Après son été nord-américain, l’indie rock vacancier de Wallows est de passage à Paris pour réchauffer les corps engourdis par l’arrivée du froid automnal. Le Zénith s’offre une dernière soirée d’été dans une ambiance légère et chaleureuse axée sur la communion entre le groupe et son public, venus célébrer le dernier disque en date, Model.
Matilda Mann
Dès 20h, l’indie pop candide de MATILDA MANN vient chatouiller nos oreilles et nous installer dans une atmosphère familiale. Sa voix magnifique, entre une Renée Rapp et une Hannah Reid (London Grammar) au falsetto Billie Eilish-esque, se pare d’un manteau mélancolique pour conter son expérience de plusieurs thématiques aussi personnelles qu’universelles (l’amour non réciproque, l’envie d’être présente pour une personne aimée…). L’artiste déroule ses compositions avec simplicité et efficacité, devant un Zénith déjà plein et très réceptif, qui s’autorise même quelques lumières levées pour les passages les plus sensibles du set (“Stranger For Now”, “The Loch Ness Monster”, “The Day That I Met You”). D’autres morceaux plus dynamiques apportent du relief à la performance générale (“Say It Back”, “Bloom”). Matilda Mann offre aussi à l’audience parisienne deux chansons à paraître, dans un contexte de promotion de son premier album prévu pour février 2025. La chanteuse-guitariste, visiblement émue, remercie maintes fois l’audience francilienne.
Wallows, célébration en famille
Le Zénith bout d’impatience lorsque les lumières s’éteignent enfin et que les ombres du trio WALLOWS, accompagné de ses musiciens de tournée, apparaissent derrière un rideau éclairé de bleu. L’effet cinématique est renforcé par l’excellent choix d’ouverture, “Do Not Wait”, plongeant la salle dans une ambiance mystérieuse, à contre-courant du vent de fraîcheur indie à suivre.
De fait, une fois le rideau tombé, Dylan Minnette, Braeden Lemasters et Cole Preston prennent l’auditoire à contre-pied en déclenchant le riff introductif de l’addictive “Your Apartment”, qui compte parmi les meilleures pistes de Model, dernier album des Américains. Celui-ci a droit à ses temps forts, puisque seront également jouées “Anytime, Always”, “Bad Dream”, “You (Show Me Where My Days Went)”, “A Warning”, “She’s An Actress”, “Calling After Me” et “Only Ecstasy”. On regrette l’absence de “Going Under” et “Don’t You Think It’s Strange”, justifiée par le haut niveau de variation des setlists sur cette tournée. Si les refrains accrocheurs du dernier disque captivent le public, ce sont les succès passés du groupe qui reçoivent l’ovation la plus bruyante : “Scrawny”, “Just Like A Movie”, “1980s Horror Film”, “Pleaser”, “Remember When”, et, bien sûr, “Are You Bored Yet?”, qui voit, comme d’habitude, Dylan Minnette tendre le micro à un public prêt à entonner le deuxième couplet, normalement assuré par Clairo sur la version studio. Un moment de communion magnifique qui représente bien l’ambiance proposée par le groupe, axée sur la connexion avec l’assemblée.
Celle-ci se matérialise à divers moments dans la soirée : lorsque, durant “She’s An Actress”, tout en chantant, Dylan Minnette rejoint la B-stage en se promenant dans la fosse, rappelant l’extrême popularité du musicien, d’abord rendu célèbre par son rôle dans la série à succès 13 Reasons Why. On salue au passage sa grande polyvalence, puisqu’en plus du chant et de la guitare, Minnette s’est aussi accordé une chanson à la batterie (“Quarterback”, avec Cole Preston au chant), une à la basse (“Bad Dream”) et une à l’harmonica (“I Don’t Want To Talk”). Plus tard, c’est à Braeden Lemasters de rendre visite aux occupants des gradins (“Worlds Apart”). Celui-ci prend le temps de faire connaissance avec son assistance, blaguant sur ses origines françaises, et invite même une fan sur la B-stage pour traduire la mythique fin de “1980s Horror Film” en live (“I’m not really that into guys” devient “Je n’aime pas tant que ça les garçons“).
Mais le Zénith n’a pas besoin de la bavarderie de Minnette ou Lemasters pour sceller la proximité entre les musiciens et leur public. Celui-ci répond présent lors des passages les plus dynamiques de la setlist (“Quarterback”, “At The End Of The Day”, “Pleaser”, “Calling After Me”, “Remember When”, “I Don’t Want To Talk”), mais aussi les plus atmosphériques (“These Days”, “Uncomfortable”, “You (Show Me Where My Days Went)”), et les plus intimistes, réalisés sur une B-stage localisée en pleine fosse, reconstitution du salon où le groupe compose et joue (“Pictures Of Girls”, “That’s What I Get”, “1980s Horror Film”). Le naturel avec lequel les trois musiciens s’installent et bavardent tranquillement contribue à la spontanéité évidente qui émane du concert, véritable fil conducteur de la soirée.
Infatigable, Wallows quitte enfin la scène après près de deux heures de concert, durée suffisante pour rendre hommage à l’ensemble de sa discographie. C’est grâce à son set dynamique, dont la variété tient autant à la structure de la setlist qu’à la scénographie, que le groupe parvient à tenir son public de A à Z, clôturant cette joyeuse célébration sur un sprint final qu’on voudrait éternel, avec l’enchaînement extrêmement réussi des refrains jubilatoires de “Pleaser”, “Calling After Me”, “Remember When” et “I Don’t Want To Talk”. De manière générale, l’équilibre de la setlist, marqué par quelques habiles transitions (comme celle entre “Do Not Wait” et “Your Apartment”, ou encore entre “Anytime, Always” et “Scrawny”) ajoute une fluidité incontestable à l’ensemble, et tue l’ennui.
Il y a cette énergie positive irrésistible qui émane de la musique de Wallows, et qui se retrouve décuplée en live. Le boys band de l’indie pop américaine signe un nouveau succès parisien, qui doit tant à la qualité de la performance musicale qu’à l’attention portée à son public, ravi de se sentir partie prenante de la réussite de la soirée.
Bonjour,
Avez vous d’autres photos du public pendant le concert de wallows ?
J’étais à la barricade pile au milieu de la scène et j’aimerai bien mettre la main sur quelques photos 🙂
Cordialement,
Bonjour, toutes les photos sont dans la galerie de l’article 🙂