Lysistrata – Veil

Le punk rock français est de retour en 2024, et il nous vient tout droit de Saintes en Charente-Maritime. Composé de Ben Amos Cooper au chant et à la batterie, de Théo Guéneau à la guitare et de Max Roy à la basse, le groupe Lysistrata, que l’on avait entendu en 2017 et 2019, est de retour avec son troisième album intitulé Veil.

Un retour bien préparé

Il est maintenant clair que la pandémie a ordonné généralement au monde musical de prendre le temps de composer et d’écrire, et Lysistrata ne fait pas exception à la règle. Officieusement, ce n’est pas son réel retour post-COVID, puisque qu’on se souvient en 2022 du projet Park, en collaboration avec Frànçois And The Atlas Mountains. Un album entre deux styles, l’un post hardcore, rappelant les précédents projets The Thread (2017) puis Breath In/Out (2019), et l’autre plus indie rock. Il est clair que cette collaboration a grandement influencé le groupe qui débute son disque par un morceau bien plus doux qu’à l’accoutumée, “Tangled In The Leaves”, et qui réussit d’emblée à nous captiver. Si précédemment, les titres approchaient une moyenne de six minutes (onze minutes pour le plus long), Veil ne dure que trente-six minutes avec un morceau de six minutes seulement. Ce n’est pas pour autant que l’on perd en qualité.

Une méthode de composition bien différente

Si l’on retrouve bien la furie explosive ainsi que la rythmique singulière, toujours menée par une guitare en roue libre, cet album laisse plus de place à la basse et à un chant plus présent. Pour ce projet, Lysistrata se fait accompagner du célèbre producteur Ben Greenberg (Metz, Beach Fossils) et ses conseils se font remarquer pour le bonheur de nos oreilles. Ce choix de contraste indie versus noise n’est pas pour déplaire, bien au contraire, il permet d’apprécier l’énergie du groupe mise en avant par un mix saturé des trois musiciens. S’il y avait une remarque à faire peut-être, elle viendrait du changement de phrasé. Le spoken word est parti aux oubliettes pour laisser place à une vraie voix de leader. Celle-ci continue de virer au ton punk, à la fois voulue fausse tout en restant juste, mais sur ces genres plus hétérogènes, elle mérite d’être un peu lissée et ajustée. Laissons les solos de guitare nous surprendre et ne gardons qu’à la voix de Ben son fier accent français pour seul charme.

Ce Veil promet une évolution de la part de la formation, laissant place à un côté plus pop, tout en gardant l’énergie rock et punk de ses débuts. Il peut rappeler sur certains morceaux les premiers pas de Foals et parfois même de Deftones. La transformation du groupe, que ce soit au niveau du style, de l’instrumentalisation, mais aussi vocale, est séduisante et très prometteuse. Il est certain qu’avec ce nouveau projet, le rock français est entre de très bonnes mains.