Hollywood Undead, groupe emblématique de rap rock originaire de Los Angeles, continue de séduire les foules avec son mélange explosif de rap, rock et metal. Avant leur performance en première partie de Falling In Reverse à l’Accor Arena, nous avons rencontré J-Dog et Charlie Scene, deux piliers du groupe. J-Dog, co-fondateur, est le moteur créatif, apportant puissance et sincérité à leurs morceaux. Charlie Scene, avec son charisme et son flow percutant, incarne l’énergie provocante et l’humour qui définissent leur style.
Comment ça va ce soir ?
J-Dog (chant/guitare) : Bien, je suis excité. C’est une salle comble et elle est grande !
La dernière fois qu’on vous a vus en France, c’était au Hellfest, et vous avez joué du Rammstein. C’était surprenant pour un groupe américain. Comment vous est venue cette idée ?
J-Dog : On a toujours aimé Rammstein. On les écoute depuis longtemps. Mais à ce moment-là, il y avait pas mal de controverses autour d’eux, alors beaucoup de gens nous disaient : “Ne jouez pas ça.” Et on l’a quand même joué. On le fait surtout en Europe, pas vraiment en Amérique.
Charlie Scene (chant/guitare) : On adore Rammstein.
Mais venant d’un groupe américain, c’est vraiment la dernière chose à laquelle on s’attendait.
J-Dog : Oui, c’est vrai.
Charlie : Et ce soir, on va faire quoi déjà ? Ah oui, “Sweet Caroline”. Neil Diamond.
J-Dog : On fait ça parce que c’est aussi un choc. Personne ne s’attend à ce qu’Hollywood Undead joue ça.
Et ce soir, vous allez jouer votre dernier single “Hollywood Forever”. Qu’est-ce que ça fait de jouer ce morceau en live ? C’est un titre vraiment personnel pour vous non ?
J-Dog : C’est fun. C’est génial. C’est compliqué, car pour certains de nos fans, la chanson leur parle vraiment. Mais pour les gens qui ne connaissent pas la chanson, c’est un peu différent, parce qu’elle est plus lente. Tu vois ce que je veux dire ? C’est parfois difficile à jouer. Elle touche beaucoup de gens, mais ceux qui ne la connaissent pas… voilà. Par contre, ceux qui la connaissent réagissent très émotionnellement pendant la chanson.
Charlie : Et c’est super. Tu peux voir que cette chanson signifie beaucoup pour eux, autant qu’elle compte pour nous.
Surtout dans le premier couplet, quand tu dis que ta musique peut sauver des vies et que tu es très reconnaissant.
J-Dog : Hier soir, il y avait une fille dans le public. Elle a écrit sur son téléphone pendant une chanson : “Vous m’avez sauvé la vie.” Elle disait en gros : “Je suis l’enfant que vous avez sauvé.” C’était vraiment cool.
Qu’est-ce que ça vous fait ? Est-ce que c’est intentionnel ? Est-ce que c’est quelque chose qui vous motive dans votre musique, le fait de connecter avec vos fans et de savoir que vous avez un impact sur leurs vies ?
J-Dog : Oui, absolument, surtout avec cette chanson-là. Pour les autres morceaux, on les écrit souvent pour nous-mêmes et on espère que les gens les apprécieront ou s’y connecteront, même si ce n’est pas pour les mêmes raisons que nous. Mais ce titre, on l’a créé spécifiquement pour remercier nos fans.
Je ne connais pas d’autre groupe qui ait écrit une chanson juste pour ses fans, pour les remercier et leur faire savoir qu’ils comptent. Avec cette chanson, quand quelqu’un dit que notre musique a sauvé sa vie, on sent que c’est sincère. Avant, on se demandait parfois si c’était juste une phrase en l’air. Mais après cette chanson, on rencontre des gens avec les larmes aux yeux, et on sait qu’ils le pensent vraiment.
Et vous, quand vous étiez enfants, y avait-il des groupes ou des musiques qui vous ont aidés ou qui vous ont marqué de cette façon ?
Charlie : On était des gamins un peu fous. Rien ne nous importait vraiment.
J-Dog : Quand j’étais enfant, je n’étais pas émotionnel. On faisait la fête, beaucoup de skate et encore plus de fêtes. On faisait des soirées alors qu’on n’aurait pas dû à cet âge-là.
C’était dû à un manque de supervision parentale ?
J-Dog : Oui, sa mère quittait la ville. Elle partait pendant deux mois à chaque fois. Alors, il organisait des fêtes pendant deux mois non-stop.
Charlie : On appelait ça “l’été de l’amour“.
