Avec un temps gris, mais une chaleur qui rappelle les beaux jours de l’été, la capitale ne sait plus comment s’habiller. Pourtant, des hordes de personnes arborant le même T-shirt se déplacent vers le 18e arrondissement. La pochette de Appetite For Destruction (1987) est sur de nombreuses poitrines défilant à l’entrée du Trianon. Ce soir, on honore Duff McKagan.
Beating around the bush
Venu pour promouvoir son album Lighthouse (2023), le bassiste de Guns N’ Roses sait rassembler avec sa carrière solo. Pourtant, bien moins axée hard rock que Velvet Revolver, dont il fut membre, ou Slash’s Snakepit, sa musique continue de le refléter fidèlement à travers son parcours de vie.
Empruntant leur nom à une chanson de Kate Bush, JAMES & THE COLD GUN débarque avec enthousiasme devant une salle aux trois quarts remplie. Le quatuor de Cardiff affiche directement une influence américaine, malgré le T-shirt des Clash porté par le chanteur et guitariste James Joseph. Fender Jaguar en main, il chante avec vigueur en cohésion avec les trois autres musiciens. “Paris! Let’s see if we can make you jump.” Cela ne déchaîne pas le parquet flottant du Trianon, mais le public reste réceptif. Premier concert français, présentation des autres membres, une communication qui démontre un début encourageant malgré les nombreux artifices et stéréotypes déployés sur scène. Les compositions sont plaisantes, mais un brin redondantes. Une prestation qui se termine tout de même sous des applaudissements généreux.
Le grand blond avec des lunettes noires
À peine le temps d’en griller une qu’il faut remonter dans la salle. Contrairement aux sets de Guns N’ Roses, c’est à l’heure que débute celui de son bassiste. Sous les applaudissements et les cris de joie, c’est avec un costume quatre pièces, une paire de lunettes de soleil vissée sur le nez, et une Gibson six cordes qu’il nous régale. La part belle est faite à Lighthouse, joué pratiquement dans son intégralité dans sa version standard. Morceaux introspectifs mêlant americana et rock FM, l’auditoire écoute religieusement tout en acclamant le grand blond de Seattle.
Entouré par des vétérans confirmés, DUFF MCKAGAN n’est pas avare en communication. Une ambiance bon enfant qu’il cultive au gré d’anecdotes et d’échanges, notamment avec un jeune fan montant sur scène et des signatures d’affiches. La soirée bat son plein, et Tenderness (2019) se taille la deuxième part du lion. Entre deux chansons dédiées à Mark Lanegan et à sa compagne Susan Holmes, Duff entonne des reprises, bien disséminées dans la setlist. Passant de l’acoustique à l’électrique, c’est sur sa Fender Telecaster que Duff entame le riff de “You’re Crazy”, unique morceau de Guns N’ Roses joué à l’occasion, mais qui fait l’effet d’une allumette dans un entrepôt de dynamite pour la foule.
Anything goes
Le choix des reprises est, bien entendu, délicieux. Oui, délicieux. Revenons à 1993 avec The Spaghetti Incident? Si l’on met de côté la fameuse anecdote qui donna son nom à l’album, un autre exemple des frasques et comportements toxiques de Guns N’ Roses, la sélection était déjà un parfait aperçu de certains musiciens. Une reprise de “Raw Power” des Stooges, alors qu’on a droit ce soir à leur hymne “I Wanna Be Your Dog”. Duff McKagan n’a jamais caché son admiration pour les Stooges, et en particulier pour Iggy Pop. La chanson de Johnny Thunders “You Can’t Put Your Arms Around A Memory”, dont le couplet est chanté par un Trianon euphorique, figurait aussi sur le CD.
Le seul inconvénient, c’est le manque de surprise. Si vous êtes un tant soit peu curieux, alors vous savez que la setlist ne variera pas d’une note durant toute la tournée. Et c’est fort dommage de la part de musiciens aussi talentueux. Heureusement, on ne se déplace pas pour être étonné par la setlist, qui est déjà impeccable en soi.
Un rappel après le “Heroes” de David Bowie, et les lumières se rallument. La salle se vide, les bars adjacents se remplissent, les sourires sont présents à la pensée de cette belle soirée à se remémorer. Duff McKagan n’a rien à prouver, mais toujours tout à offrir, avec une vision de l’Amérique que peu peuvent encore interpréter.
Bonjour,
L’enfant en question s’appelle Auguste il a 7 ans.