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LAST TRAIN @ La Boule Noire (28/11/24)

Dernier appel avant le départ pour une soirée brute de décoffrage. En amont de la sortie de son prochain album, III, le groupe alsacien Last Train investit La Boule Noire pour quatre soirs d’affilée. RockUrLife a eu la chance d’assister à la première. Bouillant et émouvant.

Treaks and treats

Le power trio nantais TREAKS ouvre le bal. Rapidement, l’assemblée est captée par ce cocktail post-punk/prog agressif et engagé. La présence scénique de Clothilde, la chanteuse et guitariste, hypnotise, même si l’œil part vite du côté des deux autres musiciens tant les compositions sont grisantes. La Boule Noire tape du pied, hoche de la tête, et même danse pour certains, sur des rythmes ciselés et des paroles à la fois pleines d’humour mais très réelles (“Tiny Brain”, qui parle de la notion de consentement).

À l’issue de la grosse demi-heure de set, la salle est déjà chauffée à bloc et en redemande ! Cependant, il faut bien laisser place au plat de résistance. Alors, le trio s’éclipse, mais pas avant de mentionner leur prochaine date parisienne en soutien de Bandit Bandit, le 6 décembre à La Cigale. On ne peut que conseiller d’être au rendez-vous.

“Home” is on stage

Il est 21h pile, et ce train-là n’est pas en retard. Cela aurait été dommage de le louper. Les quatre gars de LAST TRAIN montent sur scène sous les acclamations excitées et impatientes du public. L’introduction lancinante du single “Home” résonne dans la salle. Avec sa montée en puissance progressive et très bien dosée, on n’aurait pas rêvé mieux comme début de concert. À l’avant, ça saute et ça bondit.

Malheureusement, un incident vient perturber la fin du morceau lorsqu’une personne au premier rang fait un malaise. La tension retombe le temps que l’équipe de secours la prenne en charge (on lui souhaite un prompt rétablissement), et le groupe file en coulisses. Lors du retour sur scène quelques minutes plus tard, encore une fois sous les hourras nourris et chaleureux de La Boule Noire, Jean-Noël Scherrer rappelle qu’ils ont beau faire du rock, il faut tout de même prendre soin les uns des autres. Ce sera chose faite… même si les moshpits seront quand même bien vigoureux.

La soirée repart avec le titre “Way Out”, qui remet en ébullition la fosse. Après deux ans sans avoir tourné et une Maroquinerie presque en famille, on sent le groupe euphorique de retrouver la scène. La réciproque est vraie pour le public, qui ne cesse d’acclamer, scander les paroles, hurler des “Merci !” ou de chanter “Happy Birthday” au chanteur, qui a fêté ses trente ans la veille. Bref, l’énergie n’est que positive et bienveillante.

Holy fire

Le hasard fait qu’une montée subite de la température dans la salle se produit sur la bien nommée “Fire”. L’embrasement du public est alors total. Même lorsqu’on ne participe pas aux moshpits et qu’on ne fait que headbanger à l’envi, les effets de la chaleur se font ressentir. Serait-ce donc cela l’effet Last Train ? Car sur scène, les quatre amis semblent tout aussi dégoulinants de sueur que les plus fervents de leurs spectateurs. Voire plus. Jean-Noël Scherrer semble habité d’une flamme inextinguible. Les petites attentions, fugaces, entre les membres du groupe ajoutent à cette ambiance chaleureuse et enflammée.

Pendant plus d’une heure et demie, le groupe assène coup sur coup, fouillant dans sa discographie pour en extraire ses morceaux les plus iconiques (“Fire”, “Disappointed”, “On Our Knees”, “How Did We Get There?” ou encore “Leaving You Now” tiré de l’EP The Holy Family). Bien sûr, l’auditoire a droit à quelques nouveaux morceaux du prochain album, III. “Home” en ouverture, donc, mais aussi le fiévreux “The Plan” et “I Hate You”, longue diatribe lourde, sombre et colossale. On regrette presque de ne pas avoir eu un autre avant-goût, mais ce serait peut-être trop gourmand.

Alors que vient le rappel, on se rend compte que nous étions dans une bulle hors du temps. Déjà ? Oui, déjà. Le groupe en profite pour servir l’un de ses chefs-d’œuvre, “The Big Picture”, déjà demandé par des éclats de voix quelques minutes auparavant. Dans l’assemblée comme sur scène, on ne sait pas distinguer la sueur des larmes, mais cela n’a que peu d’importance. L’émotion est là, tout le monde le ressent. Qu’est-ce que ça fait du bien d’être de retour.


Les lumières se rallument après ce final cathartique. À la fin, il ne reste qu’une seule chose en tête : l’envie d’y retourner sans attendre. Chanceux sont ceux qui ont réussi à avoir un ticket pour plus d’une date. Et surtout, bordel, vivement l’album.

Last Train Setlist La Boule Noire, Paris, France 2024, Europe Tour 2025

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Corentin Vilsalmon
J'aime la musique, j'aime écrire, pourquoi ne pas allier les deux ?