Lady Gaga – Harlequin 

Ce vendredi 27 septembre, Lady Gaga a surpris ses fans avec un nouvel album intitulé Harlequin. Ce projet inattendu arrive juste avant la sortie du film Joker : Folie à Deux réalisé par Todd Phillips, dans lequel elle incarne le personnage emblématique d’Harley “Lee” Quinn, aux côtés du déjà culte Joaquin Phoenix en Joker. Harlequin s’annonce comme une œuvre visant à plonger l’auditeur dans l’univers fascinant de cette figure iconique, tout en offrant un aperçu de l’interprétation unique de Gaga dans le film à venir.

Lady Lalaland

Dès les premières notes, nous sommes confrontés à une série de reprises de classiques du genre comédie musicale, comme “Good Morning” tiré de Singing In The Rain ou “Get Happy” de Judy Garland, qui, hélas, manquent de l’étincelle que l’on attend d’une artiste de la trempe de Gaga. On rappelle qu’elle a sorti tout un album de reprises jazz, Love For Sale avec Tony Bennett en 2021, elle n’est donc pas novice en la matière. Si l’idée d’explorer le cabaret swing et de rendre hommage à ces standards, comme “World On A String” de Sinatra ou “Smile” de Nat King Cole, aurait pu être une belle initiative, le résultat final apparaît comme une pâle imitation, sans véritable innovation ni interprétation personnelle. Certes, la chanteuse est une interprète de talent – il n’est pas donné à tout le monde de passer après Shirley Bassey pour reprendre “The Joker” et d’y mettre une telle puissance – cependant, les arrangements sonnent souvent plats et clichés. C’est notamment le cas de la reprise de “Oh, When The Saints”, chanson traditionnelle des marches funéraires de la Nouvelle-Orléans, qui sonne ici comme le futur remake dont on se passerait bien de Sister Act.

Joker face

Par ailleurs, la thématique du personnage d’Harlequin, qui aurait pu offrir une profondeur psychologique intéressante à l’album, semble ici n’être qu’une excuse pour sortir un projet surprise. Pour rappel, ce projet est inspiré par le personnage qu’incarne Lady Gaga dans le film musical Joker : Folie à Deux, mais il ne s’agit pas de la bande originale officielle du film. Ce personnage, flamboyant, extravagant, est traditionnellement le symbole de la dualité et de la complexité humaine. Cependant, en écoutant ce disque, on ne ressent pas la folie d’Harlequin, qu’on imagine plus chanter du punk ou des morceaux de la propre discographie de Gaga, comme “Bad Romance” ou “Judas”, que des ballades telles que “Close To You” de Hal David et Burt Bacharach. Cette dernière se rapproche plus de la bande originale du film musical, qui comprend des standards comme “For Once In My Life” de Stevie Wonder ou le retour de “That’s Life” de Sinatra, ayant marqué les esprits dans le premier Joker en 2019.

Deux folies uniquement

À noter que cet album comprend deux compositions originales : “Folie à Deux” et “Happy Mistake”. Le premier morceau est une valse classique aux airs parisiens qui semble coller à l’ambiance thriller musical qu’incarne le second volet du Joker. Tandis que le second ressemble davantage à un morceau extradiégétique, qui pourrait très probablement passer au générique final du film, plus populaire, avec de belles envolées lyriques, et moins dans le registre comédie musicale swing classique. “Happy Mistake” se distingue du reste de l’ensemble et nous offre ce qu’on aurait peut-être aimé voir davantage : l’incarnation musicale de Lady Gaga en Harlequin. On ressort de cette écoute avec l’intime conviction que ces morceaux ont probablement été refusés pour la bande originale du film, et que la chanteuse nous les offre, ne souhaitant pas les ranger au fond d’un placard.

En somme, Harlequin est un album qui, bien qu’ambitieux dans son concept, échoue à réellement nous captiver. Les reprises de comédies musicales, bien que revisitées, manquent de l’audace et de l’originalité qui font la force de Lady Gaga. La thématique d’Harlequin, quant à elle, semble être une coquille vide, faisant simplement office de promotion pour le film Joker : Folie à Deux.