C’est sous le nom de girl in red que l’artiste norvégienne Marie Ulven Ringheim se fait connaître. Après avoir assuré la première partie de Taylor Swift en 2023 et sorti son troisième album, I’M DOING IT AGAIN BABY!, au printemps 2024, la chanteuse nous offre une soirée mémorable, le mercredi 11 septembre, au Zénith de Paris.
Nieve Ella
C’est devant une fosse presque comble que NIEVE ELLA, accompagnée de ses trois musiciens, débarque sur la scène du Zénith. Un nom dont on avait déjà entendu parler lors du Festival Beauregard plus tôt dans l’été. Sous ses airs angéliques, sa chevelure blonde et un look Y2K séduisant, la chanteuse livre une performance énergique et rock, la plupart du temps avec une guitare à la main. Pendant ce qu’on pourrait qualifier de petit solo de guitare, elle se laisse porter par l’ambiance, se retrouvant aux pieds de sa bassiste, donnant l’impression, pendant quelques secondes, de voir un clone d’Avril Lavigne version 2024. Le public, déjà conquis, lui réserve un accueil chaleureux. Dès le second morceau, “The Thing We Say”, les téléphones s’allument, illuminant la salle, tandis que Nieve Ella impressionne par sa présence scénique et sa voix claire et puissante. Il n’est donc pas surprenant que des titres tels que “Sweet Nothing” et “His Sofa” soient chantés en chœur par une partie de l’auditoire. Il lui suffit de trente minutes pour nous convaincre de retourner la voir lors d’une prochaine date parisienne.
Des couleurs plein les yeux
Nous sommes immédiatement plongés dans une ambiance juvénile, avec une batterie posée sur un gros cube jaune d’un côté et un cube rouge de l’autre, qui s’avère être un piano. Autour de la scène, un écran, ressemblant à un tableau magique, nous montrera Marie en gros plans. Cette mise en scène évoque des univers comme ceux de Super Mario ou Toy Story, promettant un spectacle coloré. Dès son entrée sur scène, GIRL IN RED, acclamée sous son vrai nom, Marie, instaure une ambiance conviviale en commençant avec “DOING IT AGAIN BABY” et “bad idea!”. Bavarde et pleine de candeur, elle nous avoue voir “la vie en rouge” ce soir, et c’est ce qui marquera la soirée : son enthousiasme malgré “les règles“, métaphore colorée des aléas des concerts. On lui pardonne même d’avoir oublié les accords de “two queens in a king sized bed”, qu’elle doit reprendre à deux fois avant de l’interpréter, encouragée par une audience bienveillante.
Bienvenue dans la Tay Tay Industry
La production de son spectacle, inspirée des standards pop américains, présente une scénographie minutieusement orchestrée. Les morceaux s’enchaînent rapidement, et les titres pop de son dernier album I’M DOING IT AGAIN BABY! ressemblent presque à leurs versions studio. “I’m Back” et “You Need Me Now?” s’enchaînent, mais nous laissent quelque peu sur notre faim. En revanche, ses morceaux plus rock indé, tels que “A Night To Remember”, “Body And Mind” et “You Stupid Bitch”, semblent avoir été pensés pour le live. Cette dichotomie pourrait découler d’un album produit avec précision ou de la nature pop que Marie incarne dans ce dernier disque. Cependant, la spontanéité de girl in red, qui ne cesse de sauter dans tous les sens et semble prendre un plaisir inconditionnel à chanter, finit par nous faire oublier ces détails et conquiert définitivement nos cœurs.
À l’issue du concert, une certaine ambivalence s’installe. D’un côté, l’énergie et le naturel de Marie nous ont charmés; il est indéniable qu’elle est une chanteuse sensationnelle, faite pour la scène. De l’autre, la mise en scène rigide et l’enchaînement de pas moins de vingt chansons en une heure et demie, sans rappel, laisse un goût mitigé (sans compter les versions accélérées de “summer depression”, “we fell in love in october” ainsi que son improvisation sur “Seven Nation Army” des White Stripes). Malgré cette soirée réjouissante, il est clair que girl in red n’a pas besoin d’artifices pour nous émouvoir, seulement de son aura et de son enthousiasme contagieux.