Le Plays Metallica Vol.2 Tour 2024 d’Apocalyptica fait escale ce soir dans l’iconique Olympia, parfait écrin pour (re)découvrir la musique du singulier groupe de heavy metal aux influences classiques. On ne pouvait pas rater ça !
Arctis
Un groupe de metal finlandais peut en cacher un autre ! Se disant eux-mêmes à la fois mystiques et futuristes dans leurs inspirations, les cinq membres d’ARCTIS donnent ce soir le troisième concert de l’histoire du groupe. Ils montent sur scène un par un, salués par des cornes pointées vers le ciel. Malgré l’énergie déployée par les Scandinaves, le public reste timide dans ses mouvements, mais n’hésite pas à encourager le groupe entre les titres et s’exécute lorsqu’on lui demande de taper dans ses mains en rythme. Néanmoins, des morceaux énergiques et efficaces tels que “Tell Me Why” se veulent imparables et réveillent l’assistance, qui ne peut rester de marbre. Quelques refrains aux allures pop, une batterie lourde, quelques touches symphoniques voire épiques, des guitares dans tous les sens, voilà à peu de choses près la recette de la musique proposée par Arctis. Un petit bémol toutefois : tout cela se mélange dans le mix live, ce qui nuit parfois à la qualité sonore.
La chanteuse Janne Halmkrona, en combinaison blanche, apprivoise peu à peu la scène et le public parisien. Sans courir dans tous les sens, elle finit par prendre sa place de leader, parle à l’auditoire et le regarde dans les yeux. Oscillant entre l’attitude rock et celle de pop star, elle se permet même un headbang sur le dernier titre. Visiblement satisfaits de leur prestation, les Nordiques regagnent l’ombre de la salle aux lumières rouges, sous les applaudissements.
Apocalyptica
Depuis leurs débuts, il y a maintenant plus de trente ans, les Finlandais d’APOCALYPTICA sont reconnus à la fois pour leur virtuosité et leur capacité à faire voyager l’auditeur à travers un univers démotions multiples.
Succédant à Plays Metallica by Four Cellos (1996), album de reprises des classiques du groupe légendaire, Plays Metallica, Vol.2 (2024) explore une partie moins connue du répertoire de l’ogre du thrash metal. Comme un hommage à leur groupe préféré, le concert de ce soir s’axe uniquement sur ces deux disques.
Des T-shirts Metallica, Hellfest, Apocalyptica et autres groupes de metal sont arborés fièrement par des fans qui patientent en sirotant une bière (ou deux). Derrière un rideau blanc, des lumières apocalyptiques apparaissent, en rythme avec des bruits orageux. Le rideau tombe, laissant apparaître quatre musiciens déjà pleins d’énergie : le batteur Mikko Kaakkuriniemi, aux baguettes depuis seulement quelques mois, ainsi que les trois violoncellistes du groupe, Perttu Kivilaakso, Eicca Toppinen et Paavo Lötjönen, tous habillés en noir. Répartis sur toute la largeur d’une plateforme cernée de rails lumineux, ils agitent leurs archets au rythme de “Ride The Lightning”. Plongé en une fraction de seconde dans l’univers aussi singulier qu’impressionnant du groupe metal symphonique, l’Olympia exulte.
La joie de jouer, toujours intacte et tellement communicative malgré les années, force l’admiration. Musicalement impeccables, ils ont à cœur de partager le moment avec leurs fans parisiens. Perttu ne tient pas en place, transportant son instrument au plus proche de la fosse dès qu’il en a l’occasion. Archet en l’air, il incite la salle à jouer le rôle de chorale. Il profite des rares pauses entre deux titres pour expliquer au micro le concept du concert ou pour remercier l’assemblée de son soutien. Le langage corporel d’Eicca traduit également un amusement authentique et une volonté de communier avec le public. Sur “Creeping Death”, le trio de violoncellistes se place en cercle autour de la batterie, comme pour souligner la performance de Mikko. Sans jamais se départir de son sourire, Paavo, quant à lui, est légèrement plus statique que ses comparses.
Aux côtés des classiques “Enter Sandman”, “Master Of Puppets” ou encore “Nothing Else Matters”, qu’ils jouent en live depuis trois décennies et dont l’audience reprend les refrains le poing en l’air, les Finlandais interprètent les pépites qui ont récemment enrichi leur répertoire, telles que “The Call Of Ktulu”. Le groupe a obtenu l’approbation de Metallica pour utiliser les pistes de basse originales de Cliff Burton, dont le portrait apparaît sur l’écran arrière pendant l’interprétation du titre en question.
Apocalyptica se réapproprie les morceaux et les mélodies comme s’il s’agissait de ses propres compositions, sans jamais pour autant perdre de vue le propos artistique original et l’énergie associée. Les réarrangements sont bluffants et emportent avec eux toute la salle. Les treize titres interprétés ce soir ne donnent jamais un sentiment de redondance. Les émotions sont intactes du début à la fin, la batterie pas trop lourde mais bien présente, les paroles reprises sous forme de cordes aiguës. Les effets omniprésents confèrent aux instruments une dimension encore plus spectaculaire. On en prend plein les oreilles, mais aussi plein la vue, tant le jeu de lumières est dynamique, voire agressif par moments.
Avide de headbangs, la troupe sait tout de même profiter de quelques accalmies pour montrer une autre facette de sa virtuosité. Mention spéciale pour l’interprétation très douce et sans batterie de “Nothing Else Matters”, qui transporte l’assistance. Chaque membre a droit à sa présentation, suivie d’une acclamation unanime. “Seek & Destroy” déchaîne à nouveau les Scandinaves et leurs fans. Perttu tient son violoncelle comme il tiendrait une guitare électrique, tout en lançant des regards taquins et complices à ses partenaires de jeu. Il s’amuse à jouer avec ses dents, ses pieds et même derrière son dos. Comme un symbole et un bon résumé de la soirée, “One” conclut le set. Combinaison de tout le savoir-faire du groupe, avec son introduction acoustique, une montée en puissance émouvante suivie d’un outro épique, le morceau constitue une magnifique façon de se dire au revoir. Les Nordiques remercient le public, jettent tout ce qu’ils peuvent dans la fosse et finissent par quitter les planches en faisant de grands signes aux fans.
Apocalyptica est sans conteste le groupe de référence du metal symphonique, qui n’a plus rien à prouver, en témoigne sa longévité exceptionnelle. Sa capacité à s’approprier des titres et à transmettre des émotions nous aura encore bluffés ce soir. Pas besoin de chanter pour captiver l’attention d’une foule ! Petit regret toutefois, concept du show oblige, il faudra attendre une prochaine tournée pour entendre “Not Strong Enough”, “I Don’t Care” et autres titres qui ont participé à la renommée internationale des violoncellistes.