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WINGS OF STEEL @ Les Etoiles (16/05/24)

Une faille spatiotemporelle vers une soirée metal des années 1980, ça vous dit ? Nous, oui. Voilà ce qu’était l’excellent premier concert parisien de Wings Of Steel, enfant prodigue de la scène heavy metal américaine. Laissez-nous vous conter notre voyage.

Furies

Le nom dit tout. Les cinq Français de FURIES déboulent sur scène à 20h, et livrent cinquante minutes d’un hard rock/heavy metal effréné, explosif et complètement débridé. La section rythmique, brillamment portée par la batteuse Elisabeth Lavarenne et la bassiste/choriste Lucie Sue nous offre des allures de speed metal avec son tempo galopant, tandis que les questions/réponses des deux guitares de Guillaume Jockey et Fred Bend (malheureusement trop basses dans le mix sonore) permettent des sections plus mélodiques, entrecoupées de parties suffisamment lourdes pour produire l’effet d’un mur de son. Enfin, l’impressionnante voix de Cheyenne Janas, aussi métallique que lyrique, contribue largement à nous proposer un résultat musical unique, lugubre et épique. L’aura qui se dégage de leur performance mêle glam et gothique à la perfection et place Furies dans le sillage d’un KISS. À écouter de suite pour celles et ceux d’entre vous avides de découvrir de nouveaux groupes français s’adonnant à un metal caractériel et complètement décomplexé.

L’envol parisien de Wings Of Steel

Devant un public avide de découvrir pour la première fois sur scène le nouvel héritier du heavy metal traditionnel, les deux Angelins Parker Halub et Leo Unnermark prennent place sur scène peu après 21h, accompagnés de leurs trois musiciens de tournée. La guitare de Parker rugit, la voix de Leo l’imite, et le ton est donné. C’est parti pour près d’une heure trente de riffs galopants, de matraquage à la batterie, d’envolées solistes des guitares (et de la basse !) et de prouesses vocales. Visiblement émus et ravis de rencontrer son public français, WINGS OF STEEL enchaîne les morceaux en prenant peu de pauses, si ce n’est quelques interludes musicaux inattendus mais trouvant toute leur place dans le ficelage de la setlist. Contrastant avec la solennité de leur musique, leur humilité et leur authenticité sur scène sont touchantes. La réaction, très enthousiaste, de l’audience des Étoiles parle d’elle-même et ne nécessite pas de grande intervention mobilisatrice.

“Fall In Line” ouvre la setlist à la perfection. De fait, elle aurait pu sans problème assumer le rôle d’ouverture sur le premier album paru l’an dernier, Gates Of Twilight. On est directement happés par le grondement tantôt caverneux, tantôt électrique des deux guitares, par les montées vocales qui ne semblent jamais trouver leur limite, par l’enchaînement parfait des multiples sections du morceau. On regrette peut-être que les conditions sonores ne permettent pas d’entendre suffisamment la guitare de Stefan John Bailet, qui, bien que principalement impliquée dans les parties rythmiques, accompagne régulièrement Parker Halub pour nous livrer de sublimes solos harmonisés. Après cet excellent choix d’ouverture, Wings of Steel poursuit sur sa lancée heavy/power metal avec “Lady Of The Lost” et “Cry Of The Damned”, avant d’entrer dans quelque chose d’un peu plus bluesy et intime avec “Leather And Lace”. Bien que le duo américain ait trouvé une signature musicale 80’s très identifiable, la performance live lui permet une meilleure mise en avant des reliefs et subtilités bien présents dans sa (encore petite) discographie. Quant aux sublimes “She Cries” et “Slave Of Sorrows” (particulièrement touchante), leurs arpèges légers et leurs mélodies poignantes apportent une émotion différente à la soirée, et obtiennent de l’assistance quelques téléphones en mode lampe torche levés. Le groupe accorde trois places à son EP paru en 2022, avec “Rhythm Of Desire”, “Stormchild” et bien sûr “Wings Of Steel”, qui clôturera le set.

L’hommage aux pionniers du metal passe aussi par des démonstrations plus directes. Wings Of Steel abreuve généreusement son public de metalleux de deux reprises des monuments du genre Black Sabbath et Metallica, cités comme références : “Heaven And Hell” et “Creeping Death” rendent le set encore plus riche, et la deuxième pousse à la formation d’un petit pogo. L’ambiance vintage est telle que les téléphones font presque tâche au milieu du décor. Car au-delà de la musique, le style des cinq musiciens épouse parfaitement l’univers proposé.

Enfin, le dynamisme du set passe par des transitions musicales inspirées : solo de batterie signé Marcel Binder, solo de guitare bien sûr, et… solo de basse (oui oui). Le bassiste belge Mathieu Trobec nous gratifie d’environ cinq minutes d’expérimentations à quatre cordes, osant même les techniques emblématiques des guitaristes metal (sweeping, tapping). Le résultat est bluffant et nous plonge dans un autre univers sonore, mais celui-ci trouve sa place sans problème au milieu de toute cette effervescence instrumentale. À noter que Wings Of Steel est aussi le genre de groupe à laisser une vraie place d’honneur à la basse, dont l’agréable trottement est loin de se réduire à quelques fondamentales par-ci par-là, et complimente à merveille l’ensemble en lui ajoutant une amplitude très satisfaisante à l’oreille.

Seul bémol à noter : la qualité sonore, qui n’est pas toujours au rendez-vous. On a malheureusement droit à quelques larsens entendus sur les passages les plus calmes du concert, et qui détournent quelque peu notre attention de la performance magistrale délivrée par les hôtes de la soirée. Mais rien de dramatique ou qui puisse entacher l’impression générale en quittant Les Étoiles : une certaine chance d’avoir assisté aux débuts de quelque chose qui promet de grossir et de conquérir de nouvelles salles. En tout cas, on sera là au prochain rendez-vous parisien.

Vintage, oui, parodique, non. Wings Of Steel relève un périlleux défi en s’ancrant dans une tradition musicale où d’autres y ont laissé des plumes, face à un public particulièrement exigeant. Le groupe parvient à utiliser les codes du heavy metal classique en y ajoutant sa touche de modernité, une qualité de composition remarquable et un excellent sens mélodique. En attendant, Wings Of Steel se produit ce vendredi 17 mai au Splendid de Lille. Ensuite, direction l’Allemagne pour une nouvelle salve de festivals et de salles. Si les prestations sont aussi grandioses que ce soir, les nouveaux fans devraient affluer, et ils risquent de fidéliser ceux qui les découvrent tout juste.

1 Commentaire

  1. Rien à ajouter, chronique superbe et fidèle au contenu du set MGISTRAL délivré par WINGS OF STEEL.

    “Parodique non, VINTAGE OUI” 😍

    Fantastique soirée, l’impression d’avoir vécu un moment privilégié, après presque 40 années à parcourir la route Hard and Heavy, de ses ruelles les plus obscures à ses autoroutes les plus flamboyants, je suis sorti du concert le cœur léger.

    Quel bonheur à 56 ans de toujours avoir chevillée au corps l’âme de mes 15 ans.

    Merci Furies, Wings of Steel et Olivier Garnier d’avoir rendu possible ce rêve 🤘

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