C’est pour ça que vous êtes tous si proches. C’est une forme de compensation du manque d’unité familiale ?
Charlie : Oui c’est tout à fait ça. On a créé notre propre famille. On a tissé des liens forts. On se connaît depuis environ trente ans maintenant.
J-Dog : Non moi en fait j’étais en vacances avec sa mère, j’étais pas si proches d’eux. (rires)
Dans votre chanson, vous parlez aussi de prendre des médicaments, de problèmes de santé mentale, et de moments difficiles. Est-ce que c’est quelque chose que vous vivez réellement ?
Charlie : Oui, tous les jours.
J-Dog : Tous les jours. À la fin de la journée, on reste humain, et ça ne change rien. Vous pouvez jouer dans une salle comble et vous réveiller le lendemain en étant déprimé. Vous ne savez pas pourquoi. C’est ça, la réalité. Vous pensez avoir tout ce que vous voulez, et pourtant, vous ne comprenez pas pourquoi vous vous sentez comme ça. C’est la vérité. L’autre jour, je me suis réveillé triste. Et il (Charlie) a dit : “Je ne suis pas heureux.” Et moi, je me suis dit : “Merde, moi non plus.” C’est juste ça, être humain. Ça ne sert à rien de le cacher, à mon avis. Autant être honnête avec soi-même. Et en étant honnête dans votre musique, les gens apprécient cette sincérité. Ils se disent : “Oh, moi aussi, je ressens ça.“
Charlie : Et c’est pour ça que ça connecte avec les gens. Je pense que c’est l’essentiel. Vous devez être très honnête et authentique dans tout ce que vous faites.
C’est quelque chose qui se ressent quand vous êtes sur scène. Ce qui est unique, c’est que tout le monde chante à tour de rôle et joue aussi. Il y a une sorte de dynamique circulaire. Mais en même temps, on sent une vraie complicité entre vous. Et c’est quelque chose qui ne transparaît pas toujours autant sur un disque. Mais sur scène, c’est indéniable.
J-Dog : Oui. On est tous des meilleurs amis. On se connaît depuis toujours. Nos parents se connaissent. Nos mères vivent ensemble en ce moment.
Charlie : On a même dû passer Thanksgiving ensemble, la plaie…
J-Dog : Ça m’a vraiment énervé. (rires) Mais on est tous très proches. Sur scène, les gens nous voient discuter, rigoler et déconner ensemble. Je pense que ça plaît aux gens. Ils se disent : “Oh, ils s’aiment vraiment.” Beaucoup de groupes se détestent. Mais ce n’est pas notre cas.
Comment vous faites pour composer ensemble ? Vous vous connaissez depuis si longtemps, comment trouvez-vous encore de la motivation ?
Charlie : Plus on avance, plus on met notre ego de côté.
J-Dog : Avant, on se disputait beaucoup plus parce qu’on était jeunes. Chacun voulait être au premier plan, dire : “C’est moi qui dois être là, devant.” Mais maintenant, on s’en fiche un peu plus. Je pense qu’on s’entend mieux aujourd’hui qu’il y a cinq ou dix ans. Et c’est ça qui fait la différence : laisser tomber l’ego.
C’est une question de maturité.
Charlie : Oui, exactement. Vieillir, ça aide.
J-Dog : Ça aide vraiment et j’aime ça. C’est bien plus amusant maintenant.
Est-ce que vous avez un nouvel album en préparation ?
J-Dog : Non. Le problème avec la musique aujourd’hui, c’est que tout va trop vite. Il y a trop de trucs sur Internet, tout vous saute au visage. Alors on a décidé de sortir une chanson à la fois. C’est ce que font beaucoup de groupes. Les anciens groupes disent : “On ne sort plus de nouveaux albums.” Beaucoup ne sortent plus rien parce qu’ils se disent : “Nos fans s’en fichent, ils veulent écouter les vieux morceaux.“
Charlie : On va sortir une chanson à la fois. Il y a des chansons qu’on a écrites et qu’on considère comme des chefs-d’œuvre, mais elles finissent en dixième position sur un album, et personne ne les entend à cause de la faible capacité d’attention du public. Vous pouvez sortir une chanson, investir derrière pour qu’elle soit bien mise en avant, et tout le monde l’entend. Ou vous sortez un album, et les gens ne l’écoutent pas.
J-Dog : Le monde a changé. Ce n’est plus pareil. J’adorerais enregistrer un album, mais c’est cher, ça prend du temps, et personne ne l’écoute. Donc, pas d’album. On va prendre notre temps pour sortir des singles, et s’assurer qu’ils soient vraiment bons avant de les partager. Parce que parfois, quand vous faites un album de dix chansons, vous ajoutez des trucs pas forcément à 100 % aboutis. Ou alors, vous pensez qu’un morceau est incroyable, et au final, il ne se passe rien.
