Une dernière journée placée sous le signe du rock grand public, côté Mainstage, mais avec de vraies attentes : Queens Of The Stone Age et Foo Fighters. Alors, pari réussi ?
NECK DEEP (Mainstage 2)
Neck Deep apporte une bouffée d’air frais pop punk au Hellfest 2024, captivant le public avec ses mélodies accrocheuses et son énergie débordante. Ben Barlow, le chanteur, mène le groupe avec une voix puissante et une présence scénique charismatique. Les morceaux comme “In Bloom” et “Gold Steps” résonnent avec une intensité émotionnelle, tandis que les guitares enjouées et les rythmes dynamiques incitent la foule à sauter et chanter en chœur. La performance est une véritable célébration du pop punk, pleine de joie et de nostalgie.
NOVA TWINS (Mainstage 1)
Plus vraiment inconnues du grand public, le duo de Londoniennes nous offre toujours une performance minimaliste mais énergique. Uniquement accompagnées d’un batteur, c’est Amy Love qui joue parfois de la guitare et Georgia South qui est à la basse. Le groupe joue principalement son album Supernova (2022) et notamment son titre éponyme, mais finit par “Bassline Bitch” afin de satisfaire les fans de la première heure. On peut leur reprocher d’utiliser parfois des boucles pour compléter leur set plutôt que de s’encombrer avec un autre musicien, mais South nous délivre une prestation assurée tandis que Love nous transporte, toutes deux vêtues de tenues assorties. Les deux filles sont d’une efficacité vigoureuse et leur set semble bien trop court en ce début d’après-midi. Il aura chauffé les survivants de ces quatre jours et assurément donné l’envie de les retrouver une prochaine fois au Hellfest.
KARRAS (Altar)
Karras, c’est un véritable coup de cœur pour cette édition 2024. Le groupe remplace au pied levé Caliban, qui a annulé quelques jours avant le début du festival. La formation, qui a pu faire ses dents avec une mini-tournée au Japon en première partie d’Obituary, est accueilli par un public enthousiaste. Son death metal intense et viscéral secoue l’Altar. Le groupe délivre une performance brute et impitoyable, marquée par des riffs tranchants et des rythmes dévastateurs. Diego, avec sa voix gutturale, plonge l’auditoire dans une atmosphère sombre et oppressante. Son évolution depuis les premiers concerts du groupe est époustouflante. Les nouveaux morceaux ont fait évoluer le style du trio. Les passages plus ralentis sont une occasion de communion entre le groupe et l’assistance. Le duo Yann/Diego vient chercher les festivaliers, les engageant à se donner avec eux. Les morceaux comme “A Chaplain’s Breath” et “My Aim Is Violence” frappent fort, chaque note résonnant avec une brutalité cathartique. La prestation est une déferlante de puissance et de rage, laissant une marque indélébile sur les spectateurs. Un concert aussi direct et efficace que le nom du groupe.
SIMPLE PLAN (Mainstage 2)
Le groupe projette toute une génération dans une vague de nostalgie intense. Les festivaliers sont venus en nombre pour sauter gaiement au rythme des hits des années 2000. Pierre Bouvier arbore un T-shirt parfait pour l’occasion avec un “I’m just a kid an adult, and my life is a nightmare“. Le Canadien prend le temps de parler en français avec son audience. Leur interaction avec les fans, ponctuée de sourires et de moments de complicité, crée une ambiance chaleureuse et festive, rappelant pourquoi ils sont restés si populaires au fil des années. Simple Plan séduit tout le monde avec un pop punk à l’énergie contagieuse. Il enchaîne les hits comme “Welcome To My Life” ou “Perfect” avec une passion intacte. Seul reproche : le set est bien trop court !
