Pinhead Gunpowder – Unt

Formé en 1991, Pinhead Gunpowder a toujours représenté le terrain de jeu de Billie Joe Armstrong, épaulé par Aaron Cometbus, Jason White et Bill Schneider. Après quatorze ans d’absence en studio – le dernier album remontant à Compulsive Disclosure (2010) – Unt marque un retour attendu mais discret du quatuor. Une œuvre qui, comme toujours avec ce side project, semble taillée pour un public de puristes du genre.

Avec quatorze morceaux en seulement trente-deux minutes, Unt est un véritable concentré d’énergie punk. Chaque titre frappe comme une onde de choc, sans jamais s’encombrer de fioritures. Ce format express, fidèle aux codes du genre, donne au disque une impression de spontanéité presque viscérale, où chaque note semble jouée dans l’urgence.

Les morceaux s’enchaînent à un rythme effréné, portés par une énergie brute qui rappelle les grandes heures du punk californien. Entre le titre éponyme “Unt”, l’énergique “Difficult But Not Impossible” et le percutant “Scum Of The Earth”, le quatuor démarre en trombe. À noter que “Scum Of The Earth” semble presque être un clin d’œil aux débuts de Green Day, notamment au son cultivé par le trio dans l’album 1,039/Smoothed Out Slappy Hours (1991).

Des morceaux comme “Shine” et “Chowchilla” incarnent parfaitement cette énergie brute et directe, capturant l’essence même de ce qu’on attend de Pinhead Gunpowder. Ces titres illustrent les capacités musicales de la formation dans sa version la plus efficace. Affichant parfois une inclinaison plus pop que véritablement punk, la formation flirte par moments avec un son presque pop punk, notamment sur des morceaux comme “Oh My” et “Hola Canada!”.

Trop ancré dans les fondamentaux ?

Si Unt incarne une célébration du punk dans son essence la plus pure, c’est aussi là que réside sa principale limite. L’ensemble, bien qu’efficace, reste très fidèle aux codes classiques du genre, au point d’en devenir un peu trop prévisible. On sent que le groupe a misé sur un retour nostalgique, évitant toute prise de risque ou expérimentation audacieuse.

On pourrait se demander si, pour un projet “secondaire” de Billie Joe Armstrong, l’occasion n’aurait pas été parfaite pour bousculer un peu les attentes. Pinhead Gunpowder s’est souvent défini comme un espace d’expérimentation. Mais ici, le groupe se contente d’une approche familière, presque sécurisante. Une stratégie qui plaira sans doute aux fans de la première heure, mais qui pourrait laisser sur leur faim ceux en quête de nouveauté.

Unt est, sans aucun doute, une œuvre sincère et authentique, fidèle à l’identité de Pinhead Gunpowder. C’est un album fait pour les puristes, ceux qui cherchent avant tout une dose de musique brute sans artifices ni prétention. En ce sens, il remplit le contrat. Cependant, en 2024, et après une si longue absence, on aurait pu espérer un disque plus audacieux, capable de redéfinir ce que signifie être un “side project” à une époque où le punk lui-même évolue à vitesse grand V.

Finalement, Unt est un album que chacun jugera selon ses attentes : une célébration intemporelle ou une opportunité manquée. À vous de trancher.