidé par la Magic 8 Ball questionnée par Wentz) et sous le retour des flammes, “My Songs Know What You Did In The Dark (Light Em Up)”.

Sans sembler une seule seconde exténués par le concert, les musiciens continuent de se donner jusqu’à la dernière seconde, et les trois derniers titres en guise de bouquet final : “Thnks Fr Th Mmrs” est dantesque, “Centuries” fait hurler le public comme jamais, et l’incontournable “Saturday” permet à Wentz de se donner (littéralement) aux fans comme à son habitude.

Le concert du Hella Mega Tour avait pu paraître comme une simple première partie du groupe, tant la scénographie et la logistique même de la soirée pouvaient le contraindre. Ici, Fall Out Boy avait tout le loisir de déployer son large répertoire et de piocher allégrement dedans, au fil de ses envies et des soirées. L’emo est très loin d’être mort, et Fall Out Boy, son principal héritier, est toujours vivant.

Fall Out Boy Setlist Le Zénith, Paris, France 2023, So Much For (Tour) Dust
Laura Navarre
J'ai annoncé à mes parents à 16 ans que mon objectif professionnel était de produire la prochaine tournée de U2.