BLUES PILLS (Mainstage 1)
Les Suédois sont enfin de retour, aussi bien sur scène que dans le circuit. On se souvient encore de leurs sets endiablés à Clisson. Quoi de neuf chez Blues Pills ? Birthday, le nouvel album, sortira le 2 août, et Elin Larsson (chant) est devenue maman. Deux nouveaux titres sont d’ailleurs interprétés, dont le morceau titre. Sur scène, la frontwoman est, comme toujours, énergique et mène la foule à la baguette. Alternant différentes ambiances et rythmes, Blues Pills contribue au dynamisme des scènes principales, à sa manière, mais de très belle façon. Rendez-vous à l’automne et cet hiver pour trois dates en France, afin de promouvoir le nouvel album.
FRANK CARTER AND THE RATTLESNAKES (Mainstage 2)
Frank Carter, accompagné de ses Rattlesnakes, est un habitué du Hellfest. Comme lors de chacune de ses prestations, l’artiste électrise le festival avec une performance furieuse et énergique. Connu pour son charisme et son intensité scénique, Frank Carter plonge dans la foule, créant une connexion directe et palpable avec le public. Ici, pas de fioritures. La Mainstage est revêtue d’un rideau argenté pour seule décoration. Tout se concentre dans l’intensité brute de morceaux comme “Crowbar” et “Lullaby.” Le groupe mêle punk, rock et une dose de rage contrôlée pour un résultat probant. Il offre également l’occasion aux femmes du public de se déchaîner dans un mosh pit 100% féminin. Un rituel qui reste toujours aussi jouissif.
COREY TAYLOR (Mainstage 2)
Corey Taylor, figure emblématique du metal et autre habitué du Hellfest, s’offre la Mainstage en solo. Il déboule sur scène pour chanter le titre de Stone Sour “Made Of Scars”, début d’un set bien calibré. Mixant des morceaux de ses carrières avec Slipknot, Stone Sour, et son projet solo, il démontre une incroyable diversité musicale. Sa voix versatile, capable de passer des cris gutturaux aux mélodies envoûtantes, captive l’assemblée. Toujours dans le partage, il déclare sa flamme à sa femme, fait une pause pour qu’elle lui mette de la crème solaire, ou met en avant les difficultés de ces derniers mois avec un lourd passage dépressif. Capable de passer du thème de Bob l’Éponge au sublime “Snuff”, Corey montre qu’il sait tout faire. Mais là où l’audience se déchaîne véritablement, c’est bien sûr sur les reprises de “Before I Forget” et “Duality”. La fosse explose dans un joyeux bordel pour le plus grand plaisir des musiciens.
CROSSES (†††) (Valley)
Le projet électro alternatif de Chino Moreno se présentait comme le show à ne pas rater cette année. L’album présente une atmosphère immersive avec des sons électroniques planants et des mélodies sombres. Le concert commence avec un Chino très en forme, mais sur le troisième morceau “Ghost Ride”, c’est le drame. Le son ne fonctionne plus et le groupe est obligé de quitter la scène pendant quarante minutes. Une jeune stagiaire prend le micro pour expliquer que le problème est du fait du festival et non du groupe. Alors que les trois quarts de l’audience ont déserté la Valley, le duo revient sur scène pour quatre titres. Les fans restés patiemment dans l’espoir de revoir le groupe sont ravis. Chino vient toucher son public, il se nourrit de leur énergie pour assurer ce mini-set de quinze minutes. C’est la grosse déception pour tout le monde, mais les quelques minutes de show ont suffi pour donner envie de revoir ce groupe dans de meilleures conditions.
QUEENS OF THE STONE AGE (Mainstage 1)
Un groupe plus technique et posé en ce début de soirée et fin de week-end, c’est ce que nous propose le Hellfest avec Queens Of The Stone Age. Un groupe que l’on redoute en live tant sa musique est compliquée et l’ambiance a souvent du mal à prendre. Ce fut moins le cas ce dimanche, peut-être est-ce dû à ses succès bien répartis dans lasetlist ou un soleil chaleureux qui donne envie d’être plus attentif à la qualité technique. Il faut dire aussi qu’avec son bouc, sa petite chemise à fleurs déchirée après un passage en fosse, Josh Homme séduit la foule. Pas une fausse note à ce concert donc, mais pas non plus une ambiance folle. On entendra la foule pour le fameux refrain de “Make It With Chu” et on verra les admirateurs de l’album Songs For The Deaf (2002) bouger de la tête lorsqu’ils en joueront des morceaux. On ne s’attend pas à beaucoup de mouvements lorsqu’on va voir Queens Of The Stone Age, et pourtant on en repartira contents de cette petite pause avant The Offspring.
