Annuler une tournée ou faire toutes ses dates sans l’un des membres fondamentaux du groupe. C’est la deuxième option qu’a choisie I Prevail en s’installant, le temps d’une soirée, à l’Olympia. Malgré la malheureuse annonce de l’absence de l’un des leaders, Brian Burkheiser, en raison du syndrome d’Eagle, seul Eric Vanlerberghe portera la voix du groupe, mais le public français était au rendez-vous ce mardi soir.
Les doigts à l’honneur
Dès l’entrée sur scène du premier groupe, l’ambiance est lancée : le chanteur KID BOOKIE impose l’ambiance : les majeurs en l’air et les têtes en avant puis en arrière. Le public est à l’écoute et, pour une première partie, il est très attentif, sachant que l’artiste fait ses premiers pas à Paris. Le débit de paroles à la seconde est impressionnant et suivi de son scream d’une justesse impeccable, le combo est déroutant. Il faut quelques chansons à la fosse pour entamer son premier moshpit accompagné du chanteur lui-même. Si le son reste un peu bas et hasardeux, n’en déplaise que la salle est chauffée.
C’est alors qu’entre en scène le deuxième groupe, un peu plus facile d’accès : SET IT OFF. Dans une qualité sonore semblable à celle de Kid Bookie (inquiétant pour la suite d’ailleurs), les morceaux s’enchaînent et on peut dire que le tour de chauffe est efficace car on n’arrête plus la foule déjà conquise de lever les bras, headbanger et faire des doigts avec le groupe. L’ambiance promet. La reprise du “Points Of Authority” de Linkin Park est une pépite et le sourire du chanteur Cody Carson ainsi que sa voix droite finit d’envoûter. Mention spéciale au batteur Maxx Danziger, aux têtes expressives et qui fait mine de s’ennuyer lorsque le morceau est plus calme.
Une heure dix top chrono
Après ces deux premières parties de trente minutes chacune, I PREVAIL se fait désirer. Il est déjà 21h44 quand l’intro débute, interrompant délibérément “The Hand That Feeds” de Nine Inch Nails. Une introduction qui se fait par le biais d’une vidéo annonçant le premier morceau de la soirée et pas des moindres. “There’s Fear In Letting Go” plonge directement l’assemblée dans un pogo. Toute la fosse bouge à l’unisson dans un joyeux bordel. La qualité sonore s’est nettement améliorée même si ça n’est pas déraisonnable.
Alors à quoi s’attendre sans le leader et chanteur Brian ? Il est vrai qu’il manque là une partie importante du groupe. Eh bien, le second chanteur ce soir, c’est bien évidemment Eric (qui a littéralement les paroles collées sur les praticables postés à l’avant de la scène) et Dylan Bowman, mais surtout c’est l’auditoire. Si parfois on peut entendre des difficultés vocales à masquer l’absence de Burkheiser, l’ambiance et la symbiose avec la foule compensent ce manque.
Le show est carré. À gauche, légèrement élevé, le synthé et la basse et à droite à la même hauteur la batterie. À l’avant, les deux guitaristes ainsi que le chanteur montent parfois sur des praticables placés sur le large de la scène. Le tout fait très épuré, voire vide mais l’on peut compter sur l’écran derrière pour animer le tout. On se croirait presque à un karaoké géant, à chaque refrain les paroles s’affichent et si certains mots screamés peuvent par malheur nous échapper, ce n’est plus le cas après le concert. Des vidéos entrecoupent le set et introduisent certaines chansons comme pour “Bad Things” ou “Bow Down”. La prestance du groupe et sa connexion avec son public n’a peut-être pas besoin de tant d’artifices et fait oublier cette scène vide.
D’une ballade à “Blank Space”, reprise de Taylor Swift, I Prevail réussit à nous épuiser jusqu’au dernier souffle. C’est avec joie et une salle pleine d’émotion que la formation achève son Olympia avec l’une de ses pépites, “Hurricane”. Et quelle fin extraordinaire. On ne souhaite plus qu’une chose après ce concert : se remettre de cette ambiance, tout d’abord, et surtout que le groupe revienne vite en France, accompagné de Burkheiser en pleine forme pour remuer corps et cœurs une nouvelle fois.