Donc, on peut s’attendre à moins de chansons, mais de meilleure qualité.
Charlie : Oui. Mais il y aura toujours un flux constant de chansons. Quand vous sortez un album, vous le publiez, vous partez en tournée pendant un an et demi, puis vous revenez pour enregistrer un nouvel album et le sortir. Mais de cette manière, les fans auront une nouvelle chanson tous les deux ou trois mois. Quelque chose comme ça.
J-Dog : Et tu as raison. Moins de chansons, mais de meilleures chansons.
C’est comme ça que l’on consomme aujourd’hui. Par exemple, sur Netflix, vous binge-watchez toute une série d’un coup, puis vous attendez un an. Mais vous n’appréciez pas vraiment la qualité de la production.
J-Dog : Oui, c’est exactement ça.
Charlie : Avec une chanson isolée, vous avez le temps de l’écouter vraiment et de créer une connexion avec elle.
J-Dog : On a de grandes chansons prévues, qui, je pense, changeront la trajectoire de notre groupe. Je crois qu’on en a vraiment d’excellentes. Et puis, s’il pouvait se payer de vraies chaussures…. (ndlr : Charlie porte des pantoufles)
Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?
Charlie : Tom Petty. (ndlr : il porte un T-shirt Tom Petty).
J-Dog : Attends, je vais regarder sur mon Spotify. Je viens d’écouter la nouvelle chanson de Post Malone avec Chris Stapleton. Je l’ai trouvée incroyable. C’est tellement bon. C’est rare qu’une chanson me plaise dès la première écoute. Elle s’appelle “California Sober.”
Et elle a “California” dans le titre.
Charlie : Oui, je l’ai entendue. J’aime vraiment celle-là. Lui et moi, on écoute beaucoup de country, tous les deux.
J-Dog : J’écoute pas mal un artiste qui s’appelle Zach Bryan. Il est américain. Ma fille m’a fait découvrir TV Girl. Ils sont énormes. Vraiment énormes. Elle les adore. Je ne sais pas combien ils ont en stream mais c’est genre vingt-trois millions d’auditeurs par mois. Donc, oui.
Est-ce qu’on peut s’attendre à une chanson country de Hollywood Undead ?
J-Dog : Ah oui !
Charlie : Oui, je pense qu’on pourrait. C’est un des avantages d’être dans notre groupe. On peut sortir des morceaux dans n’importe quel genre. Et ça aurait quand même du sens. Donc, oui, je dirais qu’éventuellement, ça arrivera. Lui et moi, on est assez “country” en vrai. On ne le montre juste pas, tu sais.
Et le reste du groupe ?
Charlie : Ce sont des losers. (rires)
Mais vous écoutez aussi du rap ou c’est juste un style que vous utilisez pour vous exprimer ?
J-Dog : Oh non, on écoute aussi du rap. On écoute beaucoup de Juvenile, par exemple. Pour nos meet and greets, on choisit un artiste à faire jouer, et la dernière fois, c’était tout du Juvenile. J’ai grandi en l’écoutant.
Charlie : On est en train de faire un remix avec un artiste américain. Il s’appelle Lefty Gunplay. C’est un rappeur. Il est assez connu en Californie. Mais oui, on écoute vraiment de tout parce que ça nous permet d’aller plus loin et d’élargir le monde musical.
J-Dog : C’est ce qui nous pousse à rester sur le qui-vive, parce que personne ne peut nous arrêter. Pourquoi écrire une chanson sur faire la fête, puis une autre sur la dépression ? Eh bien, parce que j’ai fait la fête hier soir. Et maintenant, je suis déprimé. Deux émotions totalement différentes. Ça m’étonne que plus de groupes ne fassent pas ça, honnêtement.
La nouvelle génération parle beaucoup de santé mentale.
J-Dog : Ils ont une approche différente, tu sais, c’est très différent de ce qu’on voyait au début avec Linkin Park, par exemple. Tous ces groupes étaient très déprimés. Et nos pères ne parlaient jamais de ce genre de choses.
Charlie : On nous a appris à ne pas montrer de faiblesse. Si tu montrais de la faiblesse, tu étais considéré comme un lâche. C’était un peu ça, notre génération. Je pense que c’est pour ça que notre approche fonctionne.
Votre dernier album semblait un peu plus autobiographique. On dirait que vous êtes plus à l’aise avec ce que vous ressentez et la façon de l’exprimer.
