Yellowcard + Hammock – A Hopeful Sign

Yellowcard. Qui n’a jamais vibré au son de Ocean Avenue ? Le légendaire groupe de pop punk multiplie les surprises ces dernières années. Après une reformation en 2022 suivie d’un EP plutôt remarqué à l’été 2023, les Floridiens reviennent avec A Hopeful Sign, un album qui pourrait bien diviser les fans… et en attirer de nouveaux. Et pour cause, un invité de marque apparaît sur le disque : Hammock. Allongez-vous confortablement, on vous explique.

Une collaboration inattendue

Il y a plus de vingt ans, l’album Ocean Avenue imposait Yellowcard comme l’une des plus grandes révélations pop punk de la décennie. Aujourd’hui, le chanteur-guitariste Ryan Key a quarante-quatre ans. Il a lancé sa modeste carrière solo, rejoint le line up live de New Found Glory et, plus récemment, découvert les joies de la paternité. A Hopeful Sign est-il né d’un besoin naturel de ralentir le pas ou est-il la résultante fortuite d’un coup de foudre entre deux entités musicales ? Grâce au guitariste Josh Portman, Ryan découvre puis rencontre Hammock. Presque comme une évidence, le chanteur de Yellowcard invite le duo de post rock/ambient à revisiter neuf grands classiques de la sommité pop punk. La suite est simple : pour chaque chanson, Ryan a envoyé la voix principale et un accompagnement au piano à Hammock. A Hopeful Sign est donc le fruit de la réinterprétation du groupe de Nashville.

Bienvenue à l’ère post rock

Et quel meilleur titre que “Ocean Avenue” pour se faire la main ? Il faut l’admettre, cette collaboration est absolument improbable tant les deux formations côtoient des horizons musicaux différents… voire opposés ! À la surprise générale, la version ambiante de “Ocean Avenue” fait émerger l’essence de la sensibilité sous-jacente de l’originale. Hammock a cette incroyable capacité à désaturer le morceau, et au lieu de l’appauvrir, de l’enrichir avec de nouvelles textures. Les notes de piano se mêlent à des arpèges cristallins qui mettent en valeur la voix plus apaisée de Ryan Key, jusqu’au refrain qui ne se départit pas de son intensité d’origine. L’équilibre est parfait : l’apport d’Hammock est incontestable, mais le propos reste bien celui de Yellowcard. Malgré ce tour de force, une question demeure : ce miracle est-il reproductible à l’échelle d’un disque entier ?

Entre deux identités

Dans l’ensemble, l’ensemble se tient grâce aux orchestrations sublimes de Hammock qui parvient à ralentir, étirer et enrichir les morceaux. À tel point que l’on peine parfois à reconnaître les originales ! “Only One” en est l’illustration parfaite avec des arpèges sublimes et des couches de claviers qui confèrent un côté aérien qui sied à la perfection au morceau 2.0. Mais sur la longueur, le traitement musical de Hammock trouve ses limites et accuse de ses faiblesses (“Empty Street”). Et s’il serait plus consolant de trouver un coupable tout désigné, soyons honnête : il n’y en a pas. Hammock remplit plus que sa part du contrat. Ryan Key, qui n’a jamais été un grand chanteur, livre une performance honnête, bien que forcément plus posée et monotone que sur les originales. Mais la rencontre entre ces deux identités, d’une certaine façon, s’annule et n’a pas lieu. L’omniprésence du chant ne laisse pas respirer les magnifiques plages instrumentales. L’inverse est aussi vrai : les arrangements volent parfois la vedette à la voix qui termine au second plan (“Transmission Home”).

Carton rouge

En supprimant les éléments qui nous ont fait aimer Yellowcard, A Hopeful Sign fait ressentir le poids de son absence. Qu’est devenue la fougue adolescente, les guitares enflammées et la voix plaintive qui caractérisaient le groupe ? Au final, l’identité sonore très marquée d’Hammock a certes magnifié certains morceaux, mais trop souvent au détriment de ce qui fait le charme universel de Yellowcard. Sur A Hopeful Sign, l’identité de Yellowcard s’efface au profit d’un Ryan Key qui s’est fait plaisir. On laisse aux fans le soin de juger si ce plaisir est partagé ou non.