Après un passage au Stade De France en mai dernier pour accompagner Metallica, les Britanniques d’Architects sont de retour à Paris pour lancer ce soir leur tournée européenne. Bien accompagnés (par Spiritbox et Loathe), c’est devant un Zénith plein à craquer qu’Architects va tout faire pour en mettre plein la vue au public français.
Loathe
Sur l’air d’opéra du “Nessun Dorma” de Puccini, les musiciens de LOATHE prennent place sur la scène du Zénith pour lancer cette soirée. On pourrait grossièrement résumer la musique de Loathe comme un mélange de metalcore et de neo metal shoegaze façon Deftones. Un habile mélange que le groupe maîtrise à merveille, alternant des titres metalcore comme “New Faces In The Dark” avec des morceaux plus planants et progressifs comme “Is It Really You?”.
Malheureusement, la prestation est gâchée par un son plutôt brouillon, un lightshow inexistant qui force le groupe à jouer pratiquement dans le noir pendant tout son set (il faudra attendre que le public éclaire la salle avec les flashs des téléphones pendant “Is It Really You?” pour enfin apercevoir Loathe !) et un problème technique.
Des conditions pas faciles pour Loathe ce soir donc, mais le groupe s’en sort tout de même à merveille et réussit parfaitement à faire monter l’ambiance dans le Zénith, principalement grâce à son chanteur Kadeem France qui aura donné de sa personne ce soir, même dans le noir !
Spiritbox
C’est ensuite au tour de SPIRITBOX de fouler les planches du Zénith. Le quatuor canadien ne connaît la France que depuis deux ans seulement mais est déjà habitué aux plus grandes salles parisiennes, grâce aux tournées en accompagnement de Ghost et Bring Me The Horizon. Spiritbox s’est forgé une solide réputation en un rien de temps, mené par la talentueuse Courtney LaPlante (chant), et on comprend pourquoi ce soir encore. La frontwoman porte le groupe par sa présence scénique et son charisme, mais surtout par ses capacités vocales, alternant growl et chant clair avec une facilité déconcertante.
Mais si le lightshow s’est amélioré par rapport au show de Loathe, avec un court écran vidéo sur toute la longueur de la scène qui diffuse des visuels abstraits, les problèmes de son sont toujours là et on peine à entendre la voix claire de Courtney LaPlante ou à distinguer le reste des musiciens dans la bouillie sonore qu’on nous sert ce soir.
Spiritbox se donne pourtant à fond, avec une setlist diversifiée qui nous montre toute l’étendue du talent des Canadiens, du furieux “Cellar Door” au mélodique “Circle With Me”, en passant par un “Rotoscope” au son proche d’un Garbage version metalcore. On aura même le droit à une chouette surprise lorsque Sam Carter viendra chanter “Yellowjacket” avec Courtney LaPlante.
Un sentiment mitigé donc pour ce passage de Spiritbox ce soir, la faute à un mixage son complètement en défaveur du groupe, que l’on sait bien plus solide dans ses prestations live habituellement.
Architects
Peu avant 21h, ce n’est pas ARCHITECTS qui monte sur scène mais deux militants de l’association Sea Shepherd, pour un discours sur la protection des mers et océans, notamment la protection des dauphins en France. Une invitation de grande classe de la part des membres d’Architects, des artistes engagés qui profitent de leur notoriété pour donner une tribune à ce genre de causes importantes.
Le rideau tombe quelques minutes plus tard et le show peut commencer. Et on comprend tout de suite un peu mieux le manque de scénographie des deux groupes précédents : celle d’Architects est tout simplement massive ! Une scène de trois étages d’écrans vidéos sur laquelle le groupe peut se promener comme bon lui semble tout au long du concert et des jeux de lumières dans tous les sens. On sent que la formation de Brighton a franchi un nouveau palier avec cette nouvelle tournée européenne qui commence ce soir.
Le coup d’envoi est donné avec “Seeing Red”, dernier single joué pour la première fois ce soir donc, et on peut tout de suite être rassuré, les problèmes de son rencontrés au début de la soirée sont terminés : le son est ultra-puissant ! Architects enchaîne les tubes comme “deep fake”, “Impermanence” ou “Black Lungs” et le public est en feu ! Sam Carter (chant) joue avec la scène, monte et descend les étages selon les chansons, et le reste des musiciens en fait de même.
Le frontman n’est pas avare en communication avec l’assistance et nous remercie à de nombreuses reprises pour notre présence et notre soutien. Il se remémore le dernier concert parisien du groupe, à l’Olympia devant moins de deux-mille personnes, et fait part de sa gratitude d’en voir plus de cinq-mille ce soir au Zénith. Il faut dire que depuis, la popularité du quartette a explosé en France (et partout d’ailleurs), sans doute aidé par les récents passages en première partie de Metallica ou en tête d’affiche du Hellfest cet été.
Et qui dit bond de popularité dit vraisemblablement changement de cap dans la setlist. Les fans de la première heure n’auront pas grand-chose à se mettre sous la dent ce soir, tant la setlist est axée sur les deux derniers albums des Anglais, avec pas moins de huit morceaux de For Those That Wish To Exist (2021). Le groupe n’oubliera cependant pas certains de ses titres les plus anciens comme “Gravedigger” ou “These Colours Don’t Run”.
Au metalcore bourrin des débuts, Architects préfère désormais se concentrer sur les tubes de ses disques récents, plus progressifs et alternatifs comme “Dead Butterflies”, “Little Wonder” ou “Meteor”. Et le public semble ravi, chantant à tue-tête tous les refrains. La communion avec l’auditoire atteint son apogée avec “Doomsday”, en hommage à Tom Searle, guitariste fondateur du groupe décédé en 2016 et frère du batteur Dean Searle.
Après un final en apothéose où Sam Carter demandera au Zénith de reproduire l’énorme circle pit qui avait eu lieu pendant le concert au Hellfest, c’est déjà l’heure du rappel. De retour sur scène avec un maillot de l’équipe de France de football floqué au nom d’Architects (beau geste de la part d’un Anglais !), le chanteur vient conclure cette soirée comme il se doit avec “Nihilist” et surtout “Animals”, devant une foule en délire qui chante le tube du début à la fin, sous une pluie de confettis.
Architects nous a offert un set grandiose pour débuter sa tournée européenne ce soir, aidé par une scénographie titanesque et un grand déballage de tubes à n’en plus finir. Que ceux qui s’inquiètent pour le renouvellement des têtes d’affiche une fois que les mastodontes auront tiré leur révérence soient rassurés : l’avenir du metal est déjà là et il s’appelle Architects !