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YELLOWCARD @ Bataclan (22/11/24)

Yellowcard est de retour ! Après une séparation en 2016, les Américains se sont réunis pour célébrer le vingtième anniversaire de leur album phare, Ocean Avenue (2003). La formation vient raviver l’âge d’or du pop punk, aux côtés d’un groupe s’étant également révélé en 2003, Story Of The Year. Retour sur cette soirée aux faux airs de Vans Warped Tour.

Story Of The Year

Après une première partie de This Wild Life, nous attaquons directement avec STORY OF THE YEAR. Les Américains font figure de madeleine de Proust pour les amateurs de pop punk teinté de post hardcore. Moins connus que certains de leurs contemporains, la parution de leur album Page Avenue (2003) leur avait conféré le statut de pépite cachée. Témoin de cette position particulière, la formation se produit en France pour la toute première fois. Pour autant, le public présent leur fait passer un message : ils arrivent en terrain conquis.

En effet, le Bataclan manifeste constamment son enthousiasme et ne se fait pas prier pour scander leurs hymnes “Anthem Of Our Dying Day” ou le plus récent “War”. Le son est énorme, et la voix de Dan Marsala fait merveille, tant sur les screams que sur les parties plus douces. Dans ce registre, l’interprétation de leur classique “Sidewalks”, à la lumière des smartphones, sera un des moments frisson de la soirée. Le quatuor se montre très touché par l’accueil de cette première fois, qui ne cesse de monter crescendo. Le classique “Until The Day I Die” achèvera de leur montrer que leur œuvre n’est pas passée inaperçue de ce côté de l’Atlantique. Une conclusion épique, à la hauteur de la générosité déployée de part et d’autre de la scène. Mention spéciale au débardeur Britney Spears de Marsala, témoin de l’humour de la formation.

Yellowcard

Le changement de plateau est l’occasion de mesurer le degré de connaissance des tubes pop punk des années 2000. Les enceintes jouent du +44 ou du New Found Glory, mais un morceau en particulier attire l’attention. Le bien nommé “Still Waiting” vient appuyer les discussions largement orientées sur la venue de Sum 41 le lendemain. Pour autant, pas question de se ménager au moment où Yellowcard apparaît devant un Bataclan complet.

Le groupe dégaine d’entrée le combo dévastateur “Way Away” / “Breathing . Bonne pioche ! L’audience est conquise d’entrée par deux des titres les plus énergiques du culte Ocean Avenue (2003). Neuf de ses treize compositions seront justement interprétées ce soir. Une belle façon de replonger dans l’un des meilleurs albums du genre, huit ans après la séparation initiale de ses créateurs. Le leader, Ryan Key, revient d’ailleurs régulièrement sur ce break, qui devait à l’origine être définitif. Heureusement, nous voici donc dix ans après la dernière venue, retrouvant ce son si singulier, incarné par la présence d’un violon. L”intro de “Believe” met ainsi en valeur la virtuosité de Sean Mackin, par ailleurs toujours prompt à haranguer la foule ou à effectuer ses meilleurs sauts pour faire monter l’ambiance.

Plus qu’une célébration du passé

Et en parlant d’entame, celle de “Lights And Sounds” vient rappeler à quel point ce morceau est irrésistible. Le public ne s’y trompe pas et pogote joyeusement. Ryan Key semble ravi de l’accueil, soulignant qu’un wall of death dès la première chanson était l’un des moments les plus rock n’roll que Yellowcard ait connus ! Le leader parsème la prestation d’anecdotes sur les différentes époques du groupe, rappelant notamment qu’ils n’étaient pas programmés pour exploser. Il se confie sur le choc de passer en un an et demi de leur garage au label de Radiohead. Il n’élude pas non plus les moments plus difficiles traversés par la formation. La page semble néanmoins tournée, assortie d’une promesse de revenir plus forts. Au moment de présenter le morceau “Keeper”, il nous signifie d’ailleurs qu’il souhaite que le retour de ce titre méconnu (délaissé depuis 2008) soit le symbole de ce renouveau.

Si la longueur de ses interventions peut frustrer les plus impatients, il mettra en revanche tout le monde d’accord musicalement. Il faut dire que le groupe sait équilibrer sa prestation, ne se contentant pas de jouer ses morceaux dans l’ordre de l’album. Il est également satisfaisant de noter que les Floridiens rassemblent au-delà de leur œuvre phare. On redécouvre ainsi certaines compositions assez jubilatoires tirées des livraisons suivantes, à l’image de “With You Around”. Le large sourire de Key accompagne les envolées parisiennes sur des sonorités rappelant Simple Plan. Que ce soit pour chanter “Awakening” ou pour découvrir l’inédite “Better Days” (et son joli riff de guitare), l’enthousiasme ne faiblit pas.

Une avenue aux airs de boulevard

La performance est l’occasion de mettre en lumière le nouveau batteur, qui impressionne et martyrise joyeusement ses fûts sur “Life Of A Salesman”. Le temps passe à une vitesse folle, le show ne souffre d’aucun temps mort (ni rappel). Cependant, la B.O. des Frères Scott a su démontrer que le groupe était également capable de ralentir pour nous émouvoir. Nous aurons ainsi droit ce soir aux power ballades poignantes “Empty Apartment” et “One Year, Six Months”. Et dans ce registre, que dire de l’incroyable “Only One ? Ce titre fait trembler les murs du Bataclan, dans un sublime moment d’émotion partagé. Une intensité évidemment prolongée sur le climax de la soirée, à savoir le hit intemporel “Ocean Avenue”.

C’est sur ce bouquet final que s’achève cette heure et demie de show, effectuée d’une traite. Preuve que la foule n’était pas rassasiée, les “one more song” pleuvent, en dépit des lumières rallumées. Comme l’a évoqué le groupe, “il sera difficile pour les concerts suivants de faire mieux“. Yellowcard est en tout cas de retour et a prouvé que des séparations temporaires sont parfois le meilleur moyen de repartir du bon pied. Peut-être de quoi inspirer une certaine formation canadienne ?

Yellowcard Setlist Le Bataclan, Paris, France 2024, Celebrating 20 Years of Ocean Avenue

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