J-Dog : Totalement.
C’est aussi un peu plus critique, un peu plus politique. Est-ce que c’est quelque chose que vous allez explorer davantage à l’avenir ?
Charlie : C’est sûr. On parle surtout de ce qu’on vit en ce moment. Donc, forcément, ça change tout le temps. Avec chaque album, on est dans une période différente de notre vie, avec des ressentis différents. Donc, oui, l’idée, c’est juste de rester authentique et honnête. Et je pense que c’est ça, la meilleure musique.
J-Dog : Politique ? On ne veut pas aller dans cette direction. Je n’aime pas quand les groupes font ça. Tu vois ce que je veux dire ? Si toute ta carrière est basée là-dessus, alors OK, c’est cool.
Charlie : Si tu es Rage Against the Machine ça va. Mais quand les groupes ou les acteurs parlent de politique, je n’aime pas ça. Quand les musiciens parlent de politique, je n’aime pas non plus.
Mais pourtant il y a un aspect politique dans ce que vous faites. il ne s’agit pas de dire aux gens quoi faire mais vous abordez des thèmes comme les sans-abris ou le coût de la vie qui sont engagés. Peut-être juste parce que ça vous touche personnellement ?
J-Dog : Oui, c’est quelque chose que j’ai vécu personnellement. Beaucoup de gens parlent de politique, mais c’est juste ce qu’ils ressentent. Quand je vis quelque chose directement, comme il l’a dit, on va en parler. Parce que je l’ai vraiment vécu. Si je traverse quelque chose, je vais en parler. On nous a dit de ne pas le faire. Notre manager disait : “Ne le faites pas, ne le faites pas.” Tu te souviens ? Ian disait : “Ne le faites pas.“
Et pourquoi ?
Charlie : Il pensait que ça donnerait une mauvaise image et que les gens allaient être en colère contre nous. Mais j’ai dit : “On le fait quand même.“
J-Dog : On ne sera jamais censurés. Vive la révolution ! Je pense que tant que vous êtes très honnêtes et que vous exprimez ce que vous ressentez vraiment, personne ne pourra vous en vouloir.
Charlie : Mais il y a toujours un bureaucrate en costume pour essayer de nous dire quoi faire.
C’est pour ça que vous avez signé avec un nouveau label ?
Charlie : Oui. Le nouveau label est génial pour l’instant, il est vraiment cool. Ils travaillent avec Bad Omens.
J-Dog : Le patron est génial, il est comme nous. C’est un gars sympa. Il est vraiment cool et il est excité de travailler avec nous, et nous aussi on est ravis de travailler avec lui.
Vous lui avez dit que vous alliez faire seulement quelques chansons ?
J-Dog : Il est d’accord avec ça. Ça lui convient, et ça marche pour nous.
Quelles sont les prochaines étapes pour vous dans un futur proche ? Une tournée avec Falling In Reverse ?
Charlie : Oui, on part en Australie avec Falling In Reverse, et on fait une tournée avec Tech N9ne au printemps. Ensuite, pour l’été, on ne sait pas encore, mais on sortira probablement quelques nouvelles chansons d’ici là. Donc, c’est la nouvelle musique et les tournées : Australie et États-Unis. Voilà.
C’est super. Et avec Tech N9ne, ça marche bien avec le public.
Charlie : Oh oui, totalement. Ils adorent. On a déjà tourné avec lui, et c’était génial. Presque tous les concerts étaient complets, donc, franchement, c’est super.
Et comment c’est de tourner avec Falling In Reverse ?
J-Dog : C’est cool. On connaît Ronnie depuis environ quinze ans. On le connaît depuis longtemps, donc c’est sympa.
Charlie : J’aime bien, parce que, selon moi, c’est l’une des plus grandes rockstars actuelles. Si tu regardes les noms, comme Billie Eilish, blink-182, les plus grands artistes au monde jouent dans des salles comme celle-ci. Et ce soir, c’est complet.
J-Dog : Et c’est cool de voir une nouvelle rock star émerger. Parce que le rock revient maintenant, et c’est comme une nouvelle star dans ce genre musical. C’est super. Surtout qu’il fait exactement le même genre que nous : un mélange de rap, de rock et de metal. Donc, c’est bon pour nous.
Dernière question : notre média s’appelle RockUrLife. Alors, qu’est-ce qui rock votre life ?
J-Dog : Hum. Une bonne baguette et une tasse de café. Oui, oui.
Charlie : Un shot, une bière, et une guitare, et Johnny Cash. (rires)
Site web : hollywoodundead.com
Merci pour cet interview 😁 très bien réalisée et intéressante !