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Pale Waves – Smitten

Après nous avoir séduits avec l’explosion pop punk Unwanted (2022), Pale Waves revient réchauffer notre automne avec une nouvelle livraison. Bien que prolifiques, les Anglais nous ont habitués à faire évoluer leur son entre chaque album. Ce Smitten saura-t-il à nouveau nous enchanter ?

My Happy Ending

Ce ne sont pas vos ressemblances qui comptent, mais vos différences.” En ce jour où l’inoubliable Maggie Smith nous quitte, cette phrase tirée d’Harry Potter pourrait tout aussi bien s’appliquer à Pale Waves. Les Mancuniens ont en effet marqué les esprits par la filiation vocale entretenue avec Avril Lavigne sur leurs deux albums précédents. Pourtant, ce quatrième disque voit le quatuor s’émanciper de la figure tutélaire de la Canadienne. La proximité y est beaucoup moins marquée, malgré quelques fugaces réminiscences (“Slow”, “Miss America”).

Ce virage est en adéquation avec la thématique. Son prédécesseur se servait de l’énergie punk pour faire passer un mauvais quart d’heure à des ex indélicats. Sur Smitten, l’état d’esprit est tout autre. Heather Baron-Gracie s’intéresse désormais au trouble suscité par le sentiment amoureux. “C’est intéressant pour moi de voir qu’on peut être fasciné et épris de quelqu’un, puis qu’il puisse devenir un parfait inconnu.” Les thèmes retranscrivent la précieuse gravité des passions adolescentes (“Kiss Me Again”). La jeune femme se tend également le miroir de la culpabilité au moment de se préparer à briser le cœur de l’autre (“Hate To Hurt”). Après des années à écrire sur le versant traumatique de ses relations, cette page est empreinte d’une essence plus légère, nous ramenant à l’état d’esprit du tube “She’s My Religion” (2021).

Une cure de pop

L’escapade pop punk a donc vécu, faisant désormais place à une dream pop plus sage. Les synthés et riffs atmosphériques typés 80’s ont pris le dessus sur les envolées énergiques. Tant et si bien qu’il plane un parfum de The Cure moderne dans l’instrumentation. Si cette dernière est d’une grande cohérence, elle entraîne également une linéarité pénalisante. On peine à identifier des tubes énergiques et directs comme “Jealousy” ou “Only Problem”. C’est agréable, légèrement planant, mais beaucoup moins dynamique.

Heureusement, la voix entêtante de Heather Baron-Gracie est toujours au rendez-vous. On prend plaisir à retrouver les tirades mordantes dont elle a le secret. “Est-ce cruel ou gentil ? Je n’arrive pas à décider. Dois-je rester une nuit de plus pour être polie ?” déclare-t-elle sur “Hate to Hurt You”. De même, sa verve permet de donner un tranchant bienvenu à certaines chansons (“Not A Love Song”, “Kiss Me Again”, “Miss America”).

Le reste de l’ensemble oscille souvent entre l’encourageant (“Last Train Home”, “Imagination”) et l’oubliable. Les singles manquent ainsi tout particulièrement de relief (“Perfume”, “Glasgow”, “Thinking About You”). Seul “Gravity” parvient à tirer son épingle du jeu, évoquant de façon troublante la chanson du même nom d’Against The Current.

Si ce quatrième album permet de renouveler leurs sonorités, il manque en revanche de variété en son sein. Le potentiel de Pale Waves se retrouve presque bridé dans une dream pop 80’s cohérente, agréable mais finalement peu addictive. Les fans prendront néanmoins plaisir à parcourir les douze morceaux, comme on parcourt un journal intime d’une amie qui met des mots sur des émotions universelles.

Informations

Label : Dirty Hit
Date de sortie : 27/09/2024
Site web : www.palewaves.co.uk

Notre sélection

  • Miss America
  • Last Train Home
  • Not A Love Song

Note RUL

 3/5

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