THE OFFSPRING (Mainstage 2)
The Offspring est de retour au Hellfest avec son punk rock intemporel. Le groupe a conservé la mise en scène de sa tournée 2023 et le show est visuellement très convaincant. Dexter Holland, le chanteur, mène la formation avec une énergie débordante, enchaînant les tubes comme “Come Out And Play”, “Pretty Fly (For A White Guy)” ou encore “The Kids Aren’t Alright”. Une setlist terriblement efficace malgré l’apparition de quelques reprises inutiles. L’assemblée chante en chœur chaque refrain, créant une atmosphère de fête et de camaraderie. Le groupe a laissé moins de place aux discours un peu lourds pour se concentrer sur sa musique. Surfant sur leur capital sympathie, ils proposent un condensé d’énergie et de fun. Dans une journée très rock, la prestation est encore plus appréciable. Lorsque tout l’auditoire se met à hurler sur “Self Esteem”, l’instant devient presque magique. The Offspring reste une valeur sûre pour mettre l’ambiance. Ils sortent un nouvel album à la fin de l’année et seront donc sûrement de retour très vite sur les planchers des salles françaises !
RIVAL SONS (Valley)
Le groupe le sait, jouer face aux Foo Fighters peut s’avérer compliqué, pourtant cela ne décourage pas Rival Sons de s’emparer du dernier concert de la Valley. Et quel beau final pour cette scène. C’est dans une ambiance feutrée que Jay Buchanan et Scott Holiday débutent “Mirrors”, issu de DARKFIGHTER (2023), l’un des deux albums qui composent leur retour en 2023 (si vous vouliez entendre LIGHTBRIGHTER, c’est en concert qu’il faudra aller les voir). Pour ce premier morceau, les écrans qui entourent la scène ne fonctionnent pas mais personne ne s’en soucie vraiment, là devant le groupe on se sent chanceux et c’est assez spacieux pour ne rien manquer. Le chanteur nous offre une performance vocale impressionnante, accompagné d’un Scott en grande forme. Ils enchaînent ainsi leurs plus grands morceaux “Open My Eyes”, “Pressure And Time”, “Electric Man” avec une ferveur qui finit d’envoûter le public. Rival Sons clôture la Valley avec brio.
FOO FIGHTERS (Mainstage 1)
Légitime ou pas, c’est la question que tout le monde a aux lèvres en voyant Foo Fighters programmé en clôture du Hellfest. Le débat est sûrement encore en cours lorsque la foule se réunit en grand nombre pour juger de ces deux heures finales. Quels que soient les avis quant à sa présence ce soir, le show a lui été assuré. Dave Grohl et ses acolytes étaient là pour en découdre en commençant avec “All My Life”. La performance du chanteur avec sa rage, son énergie et ses aigus nasillards donne une touche particulière aux titres, mais il est dommage que cela ne réussit pas à faire bouger plus la foule. Les morceaux s’enchaînent avec une fluidité impressionnante : “The Pretender”, “The Sky Is A Neighborhood”, “The Teacher”, portés par une pêche incroyable qui sait maintenir l’ambiance sympathique tout au long du concert. Foo Fighters prouve son talent incontestable, offrant des solos endiablés et des prestations vocales acharnées. On ne peut contester l’énergie communicative du groupe, une fin de soirée mémorable qui a su conclure le festival en beauté avec un rock doux mais puissant, nous faisant presque oublier l’absence d’un feu d’artifice final. Peut-être était-ce mieux ainsi de le laisser à des groupes que le public estimait plus méritants.
Reports par Marion Dupont, Eurielle Boslowsky et Chante Basma.
Un grand merci à Régis Peylet de nous partager ses quelques clichés.