Après de longues années d’absence, Linkin Park est à nouveau un groupe complet, avec l’arrivée d’Emily Armstrong au chant et de Collin Brittain à la batterie. La formation en mode 2.0 a rendez-vous ce soir avec une Paris La Défense Arena prête à témoigner du retour fracassant d’un groupe qu’on pensait voué à disparaître après le décès tragique de son leader iconique Chester Bennington en 2017.
Sleep Token
L’énigmatique groupe anglais heavy metal SLEEP TOKEN ouvre la soirée. Le quatuor masqué (dont l’identité est inconnue) dispose de quarante-cinq minutes pour convaincre les premiers spectateurs dans l’immense Paris La Défense Arena. Peu mis en lumière sur scène, les membres du groupe n’en oublient pas pour autant de brancher leurs instruments, qui résonnent lourdement dans l’enceinte dès les premières notes. Dans leur style caractéristique, les Britanniques délivrent un set énergique, ponctué de passages plus doux et mélodiques, ainsi que de solos bienvenus, comme sur “The Offering”. L’immense logo en fond de scène clignote au rythme de la grosse caisse. Le chanteur, surnommé Vessel, se promène sur la scène avec énergie. Sa voix, malheureusement un peu étouffée dès que la batterie se met en action, impacte l’Arena de son flow chirurgical, à l’image de l’intro aux allures hip hop de “Granite”. Certaines intros guitare-voix, comme celle de “Alkaline”, sont le point de départ idéal d’une montée en puissance heavy qui enchante la salle. Professionnel et impassible, le groupe ne communique pas avec les primo-arrivants, préférant faire parler ses riffs incisifs. Mission réussie pour les Anglais, qui rejoignent les coulisses comme on rentrerait des courses.
Linkin Park
Les gradins s’amusent à lancer des olas pour passer le temps, tandis que les derniers retardataires accourent au fond de la fosse. La scène se prépare. Enfin. C’est avec un petit quart d’heure de retard que LINKIN PARK pointe le bout de son nez, acclamée par toute la salle.
Un rayon lumineux fend l’obscurité. “Somewhere I Belong” transforme l’Arena en un karaoké géant, qui perdurera tout au long de la soirée. La voix de Mike Shinoda est accueillie avec excitation par les fans des Américains. “Crawling”, deuxième titre d’un enchaînement de classiques, résonne à son tour. Très vite, l’ambiance est assurée : Emily Armstrong est accueillie avec ferveur par la salle, qui applaudit chacune de ses prouesses vocales tout au long de la soirée.
Avec deux immenses écrans de chaque côté et quatre au-dessus de la scène, impossible de rater les sourires qui se dessinent sur les visages des musiciens, visiblement ravis de performer pour le public français. Portés par un jeu de lumière et une captation particulièrement léchés, les morceaux les plus iconiques du groupe reprennent vie avec éclat, pour le plus grand plaisir des fans, transportés de revivre en live leur adolescence. Les instruments sont filmés de très près, laissant à tout mélomane l’occasion d’admirer le jeu des musiciens.
Après que “New Divide” a quelque peu ralenti le rythme effréné, il est temps pour la nostalgie de céder la place à une nouvelle ère. “The Emptiness Machine”, récent single du groupe, retentit. Deuxième ouf de soulagement : l’audience adhère, chante, et savoure les screams de la nouvelle leader.
Un break lumineux et musical permet de reprendre ses esprits avant un redémarrage en trombe. “The Catalyst” électrise des fans déjà en communion, qui donnent de la voix sur les “oh oh” et balancent leurs bras de gauche à droite sans hésitation. “Waiting For The End” révèle une nouvelle facette du talent d’Emily, qui démontre un peu plus sa légitimité à assumer l’héritage vocal de l’incomparable Chester Bennington : ses tenues de notes sont impeccables. Elle est acclamée durant de longues secondes avant que la formation n’entonne “Castle Of Glass”. “Given Up” relance le rythme et la nostalgie. Quasiment tout le groupe se tient au bout de l’avancée scénique, comme pour participer un peu plus à cette communion géante.
“Lost”, interprétée en piano-voix, est sans nul doute l’un des moments les plus émouvants de la soirée, une parenthèse enchantée. “My December”, performée en acoustique, sera aussi un moment particulier. Les fans n’hésitent pas à sortir les flashs de leur téléphone pour contribuer à la beauté de la prestation. L’auditoire n’a pas besoin de se faire prier pour s’époumoner sur les premières lignes de “Numb”, seul, devant une Emily ravie. “Faint” et son outro étendue rendent le public fou, qui rappelle son groupe préféré en hurlant.
La formation utilise de plus en plus l’avancée scénique dans ces derniers instants. Sur “Papercut”, Mike et Emily haranguent le premier rang. L’énorme scream d’Emily sur “Heavy Is The Crown” enflamme l’assemblée. Malgré les vingt-huit morceaux présents sur la setlist, dont le nouveau single “Over Each Other” joué en avant-première live, l’assistance n’a jamais faibli et en redemande, tant le temps est passé à la vitesse de l’éclair. Linkin Park prend le temps de remercier chaleureusement le public pour son soutien dans cette nouvelle ère avant de conclure sur “Bleed It Out”, un dernier moment de communion que les fans comptent savourer malgré l’émotion. Ils brandissent des pancartes pendant que le groupe les salue longuement.
Linkin Park a plus que répondu aux attentes ce soir. Avec une Emily Armstrong pleinement intégrée à la formation et plébiscitée par les fans, et une énergie entre nostalgie et renouveau soutenue par le public, la formation s’est rassurée et a rassuré quant à l’avenir qui semble pouvoir découler de ce nouveau souffle. De quoi amplifier un peu plus l’attente autour du nouvel album From Zero, à paraître le 15 novembre.