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PIXIES @ Olympia (25/03/24)

Les Pixies investissent une nouvelle fois la mythique salle parisienne de l’Olympia pour trois soirées qui se jouent à guichets fermés. Habitué des lieux, le quatuor s’y est déjà produit en 2023 lors de deux soirées consacrées à la promotion de son dernier album Doggerel et en 2019 pour la tournée de l’album Beneath The Eyrie. Cette fois-ci, la formation de Boston propose à ses fans de célébrer deux albums cultes de sa discographie : Bossanova (1990) et Trompe Le Monde (1991). Trente années se sont écoulées depuis leur sortie et ce qu’on peut vous assurer, c’est que cela n’a pas pris une ride !

The Pale White

C’est avec de l’énergie à revendre que le trio en provenance de Newcastle démarre la soirée. Composé de deux frères, Adam et Jack Hope, et d’un ami, Tom Booth, THE PALE WHITE monte en puissance depuis 2016, date de la sortie de son premier single “Second Place”. Niveau influence, si Queens Of The Stone Age et Royal Blood avaient pu allier leurs forces, cela aurait sûrement donné The Pale White. Les racines britanniques sont aussi bien présentes, surtout sur des morceaux tels que “How Far Can You Push A Man?” et “Validate Me”, qui ouvrent le set. L’énergie déployée par ces trois garçons aux cheveux longs est percutante et très bien accueillie par le public. La formation propose également des morceaux plus progressifs comme “That Dress”, qui comble véritablement l’auditoire. Notons l’implication corporelle du batteur qui s’écroule littéralement au sol pour leur sortie de scène. Ils ont tout donné !

Pixies

C’est au tour des PIXIES d’entrer en jeu, à 21h précises. La formation se fait acclamer par l’assemblée totalement en transe. La scénographie est plutôt minimaliste, avec un décor reprenant quatre planètes à anneaux de la pochette de Bossanova surplombées par le logo des Pixies lumineux. Également, David Lovering et sa batterie sont surélevés, donnant une certaine perspective à la composition de la scène.

Sans grande surprise, Frank Black et sa bande lancent le disque (c’est le cas de le dire) en ouvrant le set avec “Cecilia Ann”, premier morceau de l’album Bossanova. Le titre instrumental du répertoire de The Surftones incarne une superbe introduction qui fait tout de suite entrer l’audience de l’Olympia dans le voyage inoubliable qu’elle s’apprête à vivre. Sans aucune interruption, le groupe poursuit avec “Rock Music”, qui provoque tout de suite des mouvements dans la foule avec quelques slams qui sont les bienvenus. Et aussi fou que cela puisse paraître, la voix de Black Francis n’a pas bougé d’un pouce.

Play!

Cette célébration particulière permet de redécouvrir ces deux disques sujets à controverse dans la carrière de la formation. Bossanova et Trompe Le Monde surviennent peu de temps avant la première séparation du groupe en 1993. Bossanova est pour beaucoup de fans considéré comme l’album de la discorde, où la guerre d’ego et les conflits entre Black Francis et l’ancienne bassiste Kim Deal étaient sur le devant de la scène. Arrivés après les deux plus gros succès de la formation, Surfer Rosa (1988) et Doolittle (1989), Bossanova et Trompe Le Monde n’ont pas vraiment reçu le même accueil que leurs aînés.

Ici, l’expérience du concert classique est totalement revue. Certes, à chaque fin de morceau, on s’attend au prochain, mais cela permet de consommer l’œuvre musicale d’une façon complètement inédite. En réalité, ces deux albums, aux sonorités différentes mais complémentaires, incarnent toute la force des Pixies et ce qui fait son succès au cours de son histoire cabossée. Côté Bossanova, on retrouve les titres hommage au pianiste Mose Allison “Allison”, “Dig For Fire” et “Velouria”, qui révèlent un esprit moins primaire de leur musicalité avec des influences de space rock qui prennent le dessus. Les planètes de Bossanova laissent apparaître en leur centre des globes oculaires faisant référence à la pochette de Trompe Le Monde. Le décor a parlé, permettant aux Pixies d’économiser une parole supplémentaire.

Le titre éponyme “Trompe Le Monde” ouvre la seconde partie du set, qui repart sur les chapeaux de roue. La fosse qui s’était quelque peu éteinte tout au long de Bossanova reprend vie. Il faut dire que Trompe Le Monde est à part dans la discographie des Pixies, beaucoup plus agressif autant dans les riffs et la rythmique que dans la voix de Black Francis. On retiendra surtout l’enchaînement “Trompe Le Monde”, “Planet Of Sound” et “Alec Eiffel” qui restent parmi les démarrages d’album les plus efficaces de leur génération.


Le paradoxe Pixies

Les jeux de lumière plongent l’Olympia dans une atmosphère différente à chaque morceau, laissant parfois imperceptible le groupe plongé dans la pénombre. Ce détail accentue ce que l’on craignait, la non-communication des Pixies avec leur public. Statiques durant tout le show, chacun à sa place, ni même une parole à l’assistance qui s’est pourtant déplacée. C’est là tout le paradoxe de la formation qui arrive à soulever les foules, sans vraiment trop s’impliquer. Lorsque la force de sa musique comble nos oreilles, nos yeux restent sur leur faim. Le groupe a tout de même réussi la performance de proposer trente-trois titres en seulement une heure quarante de show sans interruption (mise à part pour raccorder les guitares). Les Pixies sont connus pour leurs setlists à rallonge, cependant cela peut laisser un goût d’inachevé si l’on cherche la connexion avec le groupe. Heureusement, le marathon Pixies se termine sur l’emblématique “Where Is My Mind?” qui rassemble toute l’Olympia.

Pixies Setlist L'Olympia Bruno Coquatrix, Paris, France, Bossanova x Trompe le Monde European Tour 2024

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Kaithleen Touplain
Historienne de l'art et passionnée de musique rock à mes heures perdues.