Dans un YOYO plein à craquer, le songwriter Passenger est venu célébrer la sortie de son neuvième album, “Runaway”, publié un mois plus tôt.
Avant que Michael Rosenberg nous emmène sur la côte ouest des États-Unis avec son très américain dernier album, détour par l’Australie avec STEPH GRACE. Originaire de Sydney, la jeune femme grimpe seule sur scène avec sa guitare, sa voix puissante et sa bonne humeur. Charmant facilement le public avec ses douces mélodies et ses blagues glissées entre les morceaux, la jeune autrice-compositrice-interprète a quelque chose de solaire. Elle fait rire le public avec une chanson aux airs de comptine pour enfants qu’elle a écrite dans un français approximatif, puis lui met la larme à l’oeil en interprétant un morceau composé à la suite de la mort de son père, “In This Flame”. Non signée sur un label, l’artiste encourage l’audience à la contacter sur les réseaux sociaux et propose d’envoyer le titre, non publié, par mail à ceux qui le souhaitent. En contraste avec le silence attentif qui accompagnait ses morceaux, c’est sous les acclamations que Steph Grace, après une reprise d’Adele et un dernier morceau, “What’s Done Is Done” laisse un YOYO visiblement conquis.
Alors que les derniers arrivés peinent à pénétrer dans la salle tant elle est remplie, PASSENGER monte à son tour sur scène. Fidèle à lui-même, c’est bien sûr toujours seul avec sa guitare que l’Anglais se présente face à l’assemblée. Les premières notes de la douce “Fairytales & Firesides” plongent immédiatement la salle dans une rêveuse mélancolie. Mais Michael Rosenberg la chasse vite avec une blague et la fédératrice “Life’s For The Living”, reprise en choeur par un auditoire sachant aussi bien être silencieux quand c’est nécessaire que bruyant quand il s’agit de chanter. Ce mélange entre fragilité à fleur de peau et chaleur attachante, Passenger le manie avec grâce dans un équilibre parfait. Ses morceaux sont successivement bouleversants et réconfortants, lui toujours bienveillant, et souvent drôle.
Avant d’entamer son dernier single, “Hell Or High Water”, il évoque l’un de ces derniers concerts à Paris, en première partie d’Ed Sheeran : “Je ne sais pas trop ce qu’il est devenu, il a eu une période creuse. Mais je lui souhaite bonne chance !” Le songwriter compte ses chansons à une audience captivée, buvant ses histoires avec attention. Des histoires, il en raconte à travers ses morceaux, mais aussi entre les titres. De l’anecdote marrante à l’explication de texte, il dialogue constamment avec son public et lui témoigne sa reconnaissance. Pour “David” et “To Be Free”, il met son numéro de stand up en suspens pour évoquer l’origine des paroles : sa rencontre avec un SDF à Glasgow à l’époque où il chantait dans la rue pour le premier morceau, l’histoire de ses grands-parents, réfugiés juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale ayant fui vers les États-Unis, pour le second. Il entame d’ailleurs ce dernier morceau en rappelant que ce sujet est toujours d’actualité avec un conseil : “Gardez votre esprit et votre coeur ouvert”. Mais les choses ne restent au sérieux qu’un temps et le chanteur retrouve vite sa facétie. Avant de reprendre “The Sound Of Silence” de Simon And Garfunkel, il blague sur la fois où quelqu’un a pris sa reprise pour une super chanson originale, il se paye Donald Trump en changeant légèrement les paroles de la toujours efficace et drôle “I Hate” et chante, hilare, l’intro de “Bootylicious” de Destiny’s Child avant “Survivors”, après avoir blagué sur la chanson du même nom du groupe de Beyoncé. Mais sur, selon les mots du chanteur, son “seul et unique tube” (“Vous rigolez, mais c’est vrai !”), “Let Her Go”, on retombe dans la douceur. Le public s’échauffe la voix en reprenant l’incontournable refrain, puis s’époumone carrément sur la plus ambitieuse “Scare Away The Dark”. Tellement que ce sont les “oh oh” finaux du morceau, scandés par la foule alors que le chanteur quitte la scène, qui finisse par le ramener pour un rappel.
“Vous connaissez Bruce Springsteen ? Mesdames et messieurs, voici…”, s’esclaffe-t-il avant de promettre de faire vraiment venir la légende américaine la prochaine fois et de se lancer dans une reprise touchante et épurée de “Dancing In The Dark”. Pour finir, “Holes” donne une ultime occasion au chanteur et à son public de chanter tous ensemble sur un final emporté fédérateur.
Dans un parfait équilibre d’émotion, de simplicité et de chaleur, Passenger a offert au YOYO un moment tendre, drôle et terriblement réconfortant.
Setlist :
Fairytales & Firesides
Life’s For The Living
Hell Or High Water
David
To Be Free
The Sound Of Silence
I Hate
Survivors
Suzanne
Let Her Go
Scare Away The Dark
—-
Dancing In The Dark
Holes